«La crise des commissions des droits de la personne au Canada n’est pas une tempête dans un verre d’eau. Stanley Kurtz, Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington a déclaré: «Je ne pense pas qu’il soit exagéré de dire que la plainte contre Mark Steyn est un document totalitaire». Il n’est donc pas exagéré de dire que Ezra Levant et Mark Steyn se battent pour les idéaux de la civilisation occidentale qui, une fois perdus, signaleraient le début de la fin de toutes nos autres libertés. Il faut mettre fin à cette industrie de la fatwa qui est l’arme du djihad furtif contre notre civilisation».
Une chronique courageuse et lucide de Barbara Kay du National Post. La liberté d’expression est l’une des libertés présentement les plus menacées dans le monde, tant dans les pays aux régimes tyranniques que dans les démocraties occidentales. Nous sommes immensément redevables aux journalistes courageux qui se tiennent debout et défendent la liberté de la presse, donc notre liberté à tous. – M. Lebuis et A. Lessard
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Traduction de: Paving the way for ‘soft jihad’, par Barbara Kay, National Post, le 22 juillet 2008
Quand le manifesto séculariste d’Ibn Warraq Pourquoi je ne suis pas un musulman a été publié en 1995, un autre dissident a été déçu d’apprendre que les ayatollahs n’avaient pas demandé sa tête: «c’est un sacrément bon livre, je ne comprends pas pourquoi vous n’avez pas été l’objet d’une fatwa».
Les fatwas des ayatollahs sont tellement pre-11/9. De nos jours, comme les élites libérales se ruent de manière préemptive pour éviter d’être accusées de tolérer «l’islamophobie», les fatwas (elles en ont tout sauf le nom) contre les sacrément bons livres tels que celui de Mark Steyn, America Alone, ne sont pas concoctées dans les mosquées : elles émanent des commissaires des droits de la personne.
Un risque involontaire mais prévisible inhérent aux poursuites contre Ezra Levant et Mark Steyn (ce dernier via le magazine Maclean’s) est le message encourageant qu’elles envoient à des imaginations plus ferventes. Comme Ezra Levant l’a indiqué lundi matin sur son blog, il a reçu des menaces de mort dans un e-mail anonyme: «Ezra, je te tuerai de mes mains».
Bien qu’il s’agisse sans aucun doute d’une menace creuse (les vrais tueurs envoient rarement des préavis), la volonté de l’expéditeur de semer la peur chez Levant et, par extension, chez tous les journalistes, n’est qu’une version plus rudimentaire de l’impulsion derrière les plaintes pour violation des droits de l’homme.
De nombreux Canadiens croient que les commissions des droits de la personne (CDP) au pays sont motivées par des idéaux élevés et sont bien intentionnées. Mais en conspirant pour interdire ce qu’une poignée de musulmans voient comme un «discours haineux», ces bonnes intentions ouvrent la voie à l’enfer du «djihad furtif» à l’échelle mondiale.
Le djihad furtif est graduel et respectueux des lois, mais n’en recherche pas moins autant la domination islamique de l’Occident que son homologue violent. La stratégie du djihad furtif exploite le discours libéral et les faiblesses de notre système juridique pour susciter un sentiment de culpabilité face au phénomène largement mythique de l’«islamophobie».
La liste des discours offensants qui déclenchent des plaintes est longue dans tous les pays occidentaux, et va du trivial à l’existentiel politique: une décoration sur le couvercle d’une glace distribuée par Burger King offense parce qu’elle évoque le script arabe pour Allah. La série 24 de Fox Entertainment présente des Sud-Américains, des Bosniaques, des Allemands et des musulmans comme des terroristes, mais seuls les musulmans se plaignent. Un avocat turc poursuit une équipe de football italien parce que la croix rouge sur leur maillot lui rappelle les Croisades.
Plus alarmant, ce printemps un rapport de l’Organisation de la conférence islamique, qui regroupe 57 pays, a annoncé que les dirigeants des nations musulmanes «envisagent des recours légaux contre ceux qui offensent notre religion ou ses symboles sacrés». Cette offensive a le potentiel de rivaliser avec l’effrayant succès du phénomène du «tourisme du libelle» par lequel des plaideurs musulmans cherchent des juridictions sympathiques pour lancer des fatwas de type CDP contre des auteurs qui critiquent des pratiques islamiques telles que la charia, ou même le terrorisme relié avec certitude à l’islam.
Le cas le plus récent concerne le livre Funding Evil par Rachel Ehrenfeld, directeur du American Center for Democracy et pionnière en matière d’enquêtes sur les réseaux de financement du terrorisme. Elle a prouvé de manière irréfutable que de nombreux réseaux sont basés en Arabie saoudite.
Un cheikh saoudien milliardaire a déposé une poursuite en diffamation en Grande-Bretagne, pays où la vérité n’est pas une défense et où les lois sont favorables au demandeur. Ehrenfeld n’avait pas les fonds pour contester l’action et a perdu par défaut. La décision a nui à sa carrière. Comme le marché britannique leur est désormais fermé et qu’ils craignent une responsabilité civile potentielle, les éditeurs refusent de la publier.
La même chose pourrait arriver à Levant et Steyn si une décision défavorable de la CDP inquiète les éditeurs et distributeurs canadiens. Steyn est actuellement prêt à défendre America Alone dans sa traduction française si une fatwa de type CDP est émise en France – «Et je le ferai dans chaque pays occidental où des intimidateurs qui ne peuvent soutenir des débats libres et ouverts ont plutôt recours au système juridique pour mettre fin au débat».
D’une manière ou d’une autre nous devons tuer dans l’oeuf l’industrie de la fatwa. Commençons par l’abrogation des dispositions législatives qui autorisent les CDP à enquêter sur les publications. Ajoutons à cela des dispositions qui imposent le paiement des frais juridiques et des dommages-intérêts aux plaignants qui cherchent à intimider la presse.
Le Canada devrait également adopter des lois semblables à celle des États-Unis sur les poursuites bâillons, actuellement en vigueur dans 24 États américains, qui interdisent le harcèlement de ceux qui écrivent sur des questions d’«intérêt public», ainsi qu’au Libel Terrorism Protection Act, une loi de l’État de New York qui vise à empêcher le tourisme du libelle.
La crise des CDP n’est pas une tempête dans un verre d’eau. Stanley Kurtz, Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington a déclaré: «Je ne pense pas qu’il soit exagéré de dire que la plainte à la CDP contre Mark Steyn est un document totalitaire».
Il n’est donc pas exagéré de dire que Levant et Steyn se battent pour les idéaux de la civilisation occidentale qui, une fois perdus, signaleraient le début de la fin de toutes nos autres libertés.
Voir aussi:
Québec – Dépôt d’un projet de loi pour favoriser la liberté d’expression
Islamisation du droit occidental : “diffamation” signifie “blasphème”
L’enjeu de Durban II : la liberté d’expression, par Mark Dubowitz, Wall Street Journal
Pour le Conseil des droits de l’Homme, critiquer la charia est islamophobe