La saoudienne Halima Muzaffar critique le système éducatif saoudien qui inculque la peur de la mort aux fillettes. Selon elle, cette « culture de la mort » explique la propagation du terrorisme dans la société saoudienne. Ses articles publiés dans un journal saoudien font littéralement dresser les cheveux sur la tête.
Traduction d’extraits d’articles de Halima Muzaffar publiés en anglais par MEMRI
Dans deux chroniques dans le quotidien saoudien Al-Watan, intitulées What’s Happening in the Girls’ Schools? et Who Will Sound the Warning Bell in the Girls Schools? Halima Muzaffar critique le système éducatif saoudien pour l’utilisation de tactiques de frayeur et pour inculquer la peur de la mort aux jeunes enfants dans le cadre de leur éducation religieuse. Elle affirme que cette «culture de la mort» est la raison de la propagation du terrorisme dans la société saoudienne.
Ce n’est pas la première fois que les Saoudiens protestent contre le système scolaire. Une dépêche spéciale de MEMRI en 2004 se penchait sur la critique en Arabie saoudite concernant l’intense concentration sur le thème de la mort dans les écoles saoudiennes, avec des chroniqueurs, des professeurs d’université et des parents qui discutaient des dommages émotionnels subis par les écoliers à la suite de cette fixation, et appelant le ministère de l’Éducation saoudite à y mettre un terme.
Voici quelques extraits de ces deux chroniques de Mme Muzaffar:
Les écoles de filles inculquent l’extrémisme chez les élèves
Il semble que, pour certains enseignantes, employer des techniques basées sur des exercices stériles et détruire les talents des filles ne suffisent pas … Elles tentent également de détruire leur âme par la peur. Ces enseignantes répandent « la culture de la mort » sans supervision ni contrôle. Peut-être que dans leur ignorance, elles essaient de cette manière d’imprégner leurs leçons d’un message moral … et peut-être qu’elles font cela seulement afin qu’elles puissent inscrire « activités religieuses » dans leurs dossiers personnels, dans l’espoir de recevoir des félicitations spéciales de l’administration.
Mais que ce soit par inadvertance ou intentionnellement, les écoles de filles inculquent l’extrémisme chez les élèves. Les femmes enseignantes extrémistes avec une vision pessimiste utilisent des tactiques de peur dans l’éducation des enfants. Le ministère de l’Éducation et de la culture ne doit pas passer outre.
Pourquoi l’instruction religieuses ne peut-elle pas être administrée sans avoir recours au discours de la peur? Pourquoi le ministère de l’Éducation et de la culture ignore-t-il ces tentatives idéologiques de transformer des fillettes en créatures maladives et sans vie, et d’en faire de futures mères qui seront facilement manipulées par un père, un frère, ou un mari terroriste – parce que dans leurs premières années d’école, elles auront été polluées par des idées de terreur, de mort, et de rejet de ce monde?
Une femme que je connais a remarqué que sa fille de huit ans était bouleversée: elle s’est brusquement mise à mouiller son lit la nuit et souffrait de cauchemars qui la faisaient pleurer. Cela était causé par les histoires racontées par l’un de ses enseignants sur la torture dans la tombe et les anges de destruction maniant le marteau, appelés Munkar et Nakir … et sur l’Ange de la Mort qui n’a pas de repos tant qu’il n’a pas pris les âmes qu’on lui a commandé de prendre, et sur les agonies de la mort subies par ceux qui ont été tièdes dans le respect des commandements religieux. Toutes ces histoires sont destinées à encourager les filles à prier.
Mais ce professeur, et d’autres comme lui, ont oublié que la meilleure façon d’encourager les jeunes filles innocentes et les inciter à faire des choses est de leur inculquer l’amour d’Allah, de Son Paradis, et de Sa miséricorde.
Étant de l’ancienne génération, je me souviens encore de la façon dont les écoles amenaient en classe des femmes dont le travail consistait à laver les corps des morts, les envelopper dans des linceuls, et pleurer sur eux, amenant nos petits yeux à se mouiller de larmes de peur … je n’oublierai jamais comment, au cours de la première année du premier cycle du secondaire, dans le cadre de nos études religieuses, l’administration de l’école avait amené l’une de ces laveuses de corps pour nous parler.
Elle nous a enseigné comment laver le corps de notre mère, de notre sœur, ou d’autres femmes de la famille, dans le cas où nous aurions à le faire dans l’avenir. Elle nous a également raconté les choses terribles qui arrivent aux morts, et a souligné que seules les personnes qui s’étaient entièrement consacrées à la foi étaient épargnées de ces horreurs … Vous pouvez imaginer comment les filles s’évanouissaient et pleuraient – ce qui, malheureusement, était considéré comme étant à l’honneur de la femme qui nous avait fait peur, de sorte que d’autres écoles ont commencé à rivaliser pour ses services.
Cette « culture de la mort » est la principale raison pour laquelle le terrorisme est endossé par notre société
Permettez-moi d’être claire: Nous devons comprendre que cette « culture de la mort » est la principale raison pour laquelle le terrorisme idéologique du takfir [accuser autrui d’hérésie] et différents autres types de terrorisme sont approuvés par notre société. Pour éradiquer ce cancer, nous devons nous attaquer à ses racines – à savoir, l’isolement social des femmes. Nous devons réformer l’éducation des jeunes filles qui deviendront plus tard des femmes, des mères, et des éducatrices – car ce sont elles qui façonneront la prochaine génération. Nous devons cesser d’exploiter leur innocence. Nous avons eu assez de générations de gens fermés d’esprit qui ne savent rien hormis la mort et la perdition.
Dans un article suivant, intitulé Who Will Sound the Warning Bell in the Girls Schools? Muzaffar a écrit que son premier article a suscité de nombreuses réactions de parents qui étaient d’accord avec elle et qui ont ajouté des histoires qui leur sont propres. Elle a dit:
Un lecteur nommé Saleh Al-Salouli m’a dit qu’un jour sa fille est retournée de l’école en état de choc après que l’enseignante les avait forcées à regarder une exécution … Cette histoire devrait alerter les écoles de filles sur l’existence d’un problème, et inciter le Ministère de l’éducation à considérablement resserrer sa supervision des écoles. Car, comment peuvent-ils continuer d’employer une enseignante qui avait montré une exécution dans le cadre du programme d’enseignement pour des petites filles? …
Une lectrice nommée Muna a raconté que sa fille de 12 ans souffrait d’angoisse et de cauchemars depuis qu’elle avait appris de son professeur les supplices de la tombe et les larves qui consomment le corps des morts … Et un lecteur nommé Muhammad a écrit sur la façon dont il a été surpris lorsque sa fille, une élève de 5e année, lui a dit qu’il était interdit de regarder Tom et Jerry à la télévision. Son professeur l’avait ainsi décrété …
Il y a eu aussi des réponses trop dures à rapporter ici. Mais j’exhorte les responsables du ministère de l’Éducation de les lire, car elles reflètent les vues et l’expérience des lecteurs. J’exhorte le ministère à les prendre au sérieux, car elles montrent que les écoles de filles essaient d’exploiter l’innocence des jeunes élèves dans le but de diffuser la culture de la mort et de l’extrémisme.
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