Des jeunes femmes fuyant un mariage forcé sont trahies par des médecins généralistes et le personnel de l’assurance sociale qui font «collusion» avec les familles pour les retourner contre leur gré, a révélé un haut gradé de la police.
Des médecins et des travailleurs dans des Centres d’emploi passent outre aux règles de confidentialité et transmettent des informations vitales aux familles, ce qui leur permet de retrouver et de punir les femmes asiatiques qui tentent d’échapper à des mariages forcés et à la violence fondée sur l’«honneur» familial.
Le commandant Steve Allen, porte-parole sur les mariages forcés pour l’Association des chefs de police (ACPO), a révélé que certains médecins ont informé les familles des filles qui ont demandé à prendre la pilule contraceptive, plaçant ces dernières à la merci de pères ou de frères qui pensent que l’honneur de la famille est alors souillé.
Le commandant Allen a également dit à The Sunday Telegraph que des travailleurs dans des Centres d’emploi ont accédé aux renseignements de l’Assurance nationale sur des femmes qui fuient des maris violents, retraçant l’endroit où elles perçoivent des prestations et transmettant les détails à leurs familles afin qu’elles puissent être retrouvées et contraintes à retourner à leur domicile conjugal.
Dans un cas, la famille d’une jeune pakistanaise de 18 ans a tenté de la kidnapper dans un Centre d’emploi du sud de Londres après qu’elle ait été dénoncée par un membre du personnel. Le complot a été déjoué seulement parce que son petit ami est intervenu.
Le commandant Allen, de la police métropolitaine, a déclaré: «Des médecins généralistes disent à des pères que leur fille a été vue et qu’elle prend la pilule. Cela expose la fille à être tuée. Des employés du secteur public communiquent à un membre de la famille le numéro d’assurance sociale d’une personne sachant qu’il peut être utilisé pour retrouver son nouveau lieu de résidence partout à travers le pays».
«Il y a collusion de certains agents de la fonction publique et des personnes dans une position d’autorité, comme les médecins, à la base de ces infractions. Cela signifie que de nombreuses victimes n’ont pas la confiance requise pour faire état de leur situation».
Le commandant Allen a révélé que le problème est aggravé par certains officiers de police qui traitent les femmes qui fuient un mariage forcé comme des «adolescentes en fugue» et les retournent à leur famille – les mettant involontairement en danger. Cela a conduit à une rupture de confiance dans certaines régions, les jeunes filles asiatiques ayant peur de révéler leur situation à la police par crainte que leur famille en soit informée.
Il a également dit que, dans certaines communautés asiatiques, les femmes ne font pas confiance à la police parce qu’elles soupçonnent que les agents locaux informeront leur famille si elles tentent de fuir un mariage forcé. L’ACPO est en train de prendre des mesures urgentes pour résoudre le problème par une formation accrue des agents sur la façon de traiter ces cas.
Les avertissements du commandant Allen arrivent juste avant le lancement lundi d’une campagne à l’échelle européenne contre les mariages forcés et la violence fondée sur l’honneur.
La campagne, soutenue par l’ACPO, travaillera avec des femmes et des jeunes dans les communautés asiatiques pour mettre le problème en évidence et produire du matériel d’information pour les victimes qui ont besoin d’aide.
Shahien Taj, directeur du groupe de femmes The Henna Foundation à Cardiff, a déclaré: «Récemment, j’ai eu le cas à Birmingham d’une femme qui a dit qu’elle ne pouvait pas faire confiance à la police parce que neuf fois, elle s’était enfuie et neuf fois, les policiers l’ont ramenée à sa famille où elle a subi des abus. Heureusement l’ACPO se penche ouvertement sur ce genre de problème et tente d’y remédier».
Dans un autre cas, rapporté à un groupe de femmes, un inspecteur en chef a offert d’aider une famille à retracer une fille qui avait fui un mariage forcé.
Zalikha Ahmed, directeur du refuge Apna Haq pour femmes à South Yorkshire, a déclaré: «Nous devons être prudentes avec la police, en particulier les musulmans. Nous n’allons pas aux postes où travaillent certains officiers musulmans parce que certains d’entre eux sont des agresseurs et l’un d’eux a dit qu’il n’arrêterait pas quelqu’un qui bat sa femme».
Les 500 cas de mariages forcés actuellement connus des autorités ne sont qu’une infime proportion du nombre de jeunes filles et même des hommes soupçonnés d’être forcés à se marier contre leur gré.
Chaque semaine, un citoyen britannique doit être rescapé du Pakistan seulement par le Foreign and Commonwealth’s Forced Marriages Unit.
Le commandant Allen dit que de tels mariages résultent dans des années de voies de fait, de viol et d’abus psychologiques et émotionnels, culminant parfois dans l’enlèvement et même le meurtre des victimes lorsqu’elles tentent de fuir.
Citant le cas de Rukhsana Naz, une jeune fille de 19 ans de Derby tuée par son frère et sa mère après qu’elle soit devenue enceinte de son ami d’enfance, il a déclaré: «Je n’aurais jamais cru qu’une mère pourrait immobiliser une fille enceinte pendant que son frère l’étranglait parce qu’elle portait l’enfant d’un homme qu’elle n’aurait pas dû fréquenter».
Mais les officiers supérieurs admettent que, malgré l’horreur de ces cas auxquels ils sont confrontés, ils font face à une grande complaisance sur la question parmi certaines forces de police.
Le commandant Allen a déclaré: «Il y a un trop grand nombre de régionss où les gens ne croient pas que cela soit un problème pour eux. Mais nous assistons à des situations à travers le pays où les victimes, qui sont confrontées à des risques extrêmes, sont transférées vers une autre partie du pays, loin de leur lieu de résidence, par leurs familles».
«Il y a aussii des chasseurs de primes et des tueurs professionnels qui sont utilisés pour traquer des membres de la famille qui vont être tués. Ceci concerne la protection de l’enfance, les droits de l’homme, et des jeunes dont la vie est détruite et qui sont trop souvent assassinés parce qu’ils ont osé aimer avec leur coeur».
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Bien des musulmanes ne craignent pas tant l’islamophobie… que leur famille !