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HALAL – Une pratique cruelle, tranche la science
Adresse originale : http://www.journaldemontreal.com/2012/10/20/une-pratique-cruelle-tranche-la-science
Auteur : Stéphan Dussault
Référence : Journal de Montréal, 21 octobre 2012, p.4
Titre original : HALAL – Une pratique cruelle, tranche la science
«Je ne vois pas de problème à ce que l’animal soit étourdi avant d’être égorgé si c’est ça l’évolution. L’important, c’est qu’il soit vivant avant qu’on l’égorge.»
– Abdelkrim Chenna, boucher musulman à la Boucherie Syr, à Paris.
«L’abattage rituel, c’est bien moins douloureux. Deux secondes et la bête est dans le coma.»
– Redouane Benbabaali, boucher musulman à la Boucherie d’Aligre, à Paris.
«On peut en parler longtemps, mais si tu dois mourir et que je te propose de t’égorger vivant ou de t’assommer avant de t’égorger, qu’est-ce que tu vas choisir?»
– Un employé d’un abattoir québécois, qui a requis l’anonymat.
Mais pourquoi donc les musulmans et les juifs s’entêtent-ils à égorger des animaux sans les avoir étourdis, se demandent plusieurs. Du côté musulman, la plupart des réponses se trouvent dans le Coran.
Le livre saint des musulmans interdit d’abord de manger une charogne.
«Or, avec l’étourdissement, on n’est jamais certain que l’animal est vivant au moment du sacrifice», signale Fateh Kimouche, musulman et fondateur du très populaire blogue français Al-Kanz, qui a généré 4,5 millions de visites l’an dernier.
Le Coran interdit aussi de faire souffrir un animal. «C’est une vaste farce de penser que l’abattage rituel est plus cruel», insiste d’ailleurs M. Kimouche.
La foi ou la science ?
«Ceux qui disent ça font preuve d’une mauvaise fois terrible. Ils ne se basent sur rien de valable», rétorque la biologiste Aurélia Warin-Ramette, de l’organisme Protection mondiale des animaux de ferme.
«De toute façon, c’est comme demander à un bourreau si son condamné a souffert», râle l’ancien sénateur français Nicolas About.
À la Fédération des vétérinaires d’Europe, on martèle depuis des années que l’abattage sans étourdissement est inacceptable. «La souffrance de l’animal ne fait aucun doute et est reconnue de tous. Des études scientifiques ont été menées et le prouvent», assurait son président Christophe Buhot.
Les Québécois préoccupés
Près d’un Québécois sur deux (46 %) est aussi d’accord pour dire que l’abattage rituel est cruel, révèle un sondage Léger Marketing réalisé pour le Journal en collaboration avec le colloque «Le halal dans tous ses états» qui débute mercredi prochain à Montréal.
«Si les choses sont bien faites, l’étourdissement peut générer une perte de conscience immédiate», dit Claudia Terlouw, chercheuse à l’Institut national de la recherche agronomique, rencontrée à Paris.
«Ce n’est pas le cas de la saignée sans étourdissement. Selon une étude, 30 % des bovins perdent conscience de 11 à 20 secondes après la saignée. Dans 8 % des cas, c’est plus d’une minute», dit-elle.
Mort lente
Pour l’agneau, on mentionne une moyenne de 14 secondes avant la perte de conscience, alors que pour le bœuf, ça va de 8 secondes à… 14 minutes.
Le temps est prolongé, surtout quand le travail est mal fait. «Les employés n’ont pas tous la même compétence. Mal étourdir ou mal saigner peut être très douloureux pour l’animal», précise la chercheuse Claudia Terlouw.
Photo jointe : Abdelkrim Chenna, boucher musulman à la Boucherie Syr, à Paris