«Après l’orientalisme et le colonialisme, c’est maintenant sous couvert de la lutte contre l’islamophobie prétendument causée par la «diffamation de l’islam» que les pays musulmans cherchent à réprimer toute critique de l’islam. Ils tentent d’islamiser les systèmes juridiques occidentaux par l’introduction de ce qui est, en fait, un délit de «blasphème».» – Ezra Levant
Dans un billet précédent sur son blog, Ezra Levant écrivait qu’il était invité à comparaître devant un caucus bi-partisan du Congrès américain qui se penche sur le “djihad juridique”. Dans son dernier billet, traduit ci-dessous, il rend compte des discussions.
Lisez par Mark Dubowitz : L’enjeu de Durban II : la liberté d’expression. Il écrit que la conférence mondiale contre le racisme en 2009, dont l’agenda est contrôlé par l’Organisation de la conférence islamique (OCI), vise l’introduction en droit international d’une définition d’islamophobie qui englobe toute critique de l’islam. Tous les pays devront ensuite harmoniser leur législation interne et créer un délit de «blasphème».
Lisez également l’article sur la Pétition contre les résolutions de l’ONU sur la “diffamation” des religions. Cette pétition mise en ligne par l’American Centre for Law & Justice dénonce les résolutions promues par l’OCI sur la «diffamation» des religions parce qu’elles portent atteinte à la liberté d’expression et de religion et contribuent à créer un climat de violence contre les minorités religieuses dans les pays musulmans.
Traduction de: “Defamation of Islam” is a code word for blasphemy, par Ezra Levant, le 12 juillet 2008
La «diffamation de l’islam» est un code pour «blasphème»
Asma Fatima est la deuxième secrétaire de l’ambassade du Pakistan à Washington, DC. Hier, elle était sur le panel avec moi à la réunion du caucus sur des droits humains du Congrès américain.
Bien que j’étais en désaccord avec chaque mot qu’elle a prononcé, y compris «et» et «la», j’étais heureux de sa présence parce qu’elle parle au nom de son gouvernement et, pour une diplomate, elle parlait étonnamment clairement. Il y a 400 ans, c’était entendu que les diplomates sont d’honnêtes hommes qui mentent à l’étranger pour leur pays. Je ne pense pas que Fatima a lu ce mémo, car elle a parlé librement des objectifs de son pays, de ceux des autres membres de l’Organisation de la Conférence islamique et des douzaines de pays musulmans à l’ONU.
Elle souhaite que les pays occidentaux interdisent la critique de l’islam – et elle a mentionné les caricatures danoises de Mahomet en particulier. D’autres sur le panel ont bien souligné que les lois occidentales sur la diffamation visent à indemniser ceux dont la réputation a été injustement entachée, en se fondant sur la vérité telle que déterminée par les tribunaux. Mais quand il s’agit des religions, la vérité de toute religion est dans le coeur du croyant. Le seul système juridique qui tiendrait le Coran comme étant la «vérité», donnant un rang inférieur subordonné à toutes les autres religions, serait la charia, comme en Arabie saoudite. En d’autres termes, elle veut remplacer nos systèmes juridiques laïques par un système juridique musulman. J’ai apprécié son honnêteté.
Le droit occidental sur la diffamation vise le rétablissement de la réputation de la personne diffamée. La personne doit être identifiée, elle doit avoir subi des dommages mesurables. La diffamation n’est pas une question de sentiments meurtris – il s’agit d’une atteinte injustifiée à sa réputation aux yeux d’autrui. Ça n’a rien à voir avec les sensibilités, bien que ce soit là le grief le plus souvent invoqué par Fatima.
Les exigences de Fatima qu’il soit mis fin à la «diffamation» de l’«islam» ont été magistralement déconstruites par deux de mes collègues panélistes. Le premier est Zia MERAL, de la Turquie, qui a souligné que le véritable «préjudice» auquel nous devrions nous intéresser n’est pas celui des sentiments meurtris invoqués par Fatima, mais le véritable préjudice physique subi par les dissidents de l’islam. Il a décrit, avec d’horribles détails, comment les non-musulmans – et pire encore, les apostats – sont traités dans les pays musulmans, du Soudan à la Malaisie à l’Arabie saoudite. Je ne vais pas relater ces détails horribles.
L’argument le plus puissant de MERAL, cependant, est le constat que la manœuvre des pays islamiques en vue de faire changer la législation occidentale pour mettre fin à la critique de l’abus islamique des droits humains est la dernière mode dans les écrans de fumée déployés au fil des ans. Antérieurement on a accusé l’Occident d’«orientalisme», d’«interventionnisme», de «colonialisme», etc. Tout ce qui peut momentanément désarçonner les critiques de l’islam, en faisant appel au propre manque de confiance de l’Occident.
Mais le commentaire le plus révélateur que j’ai entendu de toute la journée est venu d’une avocate du Département d’État sur le panel (dont je tiens à confirmer le nom avant de le publier.) Elle a réalisé des recherches méticuleuses sur la campagne musulmane pour interdire la critique de l’islam, et contribué à l’élaboration de la réponse des États-Unis dans les forums juridiques internationaux.
Elle a étudié la question en profondeur. Elle a examiné le mot arabe utilisé par les diplomates musulmans lorsqu’ils décrivent la «diffamation de l’islam » qu’ils veulent rendre illégale. Elle a consulté des spécialistes de l’arabe qui ont confirmé que cette expression juridique a été inventée très récemment, spécialement pour la campagne diplomatique internationale. Lorsqu’ils discutent entre eux au niveau national, les pays musulmans utilisent les véritables mots arabes qui reflètent ce qu’ils veulent dire : les mots classiques pour «blasphème».
Donc, je suppose qu’après tout, Fatima suivait bien les vieux dictons diplomatiques. Elle a été très honnête sur ses objectifs : empêcher les gens (en particulier les musulmans modérés) de critiquer l’islam. Mais son art consistait à classer sa censure dans la catégorie juridique occidentale de la «diffamation» au lieu de la catégorie plus honnête de «blasphème».
Si les diplomates musulmans du monde entier faisaient des pressions pour des lois internationales et occidentales contre le blasphème, cela pourrait déclencher une réaction – et pas seulement de ceux qui croient dans le christianisme, le judaïsme, etc, mais aussi des athées, qui pourraient ne pas accepter passivement une fusion de la mosquée et de l’État. Mais désigner le blasphème par le mot «diffamation» (et inventer un nouveau terme spécifique pour tromper les cibles de la nouvelle loi proposée), fait en sorte que moins de sonnettes d’alarme sonneront en Occident. Cela transforme une tentative d’islamiser l’ensemble de notre système juridique en simple ajout de procès parmi d’innombrables autres. C’est la passe passe diplomatique que Fatima colportait.
Je veux faire plus de recherches sur ce sujet, sur lequel je vais sûrement écrire à nouveau. Ceux qui ont suivi l’affaire du Congrès islamique canadien contre le magazine Maclean’s se rappelleront sûrement que l’un des hommes de main de cette poursuite-bâillon, Khurrum Awan, a utilisé un langage presque identique dans ses menaces contre les médias canadiens.
Ce n’est pas un hasard.
Voir aussi:
Pétition contre les résolutions de l’ONU sur la “diffamation” des religions
Arabie saoudite – Non à la réciprocité dans l’interdiction de diffamer les religions
ONU – Pour le Conseil des droits de l’Homme, critiquer la charia est islamophobe