C’est la question posée hier par UN Watch au Conseil des droits de l’Homme réuni en session extraordinaire à Gaza pour étudier une résolution des États arabes et islamiques condamnant Israël. Seul le Canada a voté contre la résolution. L’ambassadeur cubain accuse UN Watch d’être financé par la CIA et le Mossad.
Le Conseil des droits de l’Homme, dont le siège est à Genève, était réuni pour une session extraordinaire sur « les violations des droits de l’homme venant des incursions militaires israéliennes dans le territoire palestinien occupé ». (6e session extraordinaire, le 24 janvier 2008)
La résolution a reçu 30 voix « pour », une voix « contre », celle du Canada, et 15 abstentions. Israël et les États-Unis n’étaient pas présents lors de la séance.
En un an d’existence, le Conseil des droits de l’Homme a développé une véritable fixation sur Israel, consacrant 3 sessions extraordinaires,
et 14 de ses 19 résolutions à fustiger Israel, ignorant d’autres graves violations de droits humains dans le monde.
Nous traduisons le discours de Hillel Neuer, directeur exécutif de UN Watch, devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, puis la réponse de l’ambassadeur cubain Rodolfo Reyes Rodríguez. Suivent des extraits de l’éditorial publié aujourd’hui par Mario Roy du quotidien La Presse sous le titre « Catastrophe », déplorant « un véritable kidnapping de l’ONU ».
Voir le vidéo en cliquant ici: discours de Hillel Neuer
UN Watch est une ONG basée à Genève et dotée du statut consultatif spécial par le Conseil économique et social de l’ONU. Son conseil d’administration international comprend notamment Me Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada.
« Contrer l’inversion morale » – Allocution de Hillel Neuer, directeur exécutif de UN Watch
Monsieur le Président,
Les nations rassemblées dans la présente session extraordinaire sur la Bande de Gaza convoquée par le Groupe des États arabes et de l’Organisation de la Conférence islamique, font face à une question immédiate. Doivent-ils voter pour ou contre la proposition de condamner Israël pour le délit présumé de cibler des civils?
Permettez-nous de considérer la résolution proposée. Pour mieux comprendre son but, nous sommes mieux guidés non par la science qui étudie la conduite des gouvernements, mais par celle qui étudie l’esprit.
En psychologie, l’attribution de ses propres pulsions malveillantes aux autres est connue sous le nom de projection. M. le Président, la résolution dont nous sommes saisis constitue un cas classique de ce type de projection.
Après tout, c’est le Hamas, le Djihad islamique et les autres organisations terroristes palestiniennes qui tirent délibérément des roquettes – plus de 200 dans la seule semaine dernière – contre des civils innocents à Sderot et d’autres villes israéliennes. Ce sont eux qui attaquent des zones peuplées, en utilisant leurs frères Palestiniens comme boucliers humains. Ce sont eux qui rejettent la notion même de la distinction entre les combattants et les civils.
Israël, comme le reste du monde civilisé, fait exactement l’inverse. Dans l’exercice de son droit et de son obligation en vertu du droit international de défendre ses citoyens contre de telles attaques, Israël risque la vie de ses propres soldats pour éviter de nuire aux civils. Pour Israël, causer une perte civile est une tragédie non intentionnelle. Pour le Hamas, il s’agit d’un motif de réjouissance. Le monde le sait.
Les partisans de ceux qui lancent des roquettes sur des écoles maternelles nous ont convoqué ici pour accuser Israël de violer le droit international humanitaire, alors qu’en réalité ce sont eux qui renient– en paroles et en actes – le principe même de ce droit.
Laissez-nous également envisager qui a initié cette session: la Syrie, l’Arabie saoudite, le Pakistan – chacun d’entre eux vient de recevoir le plus bas classement possible – Pas libres – dans l’enquête mondiale annuelle de Freedom House. Un autre est Cuba, qui vient de tenir une élection où les bulletins n’avaient qu’un seul candidat. Peuvent-ils être les arbitres des droits de l’Homme dans le monde?
La vérité est que cette session a été fixée dès le début. Ceux qui l’ont commanditée pourraient introduire une résolution déclarant que la terre est plate, et ils seraient assurés de la même majorité automatique.
La vraie question qui nous confronte est quelque chose de plus profond. [La civilisation peut-elle survivre – les valeurs de démocratie, de liberté et d’humanité fondamentale – lorsque ses concepts fondamentaux sont, dans ces hautes instances, agressés de partout?
Cela ne sera pas décidé ici aujourd’hui, mais chaque déclaration internationale a son influence.
Les pays qui se préoccupent réellement de l’avenir – du Moyen-Orient, d’une ONU crédible, de la civilisation -voteront Non.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
L’Ambassadeur cubain Rodolfo Reyes Rodríguez
(Exerçant son droit de réponse au témoignage de UN Watch)
Je vous remercie, Monsieur le Président. Vous savez, habituellement, Cuba ne fait pas valoir son droit de réponse pour des organisations non gouvernementales. Nous apprécions leurs interventions au sein du Conseil comme nous l’avons fait auparavant à la Commission, même quand elles ont des opinions différentes des nôtres.
Si je réponds maintenant, c’est que j’exerce ce droit pour répondre à quelque chose qui est l’antithèse d’une organisation non gouvernementale. Je fais allusion à UN Watch et à son directeur exécutif, M. Neuer. Je dois dire, il a produit un spectacle de type Hollywood en s’adressant à ce Conseil, ses ambassadeurs et délégués.
UN Watch est une organisation lucrative largement financée par la CIA et le Mossad, qui est consacrée à dénigrer certains États membres et ce Conseil. Il nous a dit qu’Israël et sa propre organisation font partie du soi-disant «monde civilisé»… Cela signifiait que cette session extraordinaire est dans le monde des barbares.
Mais je ne connais rien de plus barbare que ce qui se déroule dans la bande de Gaza – des hôpitaux dans le noir, des personnes privées d’eau, et d’autres choses dont UN Watch et son directeur général n’ont pas parlé. Je ne vais pas prendre plus de temps à parler de cette fausse organisation que je n’ai jamais entendu critiquer les camps de concentration à Guantanamo. Je vais tout simplement les attendre calmement à New York, dans les réunions des ONG où ils auront à rendre des comptes. Et nous verrons que faire de leur statut consultatif.
Merci.
Dans son éditorial du 25 janvier sous le titre « Catastrophe », Mario Roy du quotidien La Presse déplore que nous assistions « à un véritable kidnapping de l’ONU, qui y consent de bonne grâce, faut-il croire ». Voici des extraits de son éditorial :
«À sa première année d’existence, entre juin 2006 et juin 2007, l’organisme a consacré 14 de ses 19 résolutions ou décisions, ainsi que trois séances extraordinaires, à blâmer Israël; autrement, seul le Soudan, où on est à 200 000 morts et un million de réfugiés, a timidement émergé sur son écran radar. Hier encore, le Conseil a… blâmé Israël pour la situation dans la bande de Gaza.
Dans l’immédiat, on peut discuter à l’infini de la question de savoir si cette situation, justement, est surtout attribuable aux roquettes du Hamas ou au blocus israélien.
Mais, plus globalement, une chose est certaine: le conflit israélo-palestinien est devenu depuis longtemps le seul sujet de préoccupation des instances droits-de-l’hommistes de l’ONU. Et il est jugé toujours dans le même sens. Cette fixation sur l’État hébreu est déplorable en soi. Mais il y a pire. Cette monomanie tient pour négligeables toutes les autres abominations faisant ailleurs sur la planète des victimes… qui n’ont pas la chance d’être opprimées par Israël.
Il s’agit d’un véritable kidnapping de l’ONU, qui y consent de bonne grâce, faut-il croire, en une sorte de syndrome de Stockholm.
Une catastrophe, il n’y a pas d’autres mots.»
Source: Catastrophe, par Mario Roy, La Pesse, le 25 janvier 2008
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