Ce printemps les gens se sentent bien. Selon certains spécialistes, l’indice de bonheur des Québécois a grimpé de plusieurs degrés contrairement à la température qui, elle, a pris la direction opposée. Cette euphorie post commission Bouchard-Taylor n’a rien à voir avec la fin des audiences et encore moins avec le rapport qui tarde à venir. Elle trouve sa source ailleurs, dans un domaine que la rectitude politique et l’autocensure n’ont pas encore envahi : notre sport national, le hockey.
Peut-on dire que les québécois, tannés de se faire traiter de racistes et d’islamophobes, incapables d’afficher leurs valeurs sans se faire traîner dans la boue, se sont repliés dans leur arrière pays où la glace est abondante et le sable est rare? À voir toutes ces autos qui arborent fièrement le drapeau identitaire, on se croirait aux États-Unis aux lendemains du 11 septembre, sauf qu’il ne s’agit ni de la bannière étoilée ni du fleurdelisé, mais de celui bien apolitique quoique éminemment partisan du Canadien de Montréal.
Chassez le naturel il revient au galop, évacuez la fierté par la porte, elle vous revient par la fenêtre. Voilà que les québécois pourront faire étalage bruyamment de leur préférence, de leur parti pris, de leur fierté, de leur force, de leur désir de vaincre, de leur goût de célébrer la victoire, de leur désir de triompher !
D’aucuns diront que les québécois, enchaînés et muselés par leurs élites collaboratrices, incapables d’affronter efficacement l’ennemi intérieur, se trompent de champ de bataille ou, faute de mieux, se contentent d’un défoulement collectif sans conséquences sur ce qu’il est convenu d’appeler hypocritement le « vivre ensemble ».
Certes il est peu probable de voir dans les gradins des imams agiter leur turban d’enthousiasme et encore moins des femmes voilées pousser des youyous à chaque but. La coupe Stanley ce n’est pas le 11 septembre, et le « vivre ensemble » n’implique pas de « célébrer ensemble » un triomphe sportif ou la mort des mécréants.
Le centre Bell n’est pas encore islamisé, la bière y coule à flot, les femmes et les hommes s’y côtoient de très près, les spectateurs s’y expriment sans retenue, la religion y brille par son absence. C’est le lieu idéal où les québécois peuvent se reconnaître et se retrouver, où ils peuvent se sentir chez eux, libres d’être eux-mêmes, dégagés pour quelques heures du carcan de la rectitude politique et de la culpabilisation systématique.
Signes des temps, Kovalev a chaussé les patins du Rocket, les québécois, pas xénophobes pour un sou, applaudissent au talent et se reconnaissent dans les gagnants. Ils adoptent ceux qui, consciemment ou non, épousent leur cause et stimulent leur fierté. Ce qu’ils adoreraient trouver, mais en vain, dans leurs élites et dans leurs hommes politiques, ils le retrouvent quelques fois dans leurs vedettes sportives. Maigre consolation mais consolation tout de même !
Indirectement et même sans en avoir pleinement conscience, les québécois lancent un message à leurs élites, à leurs politiciens et aux faiseurs d’opinion. Ils leur disent leur lassitude et leur dégoût de la médiocrité, des compromissions et du défaitisme, ils dénoncent des règles du jeu délibérément faussées en leur défaveur et le parti pris anti-québécois de l’arbitrage. Les drapeaux qu’ils arborent disent combien ils ont hâte de redevenir eux-mêmes, fiers de ce qu’ils sont et de leurs valeurs.
Voir aussi:
Le Québec est un havre de paix : protégeons-le de l’obscurantisme islamique