Dans son mémoire à la commission Bouchard-Taylor “Présence musulmane” a préféré adopter un ton polémique, je cite le passage suivant:
«…les mêmes dirigeants occidentaux qui luttaient pour « dévoiler » les femmes musulmanes, s’opposaient au droit de vote des femmes occidentales dans les pays en Europe. Ce « fantasme » occidental continue aujourd’hui en mettant l’accent davantage sur l’interdiction du foulard plutôt que sur l’accès des citoyennes musulmanes à diverses opportunités professionnelles.»
“Présence musulmane” veut nous faire avaler des couleuvres sur le mouvement de libération de la femme. Ce mouvement n’a aucunement été déclenché ou soutenu par les occidentaux: En Égypte il y a eu Qassim Amine un magistrat égyptien d’origine turque, ayant fait des études en France et observé les différences entre la société française et la société égyptienne, il en est venu à la conclusion que seule la libération de la femme pouvait permettre à l’Égypte de progresser il a été l’auteur de deux ouvrages: “La libération de la femme” et “La femme nouvelle”. Houda Shaaraoui a été la première féministe égyptienne, elle s’est battue au départ pour une émancipation bien simple soit le droit pour une femme de ne pas accepter un mari que sa famille cherche à lui imposer, elle a par la suite milité pour que les femmes accèdent à l’instruction y compris l’instruction supérieure. Le poète Hafiz Ibrahim dans le premier vers d’un poème demeuré célèbre a plaidé pour l’instruction des filles: “La mère est une école si elle est instruite, le peuple aura des racines solides pour construire son avenir”. Le dénominateur commun de tous ces gens c’est la lutte contre l’objection des ulémas d’Al Azhar ces derniers fulminaient et s’opposaient aux signes de libération de la femme à savoir le rejet du voile et l’instruction des filles.
Quand “Présence musulmane” affirme que le mouvement féministe dans les pays musulman a été une “lutte” des dirigeants occidentaux pour “dévoiler” les femmes elle ne se contente pas de proférer une énormité, elle cherche à discréditer ce mouvement en l’identifiant à “l’impérialisme” et, par la même occasion, à justifier le programme réactionnaire des islamistes.
“Présence musulmane” fait de la projection quand elle parle de “fantasme” des occidentaux au sujet du voile, s’il y a “fantasme” (délire serait un mot plus exact) c’est bien le fait des islamistes qui imposent aux femmes ce carcan tout en prétendant les “libérer“. Et que dire de cette incapacité d’assumer les conséquences de ses choix? Les islamistes tiennent à exclure leurs femmes en leur imposant le hijab le niqab ou la burka, mais cela ne les empêche pas de protester quand cette exclusion volontaire réduit leurs chances d’accès à l’emploi.
“Présence musulmane” ne souffle mot au sujet des milliers de filles forcées par leur parents à porter le voile, en dissimulant cette réalité elle bénit la tyrannie qui en est responsable, et, par le tapage qu’elle mène sur le “droit” de porter le voile, elle nous sert à la place tout un écran de fumée .
Et bien entendu toute demande farfelue émanant d’obscurantistes religieux devient un droit inaliénable au yeux de “Présence musulmane” et tant mieux si cela permet d’ouvrir des brèches dans les principes d’égalité des sexes et de non discrimination, puisque c’est le but visé. Elle se plaint des médias alors que ce sont les islamistes eux-mêmes qui les convoquent lors de leurs provocations coutumières, particulièrement dans le domaine des sports. Les caméras de télé sont toujours là au bon moment à chaque fois qu’un arbitre juge contraire au règlement le port du voile par des petites filles non pubères, au soccer ou au tae quando.
“Présence musulmane” profite du débat pour insinuer que les québécois vivent une sorte de crise identitaire du fait qu’ils se trouvent confrontés à des musulmanes bien ancrées dans leur identité religieuse et sûres d’elles-mêmes, le problème résiderait donc chez les québécois et non du côté des musulmans. À l’en croire les québécois en se pliant à toutes les demandes possibles et imaginables telles que des piscines séparées et des soins de santé prodigués par des soignants du même sexe que le patient, feraient preuve de confiance en eux-mêmes et dans les valeurs d’égalité et de non discrimination basées sur le sexe! Plus incohérent que ça tu meurs! Et c’est ce genre de logique qui nous est servi le plus sérieusement du monde.
Il ne vient pas à l’esprit de ces gens que ce Québec qui les a accueilli de bonne foi soit justifié de se poser la question s’il est dans son intérêt d’accepter un effritement graduel de ses valeurs en retour d’une hypothétique bonne entente. Ce questionnement démontre non un doute sur son identité mais une maturité collective et une confiance dans cette tradition de consultation populaire que peu de sociétés peuvent se targuer de posséder.
Au reste il est plus commode d’attirer l’attention sur la paille dans l’oeil du voisin, cela permet de justifier la poutre que l’on porte fièrement dans son oeil, si les musulmans avaient si peu de problèmes d’identité pourquoi chercheraient-ils, en cultivant les particularismes, à se distinguer autant des non-musulmans ? Si les musulmans étaient aussi sûrs de la vertu de leurs femmes pourquoi chercheraient-ils à les cacher des regards en les voilant de force, en leur imposant des horaires séparés dans les piscines, en leur interdisant de se laisser examiner par des hommes, en leur interdisant de fréquenter et d’épouser des non-musulmans et en les mariant souvent contre leur gré?
“Présence musulmane” a de toute évidence appris à la bonne école, celle de l’extrême gauche en France, son verbiage pseudo-intellectuel le démontre, il mêle aux affirmations non fondées des accusations gratuites à l’égard de l’adversaire, ce genre de rhétorique ne vise pas l’échange constructif, il transforme le débat en joute oratoire où les arguments comptent moins que les éclats de voix.
“Présence musulmane”, au même titre que les imams salafistes et les islamistes présumés non-violents, ne vise pas l’intégration harmonieuse et l’échange mais l’imposition du programme islamiste. Alors que le Québec parle de valeurs, de droits et d’intégration, les islamistes pensent pouvoir et domination, s’ils ne souffraient pas d’une insécurité pathologique pourquoi chercheraient-ils à affirmer par ces moyens leur “présence musulmane”?