Une gouvernement qui sème le Bien récolte le Mal
La tyrannie du Bien au Royaume-Uni.
L’éminent philosophe politique Kenneth Minogue observe un paradoxe au cœur de la société britannique contemporaine. Pendant de nombreuses années, les politiques gouvernementales et les institutions publiques ont été fondées sur la compassion, l’empathie, et la préoccupation pour autrui. Avec pour résultat, un accroissement de la manifestation des qualités opposées : l’indifférence, l’anarchie et la violence.
Les jeunes délinquants reçoivent des conseils plutôt que des sanctions. Nos troupes ne sont plus envoyées à l’étranger pour se battre, mais pour « gagner les cœurs et les esprits ».
Dans de larges pans du secteur public, le concept de «l’intelligence émotionnelle» à la mode a remplacé l’efficacité comme objectif central de la main-d’œuvre.
Pourtant, en dépit de ce vaste courant de bienveillance officiellement promue, la Grande-Bretagne est de plus en plus violente et dégénérée.
«La gentillesse est la caractéristique la plus marquée de la civilisation anglaise», a déjà écrit George Orwell. Comme ces mots sonnent creux aujourd’hui, alors qu’un nuage d’agression et de troubles plane sur notre société. Le centre-ville de presque toutes les villes britanniques les vendredi ou samedi soirs est un tourbillon de fureur ivre.
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Il semble que l’accent mis par l’État sur la compassion suscite une réaction de méchanceté accrue. La réponse à la supposée gentillesse des autorités, qu’on peut appeler « la tyrannie du bien », en est une d’aggravation de la méchanceté sociale.
Mais ce n’est pas une contradiction. C’est précisément l’imposition par le gouvernement du credo de la sympathie politisée, ce qu’on pourrait appeler « la tyrannie de la gentillesse », qui a créé cette culture de désordre chez nous.
Le professeur Minogue estime que la gentillesse officielle est perçue comme une marque de faiblesse et d’apathie. L’État ne se préoccupe pas vraiment de la façon dont les citoyens se comportent. Il n’y a pas de pénalité pour les comportements mauvais ou malveillants, et il n’y a aucune incitation à la vertu civique. En effet, les tentatives visant à promouvoir le bien commun ou l’ordre social sont considérées comme des jugements de valeur, de l’oppression, et une atteinte aux droits humains. C’est ainsi que la cohésion sociale a été mise à mal en Grande-Bretagne
via NSS
L’analyse de Kenneth Minogue rejoint à certains égards celle de Pierre-André Taguieff qui, dans son livre La Judéophobie des modernes, décrit notamment les effets pervers du multiculturalisme, soit «la fragmentation conflictuelle de l’espace public … l’individualisation négative … l’accroissement de la défiance entre les groupes séparés et, pour finir, la destruction de la vie civique, mettant en danger le régime démocratique.»
Il réfère aussi à une étude de Robert Putnam de l’Université Harvard selon laquelle «le « capital social», soit « les réseaux qui relient entre eux les membres d’une société et les normes de réciprocité et de confiance qui en découlent », tend à décliner lorsque s’accroît la diversité ethnique et culturelle».
Voir aussi:
La production en masse des victimes, par Jean-Jacques Tremblay
Rapport Bouchard-Taylor : fabriquer l’Homme Nouveau par la dictature de l’harmonie