Philippe Couillard est un ancien ministre québécois de la Santé. Il mène présentement dans la course au leadership du Parti Libéral du Québec. Nous reproduisons deux textes qui s’attardent aux implications de ses relations étroites avec l’Arabie saoudite.
The Guardian (15 février 2008) : «Selon des documents qui ont été dévoilés en cour hier, il appert que les dirigeants de l’Arabie saoudite ont menacé de faciliter des attaques terroristes contre Londres si les autorités britanniques ne mettaient pas fin à des enquêtes sur des ventes d’armes les impliquant.» (…)
«Le prince Bandar, chef du Conseil saoudien de la sécurité nationale, a été identifié en cour comme celui qui avait menacé de ne pas dévoiler les informations qu’il détenait au sujet de militants prêts à mener des attentats-suicide.»
Philippe Couillard est un ancien ministre québécois de la Santé. Il mène présentement dans la course au leadership du Parti Libéral du Québec. Nous reproduisons deux textes qui s’attardent aux implications de ses relations étroites avec l’Arabie saoudite.
En novembre 2011, Point de Bascule a consacré deux articles pour expliquer combien il était inapproprié que Philippe Couillard, conseiller d’un régime qui finance le terrorisme et qui tente d’imposer la charia à travers le monde, soit également membre de l’organisme qui supervise le travail du SCRS, l’organisme de contre-espionnage canadien.
Point de Bascule (21 novembre 2011) : Philippe Couillard : conseiller de l’Arabie saoudite et membre du comité de surveillance du SCRS
Point de Bascule (23 novembre 2011) : Canada – Arabie saoudite : Deux exemples de situations qui rendent inappropriée la participation du Dr. Philippe Couillard à la surveillance du SCRS
Le sheik Couillard
Le blogue de Lise Ravary
Journal de Montréal
14 janvier 2013
L’engouement pour la candidature de Philippe Couillard à la tête du PLQ ne cesse de grandir. Il parle bien, il est cultivé, brillant, c’est un homme du monde, il n’a pas été un pire ministre de la Santé que les autres, pas vraiment meillleur non plus, mais des questions importantes à son sujet restent sans réponses claires: Quels ont été ses liens avec le docteur Porter et surtout avec le gouvernement de l’Arabie saoudite. Il n’a jamais caché ses relations d’affaires avec ce pays aux mœurs médiévales, mais des questions d’éthique en agacent plusieurs à ce jour.
Je ne m’explique pas comment un médecin québécois peut devenir consultant sur la santé auprès d’un gouvernement qui a une bien drôle de vision de l’intégrité physique et du serment d’Hippocrate. Un pays où l’on coupe la main des voleurs. Un pays où l’excision est encore pratiquée. Où les hommes et les femmes sont fouettés en public, pour un oui ou pour un non. Où la lapidation est chose courante. Où on coupe la tête des apostats.
Il y a quelques années, le journal de gauche The Guardian nous apprenait qu’un hôpital saoudien avait accepté de paralyser un homme, en abîmant médicalement sa moelle épinière, sa punition tel que prescrite par la charia pour avoir paralysé un autre homme lors d’une attaque.
J’imagine l’affiche sur la porte: Ministère de la Santé de l’Arabie saoudite, section des châtiments corporels.
Mais ce n’est pas tout. Le docteur Couillard a siégé au comité fédéral chargé de surveiller les activités d’espionnage du SCRS au moment même où il était payé par l’Arabie saoudite en tant que consultant auprès du gouvernement. Difficile de trouver un meilleur exemple d’apparence de conflit d’intérêt. À ce sujet, en novembre 2011, le National Post citait cinq experts du renseignement: ‘les enjeux sont si élevés que la seule apparence d’irrégularité (ou la possibilité accrue qu’elle survienne) est intolérable.’
Ça ne semblait pas déranger le gouvernement Harper. Le docteur Couillard a même été nommé au Conseil privé, le saint des Saints du gouvernement canadien.
La relation entre l’Occident et l’Arabie saoudite, qui a grandi dans le sable des champs de pétrole, est une tache sur notre conscience. Pourquoi ce régime, un des plus barbares et haineux de la planète, n’a pas été mis au banc des nations voyous, comme la Corée du nord, demeure un mystère pour moi. Surtout que nous importons de moins en moins de leur pétrole – mais ici au Québec, on semble préférer ce pétrole de sang au pétrole des sables de l’Alberta. Ou de l’île d’Anticosti. Ou de Gaspé. M’enfin.
Comment oublier que 15 des 19 terroristes impliqués dans l’attentat du 11 septembre étaient saoudiens. Comme ben Laden.
En 2008, l’organisme canadien Ethical Oil, fondé par le coloré journaliste Ezra Levant de Sun News, a voulu diffuser un commercial critique du traitement des femmes en Arabie saoudite à la télévision canadienne. Le gouvernement saoudien, représenté par la firme d’avocats canadienne Norton Rose, a menacé de poursuivre les diffuseurs. Qui ont capitulé.
Philippe Couillard, premier ministre du Québec ? Docteur, j’ai un malaise…
Philippe Couillard, conseiller d’un ministre important de la dictature saoudienne
Patrick Lagacé
La Presse
9 janvier 2013
(EXTRAIT) Prenez l’Arabie saoudite. (Philippe Couillard) a pratiqué la médecine dans ce pays. Il y a conseillé le ministre de la Santé. Mais l’Arabie saoudite est une théocratie islamiste dans la même catégorie obscurantiste que l’Iran, et cela appelle des questions délicates: comment un humaniste comme le bon docteur Couillard a-t-il accepté, un jour, de s’associer à ce pays qui n’envoie pas de femmes aux Jeux olympiques?
«Écoute, c’est plus compliqué que ça», commence par répondre Philippe Couillard, avant de se lancer dans une passionnante explication sociopolitique où s’entrecroisent sa propre affection pour le peuple arabe et ses séjours dans le désert, les tensions entre les autorités civiles et religieuses dans le royaume, et la soif de modernité des milliers de Saoudiens formés à l’étranger, «dont 800 étudiants en médecine au Canada seulement», en ce moment même.
«Il y a un attachement profond, chez moi, qui n’a rien à voir avec une adhésion au système politique. Est-ce que j’adhère à la charia? Voyons donc! Mais quand je vais là-bas, je parle à des gens qui me montrent d’autres facettes que ça. J’ai un attachement pour le peuple. C’est différent de dire que j’ai un attachement pour le pays. Je suis un humaniste et, quand je vais là, je côtoie des gens qui pensent comme moi, qui veulent que leur pays progresse, qui sont convaincus de la nécessité d’éloigner la religion de l’administration de l’État…»
L’écran de fumée? Je ne l’ai pas suffisamment questionné sur son rôle de conseiller du ministre de la Santé, qui est, lui, un rouage de cette dictature.