De passage en Tunisie, l’imam égyptien Wagdy Ghoneim a fait la promotion de l’excision des jeunes filles lors d’un prêche qu’il a livré à la grande mosquée d’El Ghazala (Tunis) vendredi le 17 février dernier. La presse tunisienne rapporte que son discours «a provoqué la colère d’une grande partie des fidèles, lesquels ont décidé alors de quitter la salle des prières».
De passage en Tunisie à l’invitation d’organisations islamiques locales, l’imam égyptien Wagdy Ghoneim (Ghonim, Ghoniem) a fait la promotion de l’excision des jeunes filles lors d’un prêche qu’il a livré à la grande mosquée d’El Ghazala (Tunis) vendredi le 17 février dernier. La presse tunisienne rapporte que son discours «a provoqué la colère d’une grande partie des fidèles, lesquels ont décidé alors de quitter la salle des prières».
Wagdy Ghoneim est un leader des Frères Musulmans égyptiens. Il a été identifié comme tel en 2010 par le site Ikhwanweb de l’organisation lorsqu’il fut accusé de blanchiment d’argent en compagnie de trois autres dirigeants des Frères en Égypte. Ghoneim était accusé par contumace puisqu’il ne vit plus en Égypte depuis plusieurs années. Il a vécu quelques années aux États-Unis avant d’accepter de quitter volontairement le pays pour avoir violé ses règles d’immigration.
C’est un tweet du journaliste Taïeb Moalla qui a attiré notre attention sur le prêche de Ghoneim favorable à l’excision. Moalla relayait une information parue sur le compte Twitter de @nizouu1, un de ses compatriotes tunisiens. Nous avons reproduit plusieurs tweets de @nizouu1au sujet de la récente visite de Ghoneim en Tunisie à la fin de cet article. Lors d’un arrêt à Sousse dans le nord-est du pays, Ghoneim a déclaré : «La Tunisie a été le premier pays à faire sa révolution, inshallah il sera le premier pays à appliquer la charia».
Dans une fatwa parue en 2006 sur IslamOnLine (Archives PdeB), le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, a justifié l’excision du clitoris dans les termes suivants :
(Traduction PdeB) L’opinion la plus modérée et vraisemblablement la plus correcte favorise la pratique de la circoncision féminine de la façon islamique modérée décrite dans certains des hadiths du prophète – même si l’authenticité de ces hadiths n’est pas confirmée. On rapporte que le Prophète (PBSL) déclara à une sage-femme : «Réduisez la taille du clitoris mais n’excédez pas la limite puisque c’est meilleur pour la santé des femmes et préféré par leur mari». Le hadith indique que la circoncision féminine est meilleure pour la santé des femmes et qu’elle améliore la relation conjugale avec les maris.
La section e4.3 du manuel de charia Umdat al-Salik (La dépendance du voyageur – Reliance of the Traveller) endosse également les mutilations génitales féminines :
e4.3 (Traduction PdeB) La circoncision est obligatoire pour les hommes et les femmes. Pour les hommes, elle consiste à enlever le prépuce du pénis et pour les femmes à enlever le prépuce (bazr en arabe) du clitoris (et non le clitoris lui-même). L’école hanbaliste considère que la circoncision des femmes n’est pas obligatoire mais sunna (recommandée) tandis que l’école hanafiste la considère comme une simple marque de courtoisie envers le mari.
Ce manuel de charia est endossé par l’International Institute of Islamic Thought (IIIT), le principal centre de recherche des Frères Musulmans en Occident. L’IIIT présente ce manuel de charia comme «un ouvrage important pour l’enseignement de la jurisprudence islamique en langue anglaise» et comme «un manuel de référence pour les exégètes».
L’Université al-Azhar d’Égypte, le principal centre de l’islam sunnite, recommande également l’Umdat al-Salik.
En 2010, Point de Bascule a traduit un article d’Ayaan Hirsi Ali qui portait sur les mutilations génitales féminines et produit un article qui s’attardait aux motifs invoqués par des exégètes tels Qaradawi pour les justifier.
Ayaan Hirsi Ali : Pourquoi les médecins américains mutilent-ils les filles?
Point de Bascule : Quand les «savants musulmans» justifient les mutilations génitales féminines
Point de Bascule : L’islam et les mutilations génitales féminines
D’autres positions radicales défendues par Wagdy Ghoneim
En plus de défendre les mutilations génitales féminines prescrites par la charia, Wagdy Ghoneim a exprimé plusieurs autres positions radicales au fil des ans.
Après les succès électoraux récents des Frères Musulmans en Égypte, Ghoneim nia que les chrétiens coptes minoritaires en Égypte aient des droits égaux aux musulmans majoritaires :
Los Angeles Times (11 décembre 2011) : Les succès électoraux des partis islamistes en Égypte inquiètent les coptes (Islamist parties’ electoral success in Egypt has Copts worried)
(Traduction PdeB) Il n’y a rien de tel que la démocratie. La démocratie est contraire à l’islam (Democracy is built on the basis of infidelity). Les Croisés chrétiens sont une minorité et nous ne pouvons jamais mettre les droits de la minorité sur un pied d’égalité avec ceux de la majorité. (…) Comment peuvent-ils demander d’avoir les mêmes droits que nous?
Dans deux sermons présentés en 2010 à al-Aqsa TV, la télévision du Hamas à Gaza, Wagdy Ghoneim rappela les propos du fondateur des Frères Musulmans qui s’enthousiasmait à l’idée que les musulmans découvrent sans cesse de nouvelles façons de mourir pour faire avancer la cause de l’islam :
(Vidéo 1:11 – Traduction PdeB) Le cheikh Hassan al-Banna a déjà dit que nous étions une nation qui excelle à développer un art de la mort. Je vais mourir de toute façon, alors je devrais faire preuve d’imagination et m’assurer que ma mort serve la cause d’Allah. Nous devrions réfléchir à une façon de mourir qui serve la cause d’Allah plutôt que de se faire écraser par une voiture sur l’autoroute. Nous sommes une nation qui excelle à développer un art de la mort. Voilà pourquoi nous terrifions nos ennemis.
(Vidéo 3:04) Nous sommes une nation (oumma) qui mène le jihad et nous devrions guider tout le monde vers cette voie. (…) De nos jours (nos ennemis) qualifient le mujahid (jihadiste) de terroriste. Mes frères, nous prions Allah de devenir des terroristes si la terreur signifie le jihad pour la cause d’Allah.
Sur une note plus légère, Wagdy Gonheim a déclaré sur al-Jazeera en 2010 que ses coreligionnaires passaient trop de temps aux toilettes :
(Traduction PdeB Certains de nos frères apportent des journaux et des magazines aux toilettes. C’est la maison de Satan. De nos jours, certaines personnes amènent même leur ordinateur portatif là-dedans. Ils s’assoient avec leur ordinateur et commencent à consulter des sites internet. Vous devriez sortir de là et faire ce que vous voulez faire après. C’est la maison de Satan. Vous ne devriez pas traîner là. (MEMRI – GMBDR)
Le 4 janvier 2005, Wagdy Ghoneim a accepté de quitter volontairement les États-Unis après que les autorités américaines aient indiqué leur intention de le déporter pour avoir enfreint certaines règles d’immigration. Durant les années qu’il passa aux États-Unis, Ghoneim fut notamment l’imam de l’Islamic Institute of Orange County en Californie. (Los Angeles Times – 30 décembre 2004)
En juillet 2008, le site des Frères Musulmans annonça que Ghoneim avait été expulsé d’Afrique du Sud après trois jours de prison pour avoir séjourné illégalement dans le pays. (IkhwanWeb)
En 2009, le Royaume-Uni a inscrit Ghoneim sur une liste de personnes indésirables parce qu’il avait «cherché à fomenter, justifier ou glorifier la violence terroriste pour appuyer des croyances particulières et pour avoir incité d’autres personnes à commettre des actes terroristes.» (The Guardian – 5 mai 2009)
Wagdy Ghoneim banni du Canada en 1998
En 1998, les autorités de l’immigration ont refusé d’admettre Wagdy Ghoneim au Canada après qu’il leur ait fourni des informations contradictoires sur les motifs de sa venue au pays. Le système informatisé d’Immigration Canada présentait déjà à cette époque Ghoneim comme un membre des Frères Musulmans et du Hamas et les deux organisations comme des organisations terroristes.
Ottawa Citizen (10 janvier 1998) : Visa refusé à un leader religieux égyptien : Ghoniem pourrait être lié au terrorisme, déclarent les responsables de l’immigration (Egyptian religious leader denied Canadian visa: Ghoniem may have terrorist connections, immigration officials say)
(Traduction PdeB) Un Égyptien respecté comme leader religieux et conférencier dans la communauté musulmane internationale pourrait être membre d’une organisation terroriste, a déclaré un porte-parole d’Immigration Canada à Windsor.
Wagdy Ghoniem (Ghoneim) a également fourni des informations contradictoires aux officiers de l’immigration et à un responsable des visas au consulat de Detroit, ce qui explique pourquoi l’entrée au Canada lui a été refusée a déclaré Gérald Bélanger, le responsable des opérations d’Immigration Canada à Windsor.
(…) M. Bélanger a soutenu que les responsables de l’immigration canadienne avaient été justifiés de faire passer la nuit en prison à Ghoniem jusqu’à ce qu’il puisse être interrogé par un membre du SCRS jeudi.
«Notre système informatisé nous dit qu’il est membre des Frères Musulmans et du Hamas», deux organisations terroristes connues, a déclaré M. Bélanger.
(…) M. Ghoniem a déclaré au responsable des visas au consulat canadien qu’il visitait un cousin à Royal Oak (Michigan).
Plus tard, il a dit aux responsables de l’immigration qu’il faisait une tournée de conférences en passant par San Diego, Los Angeles, New York, Washington et Detroit et qu’il s’adressait à des auditoires de 2 000 à 4 000 personnes.
«Quand il y a beaucoup d’informations incompatibles, ça nous est difficile de déterminer si la personne dit la vérité», a déclaré M. Bélanger. C’est en raison des informations contradictoires fournies que M. Ghoniem a été jugé inadmissible et que son visa lui a été retiré.
À l’époque, plusieurs responsables des Frères Musulmans, autant aux États-Unis qu’au Canada avaient protesté contre l’interdiction faite à Ghoneim d’entrer au Canada. Parmi ceux-ci, Faisal Kutty qui, au fil des ans, a occupé différents postes de direction dans des organisations associées aux Frères Musulmans comme CAIR-CAN et Human Concern International et Hussein El-Henawy, un responsable de la section canadienne de la Muslim Arab Youth Association (MAYA).
Fait à signaler : dans son article du Washington Report on Middle East Affairs (mars 1998) consacré à l’interdiction de séjour de Ghoneim au Canada, Faisal Kutty présente ce dernier comme un haut responsable des finances dans le gouvernement égyptien de Moubarak.
Références supplémentaires
Muslim Canadian Congress : Le MCC exhorte Ottawa d’ajouter les Frères musulmans à la liste des organisations terroristes (MCC urges Ottawa to add “Jamaat-e-Islami” and “Muslim Brotherhood” to list of terrorist organizations)
Point de Bascule : Mohamed Zrig : Complice de terroristes et candidat des Frères Musulmans pour représenter le Canada à l’Assemblée constituante tunisienne