La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉÉ) [a] a publié un rapport sur les besoins des étudiants musulmans [b] . Le rapport contient une soixantaine de recommandations qu’on demande aux universités canadiennes de mettre en œuvre à leurs frais en vue de combattre la « discrimination islamophobe » sur les campus.
Les recommandations, qui reposent sur une vision rigoriste de l’islam, concernent notamment les lieux de prière, l’adaptation aux pratiques et fêtes religieuses musulmanes, la ségrégation des sexes dans les installations sportives avec écrans masquant les fenêtres durant les heures réservées aux femmes, le bannissement de l’alcool lors des réceptions et un système de prêts étudiants compatibles avec la charia (sans intérêt) à même les fonds publics.
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La FCÉÉ rappelle aux autorités universitaires et aux différents paliers de gouvernement leurs obligations légales en matière d’accommodement et les prie d’implanter le plus rapidement possible ce qu’elle qualifie de « recommandations relativement modestes ». En fait, on fait face ici à une surenchère de demandes qui auront un impact sur l’ensemble du corps universitaire et des payeurs de taxes. L’ampleur des concessions exigées des universités, à qui on demande de se conformer aux valeurs islamiques, est une tentative d’imposer sa Vérité Absolue à autrui qui pave la voie à ce qui risque de devenir une autoroute vers l’islamisation des campus canadiens.
Nous commentons ici certaines des recommandations du rapport:
Salles de prières et financement des associations musulmanes
Le rapport recommande des salles de prières multiples facilement accessibles de tous les points du campus, réservées exclusivement aux musulmans et assorties d’installations pour les ablutions rituelles. Le coût de l’aménagement et de l’entretien de ces installations devrait être assumé intégralement par les universités. On demande aussi aux universités d’assurer un financement adéquat aux associations d’étudiants musulmans.
On se souviendra que cette question a été débattue au Québec l’année dernière lorsqu’une association d’étudiants musulmans de l’École de technologie supérieure affiliée à l’Université du Québec s’est plainte de discrimination sur la base de la religion quand l’École a refusé sa demande pour des locaux dédiés à la pratique religieuse à l’usage exclusif des étudiants musulmans. La Commission des droits de la personnes a décidé que le fait de réserver un local exclusivement à la pratique d’une religion donnée pourrait constituer un accommodement occasionnant une « contrainte excessive » pour l’École, puisque de nature à favoriser d’autres demandes du même ordre d’étudiants d’autres confessions [d]
L’Association des étudiants musulmans demandait aussi que l’École lui accorde une reconnaissance officielle et du financement. La Commission des droits de la personne a rejeté cette demande, prenant acte que l’École a un caractère laïc et qu’elle peut refuser d’accréditer des associations à caractère religieux. Selon la Commission, ce refus n’empêche pas les étudiants musulmans de se regrouper en association et ne porte donc pas atteinte à leur liberté d’association.
Cette décision de la Commission est pleine de bon sens. Les autorités universitaires des autres provinces feraient bien de s’en inspirer.
Ségrégation des sexes
Les lieux de prière devraient prévoir la « ségrégation » des hommes et des femmes. De même, les centres sportifs et les piscines devraient prévoir des heures réservées exclusivement aux femmes. Des rideaux ou des écrans devraient couvrir les fenêtres de manière à cacher les femmes du regard des hommes.
Mais quelle vision de l’humanité est-ce qu’on promeut ici? Comment peut-on revendiquer la « ségrégation » au nom de la liberté de religion et poser des « burkas » sur les fenêtres? La Charte des droits reconnaît le principe d’égale dignité de la femme et de l’homme. Les institutions publiques ne peuvent endosser son contraire. Elles doivent refuser d’entériner une vision obscurantiste du monde voulant que l’homme ne soit pas responsable de ses instincts et qu’il appartienne à la femme de se cacher pour empêcher le péché des écarts de pensée et de conduite de l’homme. Cette vision du monde, qui heurte les valeurs canadiennes, réduit la femme à un objet sexuel. Elle est aussi insultante pour les hommes, vus comme des êtres dominés par leurs instincts incontrôlables.
Bannissement de l’alcool
Des périodes « sèches » où aucun alcool n’est servi devraient être prévues pour les réceptions et sessions d’orientation organisées sur les campus.
Cette recommandation revient à imposer à autrui une conception absolutiste de la vie fondée sur des règles religieuses. Un accommodement respectueux du caractère pluraliste de la société canadienne et des libertés d’autrui consisterait plutôt à remplacer le traditionnel « vin et fromage » par un « vin, jus et fromage ». [e].
Prêts étudiants sans intérêts conformes à la charia
Des prêts sans intérêt, comme l’exige la charia, devraient être octroyés aux étudiants musulmans par les gouvernements.
Les auteurs du rapport indiquent que l’islam interdit l’usure et le prêt à intérêts. Les étudiants musulmans seraient donc placés dans la situation inacceptable d’avoir à enfreindre les préceptes de leur religion pour fréquenter l’université.
On réclame ici non pas un « droit à l’égalité » mais un « privilège » financé par la collectivité. Aucune institution ne devrait être tenue d’accommoder l’ensemble des préceptes d’une religion. Les prêts à intérêt ne constituent pas une entrave déraisonnable à l’exercice par des étudiants musulmans de leur droit à l’instruction universitaire dans des conditions respectueuses de leur dignité. D’ailleurs, pourquoi le mode de financement d’études universitaires devrait-il être vu comme faisant partie de la substance de la liberté de religion?
Perspective islamique dans les cours
Des étudiants suggèrent qu’on intègre la perspective islamique dans le contenu de cours tels que marketing, finance et nursing – des domaines où il y aurait des différences spécifiques entre les perspectives islamique et occidentale.
Pourquoi s’arrêter à la perspective islamique? Ce n’est pas l’égalité qu’on réclame ici, mais une réforme complète du contenu des programmes universitaires. S’il fallait donner suite à cette suggestion, on devrait aussi, dans un souci d’égalité, introduire les perspectives chrétienne, hindoue, judaïque, zoroastrienne, sikhe, chamanique, etc. Les universités doivent-elles intégrer les différentes versions du créationnisme dans les programmes de science?
La perspective d’une religion donnée devrait être réservée aux cours portant spécifiquement sur la vision du monde des diverses religions ou croyances. Autrement, on tombe dans le prosélytisme institutionnalisé.
Risque de réactions hostiles
L’ironie de l’initiative de la FCÉÉ, c’est qu’au lieu de favoriser l’intégration des jeunes musulmans elle risque plutôt de produire l’effet contraire. Le caractère excessif des demandes renforcera les préjugés à l’égard des musulmans et freinera la sociabilité spontanée entre étudiants de confessions diverses. Comme on l’a vu récemment à l’Université de Toronto [f], des tensions malsaines ont surgi lorsque des étudiants musulmans ont demandé qu’on bannisse l’alcool et la musique d’une cantine située sur le campus.
- La FCÉÉ regroupe plus d’un demi-milllion d’étudiants de niveau universitaire à travers le pays
- [http://www.cfs-fcee.ca/html/french/media/mediapage.php?release_id=80->http://www.cfs-fcee.ca/html/french/media/mediapage.php?release_id=807]7. Le rapport (en anglais) est disponible en ligne à : [www.noracism.ca->www.noracism.ca].
- Ces photos ne sont pas affichées pour faire de l’humour. Elles ont été prises sur un campus universitaire australien. En fait, non seulement les salles de prières sont-elles séparées pour accommoder les musulmans, mais les salles de bains aussi. De plus, ces toilettes sont équipées de serrures afin d’assurer que seuls des musulmans puissent y accéder. [http://islammonitor.org->http://islammonitor.org/index.php?option=com_content&task=view&id=55&Itemid=64 ].
- [http://communiques.gouv.qc.ca/gouvqc->http://communiques.gouv.qc.ca/gouvqc/communiques/GPQF/Aout2006/02/c3083.html] voir aussi [http://www.cdpdj.qc.ca/fr/communiques/docs-2006/COMM_ETS.pdf->http://www.cdpdj.qc.ca/fr/communiques/docs-2006/COMM_ETS.pdf].
- L’affaire Sobia Virk : Une étudiante musulmane membre du bureau des gouverneurs de l’université Concordia a demandé qu’aucun alcool ne soit servi lors d’une réception, en raison de ses croyances religieuses [[[http://media.www.theconcordian.com->http://media.www.theconcordian.com/media/storage/paper290/news/2003/03/12/News/Students.Vote.For.Racism.Inquiry-391055.shtml].
- [Ontario – Accommodents déraisonnables : Plus on en demande, plus on en veut…->https://pointdebasculecanada.ca/spip.php?breve105], Point de Bascule, 19 octobre 2007