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Les jeunes s’en foutent
Adresse originale : http://www.journaldemontreal.com/2012/10/22/les-jeunes-sen-foutent
Auteur : Stéphan Dussault
Référence : Journal de Montréal, 23 octobre 2012, p.10
Titre original : Les jeunes s’en foutent
LAUSANNE | SUISSE. La jeune génération de musulmans, celle née en Occident, est beaucoup plus ouverte que celle de leurs parents, assurent les spécialistes rencontrés.
La jeune génération de musulmans du monde occidental est ouverte à l’interdiction de l’abattage rituel, assure professeure et chercheuse à l’Université de Lausanne Christine Rodier, qui a suivi une cinquantaine de familles musulmanes françaises.
«En fait, ils s’en foutent. Ils ne veulent même pas savoir comment la bête est tuée. C’est ce qui me fait penser que l’interdiction d’égorger un animal sans l’avoir d’abord insensibilisé qu’on retrouve en Suisse risque de se répandre dans le reste de l’Occident.»
Une possibilité qui est loin de faire peur à Youssouf Fofana, imam de la mosquée Tuwana, sur la rue Ontario, à Montréal.
«L’abattage rituel n’est pas quelque chose de majeur pour moi, dit-il. Si j’ai la preuve que l’abattage régulier soulage l’animal et que le sang est retiré de la bête, ça me va.»
Égorgé dans la baignoire
« Dans les années 80, il n’était pas rare de voir un nouvel arrivant musulman égorger lui- même son agneau dans sa baignoire, dit en souriant la Française Anne-Marie Brisebarre. La chercheuse s’intéresse depuis 30 ans à ce rituel annuel musulman qu’est la « fête du sacrifice » (Aïd al- Adha), où chaque famille musulmane est invitée à sacrifier un agneau.
«Aujourd’hui, les musulmans nés en France commandent plutôt leur agneau sacrifié sur le web. Ça ne les intéresse plus de le tuer eux-mêmes.»
Des sushis halals
Mais les musulmans veulent quand même manger halal. Cela dit, «ils en ont ras le bol des tajines de leurs parents, précise Christine Rodier. Ils veulent manger chinois, japonais ou français, comme leurs amis non musulmans. » Cette nouvelle génération, plus fortunée que celle de leurs parents, est appelée «beurgeoisie» en France.
C’est pour répondre à cette clientèle qu’est né le site web Paris-halal. Il recense aujourd’hui 400 restaurants halals dans la capitale française. Son fondateur Laurent Quentin, un Français converti à l’islam, a invité le Journal au resto Les enfants terribles, dans le 12e arrondissement, premier resto français halal de Paris. À l’entrée, rien n’indique qu’il s’agit d’un restaurant halal.
« Certains rebroussent chemin quand ils constatent que je ne sers pas d’alcool, mais, quand même, environ 20 % de ma clientèle est non musulmane » , estime le proprio Kamel Saïdi.
D’ailleurs, il f ait de moins en moins de différence entre les musulmans et les autres.
«Notre génération est née en France. Nous ne sommes pas ouverts à la culture française, nous sommes Français!»