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La France limite la production halal
Adresse originale : http://www.journaldemontreal.com/2012/10/20/la-france-limite-la-production
Auteur : Stéphan Dussault
Référence : Journal de Montréal, 21 octobre 2012, p.5
Titre original : La France limite la production
On veut bien contenter musulmans et juifs, mais pas au point où l’abattage rituel devienne la norme.
«L’abattage rituel est une série de règles humaines qu’on fait passer pour des règles divines afin de mieux les faire accepter par les fidèles.»
– Nicolas About, ancien sénateur français
«Le vrai problème c’est l’industrialisation. L’élevage intensif est une catastrophe pour l’animal.»
– Fateh Kimouche fondateur du blogue Al-Kanz
PARIS | Face à une hausse importante de la production de viande halal, certains pays commencent à limiter l’abattage rituel. C’est le cas en France, où une nouvelle loi est entrée en vigueur l’été dernier sans faire de remous, a constaté le Journal dans le cadre de ce reportage qui l’a conduit jusqu’en Europe.
Il y a cinq ans, le gouvernement français a estimé que 49 % des agneaux et 12 % des boeufs abattus le sont à la façon musulmane, alors que cette communauté ne représente que 8 % de la population.
Une enquête exhaustive de l’organisme OEuvre d’assistance aux bêtes d’abattoir concluait plutôt que 28 % des boeufs et 62% des agneaux y sont saignés à froid, sans avoir été d’abord insensibilisés.
Une dérive
Devant cette «dérive», le gouvernement français vient de freiner la production de viande halale.
Confortablement installé dans son bureau parisien bordant la Seine où il a reçu les représentants du Journal, l’ancien sénateur français Nicolas About a la voix posée, mais il ne décolère pas. «Je suis contre l’abattage rituel. Le fait qu’un animal souffre inutilement me
révulse. Je suis médecin. C’est comme si on laissait souffrir un malade. Je suis prêt à faire un compromis, mais là, avec autant de bêtes abattues, on ne parle plus d’une dérogation…»
C’est pourquoi Nicolas About a proposé en 2010 de modifier la loi pour que la quantité d’animaux abattus de façon rituelle se rapproche davantage de la proportion de musulmans en France.
«Les politiciens avaient la trouille. Personne ne voulait discuter de cette proposition de loi. Finalement, j’ai démissionné.»
Deux ans plus tard, ses efforts sont finalement récompensés. Depuis juillet dernier, un décret gouvernemental limite l’abattage rituel en France.
De la fourche à la fourchette
«Maintenant, nous devons veiller à ce que la production soit réservée aux communautés concernées. Ça se fait par des spots checks », explique Ouahrani Redouane, vétérinaire et directeur adjoint, en banlieue de Paris, de la Protection des populations, un organisme gouvernemental d’inspection «de la fourche à la fourchette», comme il se plaît à résumer son travail.
En clair, cela signifie que chaque abattage rituel devra s’accompagner d’une commande correspondante, par exemple d’une boucherie musulmane.
Aurélia Warin-Ramette, biologiste française à l’organisme Protection mondiale des animaux de ferme (PMAF), est satisfaite de ce décret.
«Maintenant, on espère qu’il sera vraiment mis en application. Et ça, ce n’est pas gagné», dit-elle.