
Johnatan Kay, chroniqueur au quotidien National Post soutient que le mouvement de contestation des Québécois contre le multiculturalisme se répandra, et que le Canada tout entier devrait s’en réjouir. Selon Kay, les Québécois ont vu juste… le multiculturalisme est une arnaque! Il encourage les anglophones du reste du Canada à lire attentivement le Code de vie d’Hérouxville avant de le tourner en dérision.
Dans ce grand quotidien anglophone de la classe d’affaires, Kay propose un angle d’analyse des plus éclairants sur les véritables enjeux qui sous-tendent les débats passionnés entourant les travaux de la Commission Bouchard-Taylor.
Selon Kay, ce n’est pas le Québec qui vire à droite. C’est plutôt le monoculturalisme qui vire à gauche. Après avoir vaincu les chrétiens traditionalistes aux termes d’une révolution culturelle, les féministes, les activistes gais et les progressistes ne sont pas prêts à compromettre leurs acquis au nom de la solidarité multiculturelle avec des musulmans traditionalistes, des juifs Hassidiques ou d’autres groupes d’immigrants socialement conservateurs.
Kay souligne que si ce phénomène est nouveau au Canada, il a cours depuis plusieurs années en Europe. Le Québec s’inscrit dans la tendance représentée par le politicien hollandais Pim Fortuyn. Les médias l’avaient décrit comme un politicien de droite à cause de sa critique acerbe des musulmans.
L’étiquette n’a jamais pu lui coller à la peau parce que Fortuyn était un libertin et un populiste ouvertement gay qui plaidait pour l’euthanasie, le mariage des homosexuels et des lois libérales sur les drogues. S’il dénonçait la culture musulmane traditionnelle, c’est justement parce qu’elle s’opposait aux valeurs hollandaises de laisser-faire.
Selon Kay, les gens d’Hérouxville se réclament d’un Québec inscrit dans la plus pure tradition européenne de libéralisme laïc. L’idée que « Hérouxville c’est du Québec/Canada arriéré » défendue par le Globe and Mail dans un récent éditorial est non seulement inexacte – elle est le contraire de la vérité.
Kay explique les autres raisons pour lesquelles la contestation vigoureuse de la doctrine du multiculturalisme origine du Québec. Cette doctrine tend à s’épanouir dans les nations riches souffrant d’une faible identité et d’un sentiment de culpabilité post-coloniale. Comparé au reste du Canada, le Québec a une identité collective relativement forte. Et pour des raisons historiques évidentes, les Québécois ont plutôt tendance à s’identifier aux victimes de l’histoire qu’aux exploiteurs.
Kay explique ensuite pourquoi les Québécois n’ont jamais digéré le multiculturalisme. C’est que cette politique a été conçue dans le but précis de reléguer le statut unique de la culture française à celui d’une pièce parmi tant d’autres dans la riche mosaïque canadienne. À juste titre, les Québécois y ont vu une arnaque et ce, avant même que le mot « burqa » entre dans le langage populaire.
Selon Kay, ce mouvement de contestation du Québec ne s’arrêtera pas là. Le débat va s’étendre et nous devons nous en réjouir. Le fait demeure que malgré la rhétorique mise de l’avant pour défendre le multiculturalisme, cette doctrine est fondamentalement incohérente. Comment pouvez-vous intellectuellement défendre une doctrine qui prône la « tolérance » envers des cultures importées qui sont fondamentalement intolérantes envers les femmes, les homosexuels, les hérétiques et les infidèles?
Vous pouvez vous moquer tant que vous voudrez des habitants du petit village d’Hérouxville, prévient Kay. Mais ils sont assez intelligents pour savoir qu’il n’y a pas de réponse à cette question. Kay conclut en disant que le jour où les anglophones auront surmonté leur syndrome de culpabilité occidentale, ils en arriveront à la même conclusion.
Source: In Defence Of Herouxville par Johnatan Kay, The National Post, 30 octobre 2007