Par Tarek Fatah et Farzana Hassan
Les auteurs sont membres du Muslim Canadian Congress, l’une des rares organisations composées de musulmans qui combattent le radicalisme islamique au pays.
Original English version on The National Post via Muslim Canadian Congress
Traduction française de Point de Bascule
Tarek Fatah et Farzana Hassan (National Post – 12 décembre 2007) : The deadly face of Muslim extremism
La mort tragique d’une adolescente de Mississauga (Ontario), vraisemblablement aux mains de son propre père musulman traditionaliste, a envoyé une onde de choc à travers le monde. Les Canadiens sont justifiés de se demander s’il s’agit là d’un symptôme de la montée du fondamentalisme islamique au pays.
Aqsa Parvez, une adolescente de 16 ans, enthousiaste, aimée de ses amis et étudiante à l’école secondaire Applewood Heights, n’essayait que d’être elle-même. Elle n’aspirait qu’à une adolescence normale au sein de la riche mosaïque culturelle canadienne. Son père a été accusé de meurtre, son frère d’entrave à la justice tandis qu’une jeune vie a été étouffée probablement au nom de l’honneur et de l’islam.
Note de Point de Bascule – Le père et le frère d’Aqsa Parvez ont été reconnus coupables de son meurtre en 2010 et condamnés à la prison à vie.
Les musulmans radicaux se considèrent comme responsables en dernier ressort de la conduite des femmes. Cette perspective est enracinée dans l’éthos médiéval, qui traite les femmes comme des non-personnes incapables de décider par elles-mêmes de ce qu’elles portent, où elles vont et ce qu’elles font dans la vie. Si leur conduite est considérée comme contrevenant à cette perspective religieuse austère, elles sont toujours soumises à de mauvais traitements.
Le hijab en particulier est devenu une question épineuse dans les familles musulmanes. Il a presqu’été élevé au rang de de «sixième pilier de l’islam» chez les sectes militantes. Les adolescentes se font souvent sermonner sur les vertus du hijab par les membres de leur famille. Quand les filles ont atteint la puberté, leur conformité est considérée comme étant une exigence religieuse non négociable.
Pourtant, rien de tout cela n’est en fait mandaté par le Coran. Tout en parlant en termes généraux de la modestie dans l’habillement et l’attitude, le Coran n’apporte pas de détails sur cette modestie. Les écritures laissent aussi place à la non-observance des décrets religieux si le milieu ne s’y prête pas.
Le Coran exhorte les parents, les gardiens et les tuteurs des jeunes filles à la compassion. Pourtant, certaines familles font preuve d’une stricte conformité à la doctrine et au dogme, ce qui conduit à la violence, au sectarisme et à l’intolérance d’autres compréhensions de la foi.
Il y a beaucoup de discussion dans la société canadienne sur la liberté religieuse de celles qui choisissent de porter le hijab. Nous entendons relativement peu de choses sur l’oppression des jeunes filles qui font le choix inverse. L’oppression dont elles sont victimes au sein de leur propre communauté, ou même de leur propre famille, est rarement évoquée comme une question de droits humains.
S’ils sont reconnus coupables, le père d’Aqsa et son frère doivent recevoir les peines les plus sévères prévues par la loi. Quant aux membres du clergé et aux imams des mosquées du Canada qui dénigrent constamment les jeunes femmes qui ne portent pas le hijab et les rejettent pour «atteinte à l’islam», ils ont besoin de réfléchir sur les conséquences de leurs sermons.
Prenons, à titre d’exemple, la mosquée de Montréal qui a récemment publié sur son site internet un avertissement insinuant que les jeunes filles enlèvent leur voile sont susceptibles d’être violées et d’avoir des «enfants illégitimes». D’autres risques proférés comprennent «le stress, l’insécurité et la suspicion dans l’esprit des maris» et celui de «d’inciter les jeunes à dévier vers le chemin de la luxure.»
Comme si la menace de viol et la peur des enfants illégitimes ne suffisaient pas, on apprend à des préadolescentes que si elles enlèvent leur voile, elles cessent d’être des musulmanes: «En retirant votre voile, vous avez détruit votre foi. Islam signifie soumission à Allah dans toutes nos actions.» Il ne faut pas s’étonner alors que les jeunes filles canadiennes se retirent de tournois sportifs plutôt que de retirer leur hijab.
Les musulmans ont besoin de s’élever contre ce type de chantage affectif et religieux par des imams qui propagent les programmes concurrents de l’Arabie saoudite et de l’Iran au Canada. La jeune Aqsa Pervez ne reviendra pas à la vie. Mais nous pouvons au moins, à sa mémoire, lancer un défi à ceux dont le message conduit à la rage et à la folie.