Voici le premier d’une série d’articles qui met en perspective l’enseignement musulman sur Internet. Ce n’est pas tellement en lisant les adversaires de la pensée islamique, mais plutôt les sites musulmans eux-mêmes que l’on peut vraiment se faire une idée précise du fossé idéologique qui existe entre la pensée musulmane traditionnelle [a] et la pensée occidentale.
Le premier site que nous vous proposons de visiter est celui du Centre d’information islamique (CII) [b].
D’entré de jeu, ce site semble des plus modérés. Il dénonce clairement toute violence au nom de l’islam :
« … Nous ne permettrons pas que nos installations et nos ressources communautaires soient utilisées pour inciter à la haine des autres peuples, qu’ils soient des résidents de notre grand pays, ou des enfants d’Adam dans le village Global. Nous aurons une politique de tolérance zéro envers le terrorisme. » [c]
Pourtant, malgré de si belles intentions, ce site encourage le prosélytisme sans aucun ménagement. Sa vision de la prédominance de l’islam sur les autres religions participe à l’intolérance des musulmans envers les non musulmans. L’auteur de ce site, se veut plein de compassion et de douceur, mais son message appartient à une culture qui n’encourage pas la vraie diversité ni l’égalité entre les hommes et les femmes.
Le CII n’hésite pas à remettre en question les croyances autres que musulmanes pour convaincre les non musulmans qu’ils ont le devoir en toute « logique » d’adopter l’islam.
Voici comment il invite les musulmans à parler aux
1 – Athées:
« La clef lorsqu’on parle à des athées est de les ramener aux questions fondamentales. S’ils posent des questions pour faire objections à des détails de l’islam vous pouvez passer la journée à argumenter et terminer dans un cul de sac. Ce que vous devez faire est de leur rappeler la position désespérée d’un athée.
La position de l’athée est en effet désespérée. Le croyant a de l’espoir. Si il y a un Dieu et qu’il y a une vie après la mort, le croyant gagne. Si il n’y a pas de Dieu et aucune vie après la mort, le croyant ne perd rien. D’un autre côté, l’athée perd lourdement si il se réveille et se découvre après la mort. En somme, si il n’y a pas d’au-delà, l’athée et le croyant sont tous les deux saufs. Mais s’il y a un au-delà, l’athée perd. Le seul qui peut perdre est l’athée. » [d]
Le sous-entendu de cet argument est que l’athée va automatiquement en enfer car il ne croit pas en Dieu. On ne reconnaît aucune dignité à l’athée. Un athée digne, respectueux, humain, voir exemplaire, n’en mérite pas pour autant une place respectable dans l’au-delà. Selon le CII, la peur de la punition divine dans l’au-delà, justifie une conversion à l’islam. La peur. Est-ce là la proposition d’une spiritualité authentique?
2 – Juifs et chrétiens :
« Juifs et Chrétiens croient en la Bible, que les chrétiens appellent Ancien Testament. L’Ancien Testament contient des références au prophète Mohammed, sur qui soit la paix et la grâce. Ce livre déclare qu’il est le vrai prophète. Il est donc nécessaire pour le juif et le chrétien de croire que l’islam est vrai. Vous n’avez pas à argumenter les détails de l’islam avec un juif ou un chrétien. S’il pense que l’islam est faux de quelque manière que ce soit, il doit se demander pourquoi la Bible recommande Mohammed si ce dernier enseigne une fausse religion. S’il rejette le prophète Mohammed, il doit donc rejeter sa Bible. S’il rejette sa Bible, il n’est plus un juif ou un chrétien et vous avez gagné le débat. » [d]
Encore une fois, un débat où il y a un gagnant et un perdant. L’auteur de cet argument éloquent consacre ensuite quelques paragraphes à démontrer que l’on parle bien de Mohammed dans la Bible.
Évidemment, les juifs et les chrétiens connaissent moins la Bible que les musulmans, qui eux savent que l’on y parle de Mohammed. [f] Cet argument est calqué sur une ancienne rengaine chrétienne : comme l’ancien testament annonce Jésus (un fait incontestable dans ce point de vu), les juifs devraient reconnaître le Christ. La croyance de l’un domine sur la croyance de l’autre et la rend caduque.
Aussi, s’il se sert de la Bible pour gagner son point, l’auteur n’hésite pas à affirmer que les musulmans n’ont pas à lire la Bible et que chrétiens et juifs doivent adhérer à l’islam en abandonnant leur livre. C’est comme si l’essence de la chrétienté et du judaïsme était invalidée par l’existence même du Coran, comme si une religion devait automatiquement en annuler une autre.
3 – Hindous:
« Lorsqu’ils [des hindous] sont d’accord avec le sens de la discussion [qu’il existe une essence divine], déclarez votre croyance en un unique Dieu invisible créateur des cieux et de la terre. Ensuite demandez à l’hindou de vous parler de ses Dieux. S’il n’est pas tout à fait au courant vous pouvez l’aider à comprendre certains faits au sujet de ses Dieux. Le choix de Dieu [Allah] devrait devenir évident. Quand vous comprendrez ce que les hindous croient au sujet de leurs Dieux vous verrez que le seul choix raisonnable est pour un hindou rationnel de croire en Allah. » [d]
La condescendance de l’auteur pour l’hindouisme est totale. Il ne se donne même pas la peine de faire des petits jeux tordus de logique comme pour l’athéisme et le judaïsme. Cette religion est automatiquement caduque parce que ridicule dans son essence polythéiste.
Alors que les musulmans du CII réclament qu’on leur accorde les bénéfices du relativisme culturel, ils n’offrent pas la réciproque.
Les bien-pensants diront que les non musulmans dénigrent l’islam de la même manière et que ce genre d’attitude en est une de résistance légitime.
Qu’en est-il exactement? Dans le supermarché des religions, la publicité négative n’est pas une norme. La technique de vente no 1 est de vanter les mérites de sa propre religion sans s’évertuer à prouver que celle de l’autre est fautive.
Prenons l’exemple du catholicisme. Une recherche sur le site du mouvement catholique très conservateur qu’est l’Opus Dei ne donne qu’un résultat pour le mot « islam ». Il s’agit d’une entrevue avec Martín Rhonheimer, philosophe politique de l’université pontificale de Rome. Voici ce qu’il dit :
« Ceci est d’un intérêt tout particulier pour l’actualité, car nous nous trouvons confrontés au défi de l’Islam et de sa culture. Dans ce contexte, nous devons défendre les racines chrétiennes de la sécularité moderne, racines qui durant longtemps sont restées ignorées des chrétiens eux-mêmes. » [h]
Nous sommes loin de l’attitude du CII. Il ne s’agit pas de convertir des musulmans en dénigrant l’islam mais de redéfinir le catholicisme en fonction des défis que posent la culture musulmane.
Pour « musulman », on obtient 23 articles avec l’engin de recherche. Trouverons nous un texte qui démolit les musulmans au profit des catholiques? Le témoignage de deux musulmans qui ont vécu dans une résidence de l’Opus Dei en dit long sur ce point:
« Avez-vous senti quelque pression pour vous convertir au catholicisme ? Ou encore des critiques ou un mépris à l’encontre de votre propre foi ?
Timur : Absolument pas !
Alik : Aucune pression, aucune critique et aucun mépris de ma foi ! Votre question me fait même rire.
Kami : Bien que Nideck soit une résidence catholique, je n’ai jamais senti aucun mépris par rapport à ma religion. Tout le monde pouvait pratiquer la sienne en toute liberté. » [i]
Ceci démontre à quel point les plus orthodoxes des croyants catholiques n’appliquent pas une politique négative envers l’islam. Le fait est que l’Église catholique a aboli le prosélytisme avec Vatican II. Depuis, le rapport entre les croyants catholiques et les autres croyants implique le respect. Le CII n’adhère pas à ce principe et fait la promotion d’un islam irrespectueux des croyances des non musulmans.
Tous les chrétiens n’ont pas la même attitude. Certains chrétiens, par exemple des évangélistes, font une publicité négative à l’islam dans l’espoir de gagner des fidèles à la foi chrétienne. Est-ce de bonne guerre? Quelle est la rationnelle des évangélistes? Prosélytisme pour prosélytisme, à vous de choisir. Prenons exemple dans la section suivante des attaques du Dr. Anis Shorrosh, un palestinien évangéliste, qui dénonce la tradition musulmane en ce qui concerne les femmes.
Le Dr. Anis Shorrosh déplore la manière dont les femmes de Mohammed étaient traitées. Selon Shorrosh, celles-ci vivaient captives dans la maison du prophète. Quand on sait à quel point l’exemple du prophète est fondamental dans l’islam, l’accusation du Dr. Shorrosh n’est pas impertinente.
Le CII répond de la manière suivante à ces attaques:
« Le docteur Shorrosh commet une erreur. Premièrement, les femmes du prophète pouvaient sortir pour certains besoins spécifiques tels que mentionnés dans les hadiths authentiques bien que il est vrai qu’elles étaient obligées de rester à la maison sauf quand un tel besoin se manifestait.
Deuxièmement, elle pouvait parler à d’autres femmes face à face. Un rideau ne s’imposait que lorsqu’elles parlaient à des hommes. Ce n’était pas pour garder les femmes captives du prophète mais, comme le Coran le spécifie, pour les garder pures dans leur cœur et dans le cœur des hommes qui leur parlaient. Elles n’étaient pas des captives mais des enseignantes. Les hommes venaient continuellement pour apprendre d’elles l’exemple du prophète. La règle du rideau était seulement en place pour éviter qu’une mauvaise attirance ne se développe entre la professeur et l’étudiant. » [d]
Dans ce passage, le CII reconnaît que les femmes du prophète étaient assignées à résidence sauf dans des cas très précis – visiblement lorsqu’elles n’avaient d’autres choix que de se déplacer à l’extérieur et ce n’était pas la norme. Le CII reconnaît la légitimité de la ségrégation entre les hommes et les femmes. Il existe une femme pure et une femme impure.
La pureté de la femme comme pierre angulaire de la société a été abolie en Occident. Déjà le Christ reconnaissait à la femme adultère et à Marie Madeleine une humanité, on lui pardonnait, elle se repentait. Les lumières ouvraient la porte à la rationnelle de l’égalité entre les êtres humains, peu importe leur sexe ou leur condition. C’est le féminisme moderne qui a fini par assassiner la notion de pureté chez la femme. Aujourd’hui, on ne juge plus une femme selon son degré de pureté. On peut même argumenter que la pureté d’un individu n’est plus un concept en Occident.
Dans l’article Ce que le Coran dit sur la violence domestique, le CII ne cite que les passages du Coran qui incitent au bon traitement d’une épouse. Il ne dit rien du passage qui permet à un homme de discipliner une épouse récalcitrante. Est-ce que l’on peut croire que le CII est implicitement en faveur de ce passage? Le dénoncer irait contre la manière dont ce site défend l’intégralité du Coran et la vie du prophète. Il n’y a aucune tentative pour déclarer que ce passage est caduc devant ces autres passages du Coran. Et si le Coran était si éloquent contre la violence domestique comment expliquer qu’autant d’érudits de l’islam défendent le droit de l’homme à discipliner son épouse?[k]]
La section intitulée Quelques droits donnés aux femmes sous le Coran s’évertue à prouver que la femme jouit d’un statut privilégié. Qu’en Arabie Saoudite, la terre sainte musulmane, la femme soit obligée de porter le voile, ne puisse sortir sans être accompagnée d’un gardien mâle et ne puisse conduire une voiture, n’est pas discuté. Les quelques droits dont la femme jouit sont une concession qui démontre à quel point elle est bien traitée sous l’islam. Cet article se termine avec une explication typique de l’islam traditionnel: l’homme recevant plus de responsabilités que la femme, il est normal qu’il jouisse du pouvoir. C’est ça l’égalité sous l’islam. Autrement dit, la femme musulmane n’est qu’une enfant gâtée dont le mari subit la charge. On nous apprend qu’elle n’est même pas obligée de cuisiner pour son mari qui lui doit lui fournir toit et nourriture!
Certains d’entre vous répondront que l’on ne peut juger un site musulman conçu dans un pays musulman. Une telle pensée est normale sous un régime totalitaire menée par des mollahs tyranniques. Et bien voici l’adresse du CII : 1168 Bloor Street West, Toronto, ON, M6H 1N1 [l]. Dans quelle région de l’Arabie Saoudite se trouve Toronto au juste?
Le président du CII est Shabir Ally. Cet homme détient un B.A. en études religieuses de l’univertisé Laurentienne de Sudbury, une maîtrise en études religieuses de l’université de Toronto, et il complète un doctorat portant sur l’exégèse coranique à l’université de Toronto. Il est aussi président du centre international Dawah de Toronto où il agit comme Imam. Il représente l’islam dans les dialogues interreligieux – vous avez bien lu, celui qui revendique sans aucun respect la conversion des non-musulmans à l’islam représente cette religion dans les dialogues interreligieux. Que fait la communauté musulmane devant le spectacle d’un tel individu? Elle écoute sans doute son émission quotidienne “Let Quran Speak” sur les ondes de Vision TV.
- on oppose la pensée musulmane traditionnelle à une pensée musulmane moderne qui serait représentée par les tenant de la réforme de l’islam. Règle générale, les musulmans réformistes sont persécutés et jugés comme apostats – lire la [déclaration de St-Petersberg->]
- Islamic Information Center en anglais
- [Policy Statement: Zero-Tolerance towards Terrorism-> http://www.islaminfo.com/new/detail.asp?ID=66], 15 juin 2006
- [Tough Questions and Easy Answers-> http://www.islaminfo.com/new/detail.asp?ID=28 ]
- [Tough Questions and Easy Answers-> http://www.islaminfo.com/new/detail.asp?ID=28 ]
- Même si la Bible est interdite de lecture dans de nombreux pays musulmans.
- [Tough Questions and Easy Answers-> http://www.islaminfo.com/new/detail.asp?ID=28 ]
- [L’esprit de l’Opus Dei stimule la sécularité chrétienne->http://fr.opusdei.ca/art.php?p=22430], 20 avril 2007
- [Résidence Nideck : la parole aux non-chrétiens->http://fr.opusdei.ca/art.php?p=21201], 19 janvier 2007
- [Tough Questions and Easy Answers-> http://www.islaminfo.com/new/detail.asp?ID=28 ]
- voir [Moyen Orient – Le droit de battre sa femme->83
- [http://www.islaminfo.com/new/comments.asp->http://www.islaminfo.com/new/comments.asp]