Le directeur-adjoint de la Fondation pour la défense des démocraties, Olivier Guitta, explique pourquoi les États-Unis exigent maintenant une vérification d’identité à la frontière Canado-américaine. Il déplore aussi les politiques laxistes du Canada, et en particulier du Québec, en matière d’immigration et d’extradition
Traduction de The Canadian Peril – Why they’re checking passports at the border now, par Olivier Guitta, The Weekly Standard, volume 013, numéro 21, le 11 février 2008
«Des extrémistes islamiques au Canada considèrent la proximité du Canada vers les États-Unis; c’est ce qui fait du Canada une sorte de porte-avions des extrémistes islamistes pour le lancement d’attaques majeures contre les États-Unis.»
— David Harris, ancien chef de la planification stratégique pour le Service canadien du renseignement de sécurité.
Cette déclaration un peu dramatique est tirée d’une interview avec Frontline en mai 2001. La semaine dernière, les États-Unis ont finalement obtenu l’instauration de vérifications d’identité sur leur frontière nord de 5 000 milles faiblement patrouillée. Ces mesures remplacent le vieux système sur l’honneur bien-aimé des voyageurs transfrontaliers réguliers et des aspirants terroristes.
Depuis le 31 janvier, les citoyens américains et canadiens âgés de 20 ans et plus doivent présenter une preuve de citoyenneté et d’identité pour entrer dans le pays. La simple déclaration verbale que l’on est un citoyen canadien ou américain ne suffira plus.
Le US Customs and Border Protection (CBP), un service du Département de la Sécurité intérieure, a du pain sur la planche. En tout juste trois mois l’année dernière, d’octobre à décembre, les agents du CBP ont signalé 1517 cas de personnes arrêtées à la frontière prétendant faussement être des citoyens américains. Et selon un rapport du Government Accountability Office daté de septembre 2007, des enquêteurs ont pu «traverser inaperçus, réussissant à simuler le mouvement transfrontalier de matières radioactives».
La menace n’est pas simplement hypothétique. Non seulement des membres de groupes extrémistes et des suspects recherchés ont trouvé un sympathique havre au Canada, ils l’ont fait à un moment où l’immigration au Canada en provenance de régions exportatrices de la terreur est à la hausse.
La liste des attaques terroristes planifiées ou perpétrées par des personnes qui sont basées au Canada – dont le célèbre «complot du millénaire» dirigé contre l’aéroport international de Los Angeles n’est que la plus célèbre – est déjà considérable. Le complot du millénaire, bien sûr, a été déjoué lorsqu’une garde-frontière vigilante à Port Angeles, Washington, a arrêté un Algérien résident du Canada qui tentait d’entrer aux États-Unis avec de la nitroglycérine et quatre dispositifs de minuterie dissimulés dans un pneu de rechange de sa voiture. Un membre du Groupe islamique armé algérien, Ahmed Ressam purge 22 ans de prison.
Plus récemment, le 18 janvier, un juge de New York a condamné le Canadien Mohammed Jabarah à la prison à vie pour complot en vue de faire exploser les ambassades des États-Unis à Manille et à Singapour en 2001; apparemment son passeport canadien vierge l’a aidé à devenir un agent d’Al Qaida. Le bombardement d’octobre 2002 d’une boîte de nuit à Bali et une attaque par un camion chargé d’une bombe en 1996 à Colombo, capitale du Sri Lanka, avaient également des connexions canadiennes.
Selon Le Figaro, les autorités canadiennes ont récemment confirmé qu’un Libanais palestinien recherché par la France pour son rôle dans le bombardement en 1980 de la synagogue de la rue Copernic, qui a tué 4 personnes et en a blessé 20 autres, se trouve au Canada et a acquis la citoyenneté. Même le dirigeant de la succursale canadienne des Tigres Tamouls, Manickavasagam Suresh, arrêté en 1995 comme une menace pour la sécurité nationale et sous le coup d’une ordonnance d’expulsion, est encore au Canada 13 ans plus tard.
Certaines autorités canadiennes admettent la vulnérabilité créée par leurs lois et leurs politiques laxistes sur des questions comme l’extradition. Un document d’information de juin 2007 sur la lutte antiterroriste par le Service canadien du renseignement de sécurité (une sorte de FBI-CIA combiné) reconnaît, sous la rubrique Canada comme base pour des activités terroristes:
L’ouverture de notre pays et son respect des droits humains le rendent aussi attrayant pour les membres d’organisations terroristes déterminées à utiliser le Canada comme base pour soutenir leurs activités. Des groupes terroristes internationaux ont été actifs au Canada pendant des années, mais, le plus souvent, ils étaient engagés dans l’appui à des activités comme la collecte de fonds ou l’acquisition de matériel et d’équipements. Dans la dernière décennie, la menace a évolué, et les Canadiens et les intérêts canadiens au pays et à l’étranger sont exposés à un risque accru.
Les politiques d’immigration du Canada méritent un examen similaire. En particulier, la province de Québec, en cherchant à augmenter sa population francophone, recrute activement des immigrants d’Afrique du Nord. Quelque 38 000 sont arrivés entre 2002 et 2006. La population musulmane de la province, à seulement 45000 en 1991, est estimée à 200 000 aujourd’hui. L’Algérie et le Maroc – qui connaissent un accroissement durable de la violence de groupes comme Al-Qaida dans le Maghreb islamique – ont ainsi fourni conjointement 17 pour cent des nouveaux arrivants dans la province en 2006. Des sympathisants extrémistes et des terroristes en fuite peuvent facilement entrer en Amérique du Nord comme faisant partie de ce courant.
Malgré cela, des politiques plus sévères aux frontières et en matière d’immigration ne sont pas en elles-mêmes une solution. L’arrestation de 18 personnes d’ici soupçonnées de terrorisme à Toronto, en juin 2006, est la preuve qu’au Canada – comme en Europe – l’extrémisme islamique n’est plus nécessairement importé.
Stewart Bell, National Post, journaliste et auteur du livre Cold Terror: How Canada Nurtures and Exports Terrorism Around the World (2004, mis à jour en 2007), cite un agent non identifié des services de sécurité russes disant à un agent de sécurité de la Gendarmerie royale du Canada: le Canada est la terre des imbéciles confiants. Le message de son voisin du Sud: se méfier.
Olivier Guitta est directeur-adjoint de la Fondation pour la Défense des Démocraties et est le fondateur de la lettre d’information Le Croissant
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