Traduction d’un article d’Investigative Project on Terrorism qui s’attarde aux propos radicaux tenus par Jamal Badawi dans le passé, en particulier son appui aux attentats-suicide.
Traduction d’un article d’Investigative Project on Terrorism qui s’attarde aux propos radicaux tenus par Jamal Badawi dans le passé, en particulier son appui aux attentats-suicide.
Original English version on Investigative Project on Terrorism
À l’occasion d’une invitation récente faite à Jamal Badawi de prendre la parole à une conférence de l’Islamic Society of North America à Tampa (Floride), le site Investigative Project on Terrorism a produit un article qui rappelle des déclarations passées de Badawi notamment en faveur des attentats-suicide contre Israël. Point de Bascule en présente la traduction française.
Dès leurs débuts, les Frères Musulmans ont encouragé le recours aux attentats-suicide pour imposer leur idéologie totalitaire. Un article publié par le New-York Times du 4 février 1949 fait état de l’existence d’un escadron de 200 individus prêts à mener de telles attaques en Égypte à cette époque.
Jamal Badawi est basé à Halifax (Canada). Il a occupé et continue d’occuper de nombreuses fonctions dans l’infrastructure des Frères Musulmans au Canada, aux États-Unis et dans des organisations internationales. Au point 20 d’un mémorandum de 1991 diffusé par les Frères Musulmans aux États-Unis, une organisation de Jamal Badawi impliquée dans la dawa (prosélytisme) est identifiée comme une constituante du réseau islamiste en Amérique du Nord. Au point 4 du même document, le but de Badawi et des autres Frères Musulmans d’imposer leur doctrine en Amérique du Nord est clairement défini :
(Traduction PdeB) Les Frères Musulmans doivent comprendre leur travail d’implantation en Amérique comme une sorte de grand jihad visant à éliminer, à détruire de l’intérieur la civilisation occidentale et à saboter sa misérable demeure afin que la religion d’Allah soit victorieuse sur toutes les autres religions. (…) C’est la destinée du musulman que de mener le jihad peu importe où il se trouve et ce, jusqu’à son dernier souffle.
Investigative Project on Terrorism : Présentation du mémorandum
Investigative Project on Terrorism : Mémorandum original en arabe et traduction anglaise
Ce mémorandum fut produit en preuve lors des procès de leaders de la Holy Land Foundation (HLF) qui se sont déroulés aux États-Unis en 2007 et 2008. À l’issue du procès de 2008, plusieurs leaders des Frères Musulmans furent condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir participé au financement d’activités terroristes au Moyen-Orient à partir du territoire américain.
GMBDR (28 novembre 2008) : Les leaders de la Holy Land Foundation sont trouvés coupables de toutes les accusations (Holy Land Foundation Leaders Found Guilty On All Charges)
Investigative Project on Terrorism (8 mai 2012) : Jamal Badawi: Enduring Link to ISNA’s Radical Past
Malgré que l’Islamic Society of North America (ISNA) tente de se distancer de ce qui la rattache aux Frères Musulmans, elle n’en continue pas moins d’inviter un de ses leaders comme conférencier aux événements qu’elle organise.
Il est prévu que Jamal Badawi prenne la parole à trois reprises lors d’une conférence organisée par ISNA à Tampa (Floride) les 11 et 12 mai prochains. Une des ses présentations s’intitule : Comprendre la charia : des principes sacrés qui favorisent le développement humain (Understanding Shari’ah: Sacred Principles in Striving for the Human Development).
Les informations fournies par des organisations liées aux Frères Musulmans démontrent que Badawi, membre extraordinaire (member at large) du conseil de direction d’ISNA, joue un rôle important dans l’infrastructure nord-américaine de l’organisation. Déjà en 1992, son nom figurait sur la première page d’un bottin qui énumèrait les leaders de la confrérie. Il est également identifié comme un des membres fondateurs de la Muslim American Society (MAS), la section américaine des Frères Musulmans selon un article du Chicago Tribune de 2004.
«Chacun sait que la MAS ce sont les Frères Musulmans», a déclaré Abdurrahman Alamoudi dans une cour de Virginie le mois dernier. Alamoudi, qui a déjà été une des personnalités musulmanes les plus importantes aux États-Unis, reconnait sa propre implication avec les Frères Musulmans.
Des membres des Frères Musulmans ont mis ISNA sur pied en 1981 comme un prolongement de la Muslim Students’ Association.
Les Frères Musulmans, fondés en Égypte en 1928, ont récemment pris le pouvoir dans ce pays lors des élections qui s’y sont déroulées. Ils cherchent à établir un califat, un État islamique à l’échelle planétaire. Un document de la section américaine des Frères Musulmans produit en 1991 a identifié une fondation dirigée par Badawi impliquée dans la dawa (prosélytisme) comme une composante du réseau islamiste. Le même document décrivait le travail des Frères Musulmans sur le sol américain comme «une sorte de grand jihad visant à éliminer, à détruire de l’intérieur la civilisation occidentale et à saboter sa misérable demeure afin que la religion d’Allah soit victorieuse sur toutes les autres religions».
Les commentaires de Badawi au fil des ans démontrent qu’il considère que l’islam est supérieur à la démocratie. De plus, il défend le jihad violent et les attentats-suicide qu’il présente comme des actes de martyre. De tels propos permettent difficilement à ISNA de prétendre qu’elle a rompu avec son passé radical et les Frères Musulmans.
Dans un discours prononcé en 2009 à la mosquée Chebucto de Halifax (Nouvelle-Écosse), Badawi a expliqué que les terroristes basés à Gaza menaient un jihad et que ceux qui se faisaient tuer étaient des martyrs. Il s’en est pris à ceux qui critiquent les terroristes ou qui coopèrent avec Israël en déclarant qu’il s’agissait d’un «excès» quand des musulmans plus modérés prenaient position contre leurs frères qui combattent l’État juif :
Un de ces excès se manifeste quand de nobles mujahideen (combattants) qui s’efforcent d’être fidèles à Allah et qui méritent d’être qualifiés de shuhadaa (martyrs) sont attaqués et accusés (d’être des terroristes) non seulement par leurs ennemis mais même par ceux qui font partie de l’oumma (communauté musulmane).
Ils (les musulmans modérés) ne se sont pas limités à lancer des accusations, ils ont coopéré avec les ennemis de l’humanité pour tuer leurs propres frères et leurs propres sœurs.
AUDIO de ce passage disponible sur le site d’IPT
Badawi a ajouté que ceux qui combattaient contre les musulmans «sous-contractaient au nom des usurpateurs de la terre, des droits et de l’héritage des musulmans». Il a également expliqué que les médias se comportaient de façon hypocrite quand ils qualifiaient les «martyrs» de Gaza qui combattent les Israéliens de terroristes :
Dans le monde occidental, cependant, nous considérons que les médias, sont à la fois mal informés et qu’ils véhiculent une information trompeuse. Les médias persistent à falsifier et à déformer le noble concept de martyre en le faisant passer pour du terrorisme, du fanatisme, de la violence, etc.
AUDIO de ce passage disponible sur le site d’IPT
Les médias occidentaux voient d’un bon œil que quelqu’un «préfère mourir pour défendre des valeurs ou une cause». Cependant, «quand ce choix est fait par un musulman, quand il choisit la mort plutôt que la faiblesse, plutôt que l’acceptation de l’agression ou la vente de ses droits, alors là, non, non, non, le principe ne s’applique plus» a-t-il déclaré.
Badawi s’est à nouveau prononcé en faveur de la terreur palestinienne en mars 2010 dans un discours publié sur le site Islamonline.net :
Une forme de jihad de combat est permise seulement pour l’auto-défense contre une agression non provoquée ou pour résister à une dure oppression, telle celle vécue par les Palestiniens et les dépossédés qui sont chassés de leurs maisons.
AUDIO de ce passage disponible sur le site d’IPT
En juin 2006, Badawi a mené une discussion sur Islamonline.net intitulée Le martyre dans l’islam : discutons-en. Dans celle-ci, il a comparé les auteurs d’attentats-suicide qui combattent l’oppression aux résistants qui combattaient les nazis ou aux kamikazes qui combattaient les Américains. À une conférence d’étudiants musulmans qui s’est déroulée à l’Université du Maryland en 1999, Badawi a déclaré que la «résistance» était en réalité un acte d’héroïsme :
Quand un acte d’héroïsme comme ça est nécessaire pour en sauver d’autres, c’est un sacrifice. Vous ne pouvez pas vraiment appeler ça un suicide. Ce que l’islam condamne c’est le suicide dans son sens négatif. C’est ce que je comprends.
Badawi a établi un parallèle entre les attaques menées contre les soldats israéliens et la résistance française contre les nazis et il a incité les gens à rester fermes dans leurs positions malgré les critiques de telles violences.
(…)
Il s’est également questionné ouvertement sur la compatibilité de l’islam et de la démocratie : «Le Coran et la tradition prophétique constituent la meilleure constitution», a-t-il écrit en 2004.
Puisque l’islam a été transmis par Dieu, «ce n’est pas quelque chose qu’une personne peut mettre à jour, changer ou remplacer de quelque façon que ce soit. C’est sans erreur évidemment. S’il n’en était pas ainsi, il n’y aurait pas de croyance en Dieu. D’un autre côté, les autres systèmes, que ce soit la démocratie, le socialisme ou autre, sont des idées ou des idéologies inventées par les hommes.»
La conséquence pratique de cette attitude a pu être observée en 2006 lors de la controverse qui entoura les caricatures qui représentant le prophète Muhammad. Badawi a comparé leur publication à la négation de l’Holocauste et a soutenu que ça dépassait les limites de la liberté d’expression.
Un article de la Canadian Press a rapporté que Badawi avait déclaré ce qui suit :
Quand vous décrivez le grand prophète… d’un cinquième de l’humanité comme un terroriste, c’est plus que de la satire, c’est plus qu’une insulte, c’est plus qu’une offense. Ce n’est rien d’autre qu’un message de haine. Vous ne pouvez pas vous cacher derrière la liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté académique pour prôner la haine contre des groupes de gens.
Durant une conférence de la MAS à Los Angeles également en 2006, Badawi a soutenu que la démocratie est aussi valable que l’islam :
(Ce) n’est pas seulement pour régler les problèmes d’une société particulière, les États-Unis ou une autre mais une solution pour tout le monde… Et nous croyons que l’islam est la seule solution non seulement aux problèmes des États-Unis mais au malaise qui affecte le monde entier.
ISNA est impliquée dans le dialogue interreligieux. Elle a été endossée par les responsables du gouvernement (américain) comme une porte-parole modérée des musulmans qui vivent aux États-Unis. Les liens continus d’ISNA avec Badawi malgré son lourd dossier de radicalisme soulèvent des questions légitimes sur l’attachement véritable de cette organisation à la paix et à la démocratie.
Références supplémentaires
Point de Bascule (6 août 2010) : Une nouvelle organisation des Frères Musulmans annonce la tenue de «la plus grande conférence islamique de l’histoire de Montréal»
Farzana Hassan (IPT News – 23 mars 2009) : Patrimoine Canuckistan? (Heritage Canuckistan?)
GMBDR (4 avril 2012) : Des organisations juives et d’autres liées aux Frères Musulmans discutent du dialogue interreligieux en Amérique latine avec des responsables de la Maison Blanche (U.S. Jewish/U.S. Muslim Brotherhood Coalition Met With White House Officials Over Latin American Effort)