«Un magazine en langue ourdou écrivait avant l’élection : « Il est de notre devoir de faire respecter la loi islamique et la suprématie de l’Islam au Canada et dans le monde entier, alors votez pour ceux qui semblent favorables à notre agenda ». Les libéraux et le NPD se réclament tous deux des valeurs libérales, mais leur position centre-gauche a été compromise par leur soutien à des communautés religieuses fermées. En encourageant les ghettos religieux au nom du libéralisme, ces partis ne les aident pas à s’intégrer à la société et ils s’aliènent le vote du grand public».
Tahir Aslam Gora est un écrivain et journaliste canadien d’origine pakistanaise vivant à Burlington en Ontario. Il est arrivé au Canada comme réfugié en 1999, sa vie étant menacée au Pakistan en raison de ses critiques du fondamentalisme religieux. Il n’a pas trouvé la sécurité au Canada, où des islamistes continuent de le menacer. Voyez le reportage de la CBC dans notre section vidéo: Intimidation de musulmans par des radicaux au Canada
Gora est éditeur, traducteur (anglais vers ourdu) et écrivain. Il est un supporter acharné de la liberté d’expression, en particulier au sein des communautés musulmanes. Son organisation Independent Muslim Media Network s’emploie à protéger la liberté d’expression d’écrivains comme Salman Rushdie, Taslima Nasreen et Irshad Manji. C’est un islamolucide qui prône une réforme de l’islam. Lisez son texte: L’islam a besoin d’évoluer
Il est membre des Écrivains en exil du PEN International, Canada, et du panel des Journalistes en exil du groupe Journalistes canadiens pour la liberté d’expression.
Traduction de: Parties can only lose by chasing the ethnic vote, par Tahir Aslam Gora, The Hamilton Spectator, le 30 octobre 2008
«Nous devrions voter pour les candidats et les partis qui sont favorables aux musulmans», écrivait un magazine islamique radical publié à Toronto au sujet de la dernière élection fédérale.
«Il est de notre devoir de faire respecter la loi islamique et la suprématie de l’Islam au Canada et dans le monde entier, alors votez pour ceux qui semblent favorables à notre agenda», propose le magazine en langue ourdou dans le paragraphe suivant.
Ces propos révèlent une intention, et une tentative, par certains de nos groupes ethniques d’influencer le processus politique.
Ce magazine, qui a toujours soutenu les Talibans, a analysé la façon dont les électeurs musulmans pourraient faire la différence dans le résultat des élections dans au moins 100 circonscriptions à travers le Canada.
Il importe peu que les éditeurs de ce magazine aient été en mesure de faire une énorme différence. Ce qui importe, c’est qu’en général, nos partis politiques sont très attrayants pour les blocs de votes.
Le magazine a publié une photo du chef néo-démocrate Jack Layton sur la page couverture, le dépeignant comme un leader fort.
Mais les libéraux ont également été considérés comme tout à fait attrayants pour ces électeurs.
Malgré que le magazine ait affirmé à ses lecteurs qu’ils pourraient influencer les résultats dans plus de 100 circonscriptions, les libéraux et les néo-démocrates n’ont remporté ensemble qu’un total de 114 sièges.
Des critiques tiennent le chef libéral Stéphane Dion pour responsable de l’échec historique des libéraux dans cette élection. Mais ce n’est pas seulement le leader, sa taxe sur le carbone ou une mauvaise campagne qui ont conduit à la catastrophe libérale. À mon avis, l’une des principales raisons de l’échec du parti a été sa trop grande insistance au cours de la dernière décennie pour s’attirer le vote des néo-Canadiens et des groupes ethniques, tout en ignorant les électeurs du reste de la population canadienne.
Il semblait parfois que les candidats libéraux portaient plus d’attention aux questions ethniques qu’aux questions d’intérêt national.
Le NPD a amélioré son nombre de sièges au Parlement, passant de 29 en 2006 à 37 aujourd’hui. Mais le NPD n’est pas encore assez fort pour influencer le pays.
D’autre part, les conservateurs ont fait beaucoup de gains. Ce parti semble clairement représenter le grand public.
Les libéraux et le NPD se réclament tous deux des valeurs libérales, mais ils sont trop proches des groupes ethnico-religieux. Leur position centre-gauche a été compromise par leur soutien à certaines communautés religieuses fermées.
Les libéraux et les néo-démocrates devraient comprendre que l’exploitation des votes ethniques ne va ni servir leurs fins, ni aider les communautés ethniques. En encourageant les ghettos religieux au nom du libéralisme, ces partis ne les aident pas à s’intégrer à la société canadienne.
C’est ce genre de politique qui a mis Mustafa Rizvi, le candidat musulman néo-démocrate dans Mississauga-Erindale, dans une situation terrible. Il a reçu plusieurs appels menaçants, l’accusant d’être un traître à l’islam et d’avoir divisé le vote musulman, ce qui, selon ses accusateurs, aurait causé la défaite du député libéral sortant Omar Alghabra, lui aussi un musulman.
Cette tendance n’augure rien de bon pour notre politique.
Les libéraux et les néo-démocrates doivent dénoncer le phénomène des communautés religieuses fermées, et demander qu’elles s’intègrent dans la société laïque canadienne.
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