WASHINGTON, 22 juillet (UPI) – L’Indonésie est l’un des nombreux pays d’Asie du Sud qui suivent les traces de pays arabes comme l’Arabie Saoudite et lancent des programmes de réhabilitation des extrémistes islamistes emprisonnés, connus sous le nom de déradicalisation.
Mais selon des experts et deux études récentes, le programme de déradicalisation de l’Indonésie – beaucoup plus modeste et moins formalisé que celui de pays voisins comme Singapour et la Malaisie – ne cherche pas à amener les extrémistes à rompre avec leur interprétation politique radicale de l’idéologie islamiste, mais plutôt à renoncer à la violence, en particulier les attentats-suicide et autres attaques causant des pertes massives de civils.
Le programme «ne cherche pas à les déradicaliser (dans le sens de les amener à abandonner leur interprétation de l’islam) – il tente de les amener à renoncer à la violence», a déclaré Zachary Abuza à United Press International.
Abuza, un professeur au Simmons College de Boston, a longtemps étudié le terrorisme islamique dans la région et est l’auteur d’un essai qui sera diffusé prochainement comparant les programmes des trois pays.
Une étude publiée la semaine dernière par le Centre de lutte contre le terrorisme de l’Académie militaire West Point arrive à une conclusion similaire.
Kirsten Schulze, maître de conférences en histoire internationale à la London School of Economics, écrit dans l’édition de ce mois de la publication du centre, CTC Sentinel, qu’«il y a deux questions essentielles que (les leaders du programme) ont voulu déradicaliser dans l’esprit des djihadistes: le meurtre de civils et la «nécessité» d’un État islamique».
Ce dernier principe est à l’origine des aspects anti-État de l’idéologie djihadiste indonésienne, qui considère «toute personne qui travaille avec ou pour le gouvernement» comme un infidèle.
Schulze écrit que la police indonésienne croit «que s’ils pouvaient surmonter cela… alors d’autres principes djihadistes profondément ancrés seraient également remis en question».
Mais le programme, selon les dires de Schulze, ne semble pas contester systématiquement la justification du djihad violent.
«Alors que le meurtre de civils par des attentats-suicides est remis en question», conclut-elle dans son étude, «on a fermé les yeux sur la violence djihadiste dans les conflits de Ambon et Poso».
Dans les deux régions, des milices islamiques armées ont pris part à un conflit religieux âpre et sanglant, mais les religieux radicaux l’ont considéré comme un djihad défensif, une lutte pour la survie de la population musulmane où il est légitime de recourir à la violence.
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