Tout porte à croire que la Deuxième conférence mondiale sur les religions du monde après le 11 septembre 2001 de Montréal tentera de promouvoir la censure des médias et du milieu universitaire quand ils commentent sur la religion. Les Frères Musulmans veulent le beurre et l’argent du beurre. Ils invoquent la liberté de religion pour justifier leur dénigrement d’autres religions tout en cherchant à obtenir la censure de leurs critiques au nom d’un soi-disant droit à ne pas être offensé.
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Le 7 septembre 2011, le Dalaï Lama, Tariq Ramadan et d’autres personnalités prendront la parole à la Deuxième conférence mondiale sur les religions du monde après le 11 septembre 2001. La conférence est organisée à Montréal avec l’active coopération de l’Université McGill et de l’Université de Montréal.
Le mentor de Tariq Ramadan, Youssef Qaradawi, soutient que « Nous entretenons un dialogue avec (les chrétiens) seulement pour trouver des points communs qui serviront de fondements à une action ultérieure ». Dans deux de ses textes, Qaradawi mentionne quatre de ces « actions ultérieures » qui devraient justifier d’amorcer un dialogue interreligieux (Priorities – GMBDR) :
- Améliorer l’image de l’islam;
- Convertir les chrétiens;
- Rallier les chrétiens contre Israël;
- Décourager les leaders chrétiens de supporter d’autres chrétiens impliqués dans des conflits avec les musulmans. Qaradawi mentionne les cas spécifiques du Soudan et des Philippines.
Ces objectifs confirment que le dialogue interreligieux avec les chrétiens est seulement un autre front où Tariq Ramadan et les Frères Musulmans mènent leur jihad idéologique. Ça ne devrait surprendre personne puisque les exégètes endossés par les Frères Musulmans considèrent le christianisme comme une version déformée d’une vérité détenue exclusivement par l’islam, leur « compréhension de l’islam » comme le dit si bien Tariq Ramadan.
En participant à des « activités interreligieuses », les Frères Musulmans visent également à obtenir l’appui de non-musulmans pour censurer leurs critiques. Plusieurs acteurs du monde musulman ont pris des mesures pour faire taire ceux qui critiquent un aspect ou un autre de leur doctrine.
En 1989, c’était l’ayatollah Khomeini qui demanda que Salman Rushdie soit assassiné après avoir écrit son roman Les versets sataniques. À l’époque, plusieurs individus et organisations associés aux Frères Musulmans avaient appuyé la condamnation à mort de Rushdie. La Fondation islamique de Leicester (Royaume-Uni) avait été l’une des toutes premières organisations en Europe à demander que Rushdie soit assassiné. En 1998, Tariq Ramadan a choisi d’étudier à Leicester quand il décida d’améliorer sa connaissance théorique de l’islam. (Le Point [Paris], 28 octobre 2004, p. 162 et The New Frontiers of Jihad: Radical Islam in Europe [Les nouvelles frontières du jihad : l’islam radical en Europe], Alison Pargeter, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2008, p. 2 Google Livres)
Dans une interview diffusée sur les ondes de la BBC en 1989, Yusuf Islam (l’ex-chanteur Cat Stevens) déclara sans ambiguïté que Salman Rushie « méritait de mourir » parce qu’il avait écrit Les versets sataniques (vidéo 0:40). Durant la même interview, on demanda à Yusuf Islam la question suivante : « Participeriez-vous à une manifestation si vous saviez qu’une effigie (de Salman Rushdie) devait être brûlée? ». Yusuf Islam répondit : « J’aurais espéré que ce soit le vrai châtiment (“the real thing”) mais non. Si c’est seulement une effigie, je ne crois pas que je serais suffisamment enthousiasmé (“moved”) pour y aller » (vidéo 2 :00). Dans un article disponible sur son site internet, Tariq Ramadan a considérablement amoindri la portée des propos de Yusuf Islam en appui à la condamnation à mort de Rushdie et il l’a décrit comme un homme engagé « pour l’éducation, la solidarité, l’amour et la paix ».
Une autre tentative d’étouffer la liberté d’expression se répète année après années quand les 57 pays membres de l’Organisation de la coopération islamique font pression sur les pays non-musulmans appartenant aux Nations-Unies afin qu’ils poursuivent leurs citoyens pour blasphème s’ils critiquent l’islam.
Tout porte à croire que la conférence interreligieuse qui se déroulera à Montréal le 7 septembre prochain ne sera qu’une autre tentative de promouvoir ce programme de censure. Dans son premier communiqué de presse émis le 11 mai 2011, le comité organisateur de la conférence de Montréal souligna que la question suivante sera soumise aux participants :
Est-ce que la violation des écritures d’une religion devrait être considérée comme étant équivalente à la violation des écritures de toutes les religions? (GMBDR – Parliament of the World’s Religions)
Avant même que la conférence n’ait eut lieu, la réponse à cette question est déjà disponible dans une Déclaration (articles 12.4 et 12.5) endossée par le comité organisateur de la conférence de Montréal :
12.4 Chacun a le droit que sa religion ne soit pas dénigrée dans les médias ou dans les maisons d’enseignement.
Puisque n’importe quelle critique peut être considérée dénigrante par une personne ou une autre, une telle position mènerait à d’innombrables poursuites légales contre les critiques de l’islam radical si elle devait être adoptée par les autorités canadiennes.
Peu après que GMBDR ait publié le communiqué de presse du 11 mai (incluant la question mentionnée ci-dessus), celui-ci a disparu du site du comité organisateur.
Au Canada, les partenaires de Tariq Ramadan chez les Frères Musulmans disséminent les livres de Syed Maududi et ceux d’autres auteurs qui dénigrent les religions autres que l’islam.
Ils plaident que le christianisme est une religion qui a été déformée. Ils soutiennent que les kafirs (un terme péjoratif qui désigne les non-musulmans) iront en enfer. À Edmonton, Issam Saleh et Walid Najmeddine, deux organisateurs des Frères Musulmans, ont élaboré un cours d’études islamiques (page Acknowledgements) pour les écoles publiques d’Edmonton. Le Coran de Yusuf Ali est utilisé dans le cadre du cours. Dans ce livre, les juifs sont décrits comme « des singes et des cochons » (p. 1742). On retrouve plusieurs positions anti-juives dans ce livre. Elles sont énumérées dans un article du magazine FrontPage qui a été publié après que la commission scolaire de Los Angeles ait décidé de retirer toutes les copies du Coran de Yusuf Ali des étagères de ses bibliothèques en 2002.
Dans son livre Islam and Buddhism (L’islam et le bouddhisme), Harun Yahya, un autre auteur endossé par les Frères Musulmans, conclut que les réalisations des bouddhistes ne mènent à rien et qu’elles sont « vouées à la destruction » (“destined for destruction”) parce que leur compréhension de Dieu et de la religion est incompatible avec l’islam. Harun Yahya accuse les bouddhistes d’« associer » de fausses divinités à Dieu.
Dans le passé, le soi-disant crime d’« association » a été le prétexte invoqué par des exégètes musulmans pour justifier la destruction et l’élimination de la civilisation bouddhiste de l’Inde, de l’Afghanistan et d’autres parties de l’Asie.
En 2004, Tariq Ramadan et Harun Yahya ont été les principaux conférenciers à une assemblée que Ramadan a qualifiée sur son site internet du « plus important événement islamique à s’être déroulé en Australie ». (Archives PdeB)
Les Frères Musulmans veulent le beurre et l’argent du beurre. Ils continuent d’invoquer la liberté de religion pour justifier leur dénigrement d’autres religions tout en cherchant à obtenir la censure de leurs critiques au nom d’un soi-disant droit à ne pas être offensé.
La liberté d’expression implique la réciprocité. Dans une société libre, il n’existe pas de droit à ne pas être offensé contrairement à ce que Tariq Ramadan et les organisateurs de la conférence de Montréal voudraient nous faire croire.
L’extrait suivant est tiré du livre Let us be Muslims (Soyons musulmans), un livre écrit par le mentor de Tariq Ramadan, Syed Maududi (1903-1979) :
Musulmans ou kafirs? Frères dans l’islam. Chaque musulman croit, comme vous devez certainement le croire, que les musulmans sont différents des kafirs; que Dieu aime les musulmans et qu’il déteste les kafirs; que le musulman obtiendra le pardon de Dieu et pas les kafirs, que les musulmans iront au paradis (Jannah) et les kafirs en enfer (Jahannum).
(…) Autant les musulmans que les kafirs sont des êtres humains; les deux sont des esclaves de Dieu. Par contre, les premiers s’élèvent en dignité et ils méritent des louanges parce qu’ils reconnaissent leur maître, obéissent à ses commandements et craignent les conséquences de leur désobéissance alors que les seconds se déshonorent en refusant de reconnaître leur maître et d’exécuter ses directives. Voici pourquoi Allah apprécie les musulmans et pas les incroyants. Voilà pourquoi il a promis aux musulmans authentiques qu’ils seront récompensés en allant au paradis et qu’il a averti les incroyants qu’ils seraient jetés en enfer.
Sayyid Abul A’la Mawdudi, Let us be Muslims (Soyons musulmans), Leicester (UK), The Islamic Foundation, 1985, pp. 53-54 (Chapter 2 Between Islam and Kufr) Scribd.com
Dans son livre Western Muslims and the Future of Islam (Les musulmans occidentaux et le futur de l’islam – p. 26), Tariq Ramadan identifie Maududi (Mawdudi) comme un des principaux représentants du courant « réformiste salafiste » de l’islam auquel il appartient. Syed Maududi était un exégète pakistanais qui fonda l’organisation Jamaat-e-Islami associée aux Frères Musulmans. Dans un hommage à Saïd Ramadan publié le 4 août 2011, son fils Tariq mentionne que Maududi crédita son père Saïd pour « l’avoir réveillé de son inconscience ». (Archives PdeB)
Diagnostiquer la « véritable maladie » des non-musulmans
Dans une section de son livre Priorities of the Islamic Movement (Les priorités du mouvement islamique) consacré au dialogue avec les non-musulmans (Dialogue with Others), Youssef Qaradawi cite le verset 16:125 du Coran pour justifier l’interaction entre musulmans et non-musulmans : « Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon ». Qaradawi conclut de ce verset que les activistes des Frères Musulmans devraient engager la discussion avec des interlocuteurs complaisants et non pas avec des challengers sérieux :
Ce que je demande, c’est le « dialogue», pas le « débat ». (…) Un débat peut être accepté seulement si le camp de l’islam est mis au défi par l’autre partie et qu’il n’a pas le choix d’accepter pour éviter d’être accusé d’avoir fui une confrontation ou d’avoir déserté le champ de bataille.
Commentant sur le même verset, Syed Maududi sous-entend que ceux qui n’acceptent pas l’islam sont mentalement déficients :
(Le musulman impliqué dans un dialogue avec des non-musulmans) devrait éviter d’appliquer la même méthode à toutes les personnes et à tous les groupes mais devrait plutôt diagnostiquer d’abord la maladie véritable de son interlocuteur puis la soigner en faisant appel à sa tête et à son cœur. (Tafsir de Maududi sur 16:125)
À l’instar de Maududi, les idéologues communistes avaient également identifié une « véritable maladie » affectant leurs opposants. Il la désignait sous le nom de « fausse conscience ». Friedrich Engels (1820-1895), le co-auteur du Manifeste du Parti communiste y fit référence dans sa Lettre à Mehring en 1893 (également ICI). On diagnostiquait les travailleurs qui n’acceptaient pas les idéaux communistes comme n’étant pas en pleine possession de leurs facultés intellectuelles. En URSS, les opposants furent envoyés dans des hôpitaux psychiatriques où ils subirent des « traitements » qui n’étaient rien d’autre que de la torture. Tous les défenseurs d’idéologies totalitaires partagent cette conviction que ceux qui sont en désaccord avec eux sont soit malades, soit prisonniers de quelques pouvoirs maléfiques et qu’ils doivent être « soignés » ou « libérés » contre leur volonté. Quand les leaders totalitaires jugent que leurs opposants représentent une menace trop importante pour le « corps social » et quand ils en ont les moyens matériels, ils les font tuer.
La « compréhension de l’islam » de Tariq Ramadan comprend le dénigrement des non-musulmans (kafirs). Nous ne plaidons pas pour que les livres de Maududi et de Ramadan soient interdits. Nous voulons simplement pouvoir répondre à ceux qui sont impliqués dans l’offensive de colonisation ouvertement admise par Ramadan à la fin-juillet à Dallas sans avoir à nous justifier en face d’un comité de censeurs mis sur pied à la demande des participants à la conférence de Montréal.
La liberté d’expression implique un refus de recourir à la coercition pour forcer les autres à adopter nos positions. Cela n’a jamais signifié de censurer les opinions qui nous déplaisent.
George Orwell : « Si la liberté signifie quelque chose, c’est le droit de dire aux gens ce qu’ils ne veulent pas entendre. »
Appendix I – The Freedom of the Press in Animal Farm (La liberté de la presse dans La ferme des animaux) , New York, Knopf, 1993, p. 107
Références supplémentaires
La « compréhension de l’islam » de Tariq Ramadan 23 août 2011
Gregory Baum : un critique complaisant de la pensée de Tariq Ramadan 22 juillet 2011
Tariq Ramadan : Une prière à Allah pour qu’il frappe les ennemis de l’islam 17 mai 2011
Jean-François Revel sur la difficulté des sociétés ouvertes à se défendre contre un ennemi intérieur 06 décembre 2010