Auteur : Andrew McIntosh
Référence : Journal de Montréal, 29 décembre 2014, p. 7
Titre original de l’article 1 : Cinq suggestions du professeur Mansur pour contrer la radicalisation
Salim Mansur a fait plusieurs suggestions pour renforcer la lutte contre la radicalisation des jeunes musulmans au Canada :
- Soutenir la police traditionnelle avec de meilleurs budgets.
- Exiger le retrait d’individus connus pour avoir des liens avec les Frères musulmans, ou d’autres groupes ayant des liens avec les Frères, de tout conseil, commission ou table ronde du ministère de la sécurité publique fédéral.
- Renforcer et élargir les lois existantes concernant le financement du terrorisme.
- Révoquer le statut d’organisme de bienfaisance de mosquées s’il s’avère qu’elles ont enfreint la loi en termes de financement du terrorisme ici ou à l’étranger.
- Restreindre ou rendre hors limites toute activité liée à la politique dans les mosquées canadiennes en période électorale.
Titre original de l’article 2 : Des musulmans se radicalisent dans des mosquées, selon un professeur
Il dit que ces lieux religieux sont «des incubateurs d’islamisme» au Canada et il demande au fédéral d’agir
«La plupart des mosquées, ici comme dans le monde musulman, sont des incubateurs de l’islamisme. Cela pourrait vous choquer, mais c’est là qu’est le problème et je peux vous parler de ma propre expérience.»
Voilà comment Salim Mansur, qui se décrit comme un «musulman dissident», a récemment commencé son témoignage devant le comité sénatorial sur la sécurité nationale à Ottawa.
Le comité fait présentement une étude spéciale sur la radicalisation des jeunes au Canada et la menace que les jeunes radicalisés peuvent représenter pour la sécurité nationale.
Mansur, professeur en sciences politiques de l’Université de Western Ontario et auteur du livre Un musulman dissident, a secoué les sénateurs libéraux et conservateurs.
«Les jeunes et les autres n’ont pas respiré les bactéries de la radicalisation dans l’air. Ils attrapent ces bactéries quelque part et l’un des endroits est la mosquée», dit le Pr Mansur.
«Parce que la mosquée possède ce symbole du sacré, personne ne veut la remettre en question, affirme-t-il. Qui plus est, personne de l’extérieur ne veut la remettre en question.»
«Ces lieux peuvent bien paraître quand les politiciens en campagne électorale font des visites rapides, mais ce qu’il se passe au quotidien est toute autre chose, ajoute-t-il. Il s’y joue beaucoup de comédie.»
Salim Mansur est l’auteur de trois livres et de nombreuses recherches dans ce domaine.
Il a aussi raconté ce qu’il s’est passé en 2013 dans sa propre ville de London, en Ontario.
Deux jeunes de London, Ali Medlej et Xristos Katsiroubas – l’un musulman, l’autre un converti –, ont pris part à une attaque terroriste contre une usine de gaz dans l’est de l’Algérie.
Ils ont été tués par des soldats avec 27 autres terroristes: 37 otages sont morts également.
QUESTIONS SANS RÉPONSE
Au Canada, la police et le service de renseignement se sont montrés prudents et discrets sur ce qu’ils savaient de la participation des jeunes dans cet attentat.
«Il y avait des démentis rapides et furieux des dirigeants de la communauté musulmane de London, mais des questions demeurent sans réponse quant à la façon dont ces jeunes ont été endoctrinés et comment ils ont voyagé en Afrique du Nord», dit M. Mansur.
Qui a organisé leur voyage? Qui les a recrutés dans l’organisation terroriste liée à Al-Qaïda en Afrique du Nord? Qui a obtenu leurs visas et les fonds pour s’y rendre? Est- ce qu’il y a d’autres jeunes qui pourraient faire quelque chose de similaire à l’étranger ou ici, chez nous?»
Il ajoute que deux œuvres de charité liées à des mosquées de London ont vu leur statut d’organisation de bienfaisance retiré par l’Agence de revenu fédéral pour s’être engagées dans le financement du terrorisme outremer.