Ça n’a rien à voir avec l’islam, nous dit-on sans cesse. Mais ceux qui s’opposent à son interdiction s’avèrent souvent être des … savants de l’islam.
«Islamic scholar opposes ban on female circumcision», par Marwa Al-A’Sar
Dans un geste qui a suscité l’indignation parmi les défenseurs égyptiennes des droits des femmes, un érudit islamique controversé a intenté un procès contre le ministre de la santé pour protester contre une récente interdiction de l’excision, une pratique désignée par des groupes de défense des droits humains comme une « mutilations génitale féminine » (MGF).
Le Cheikh égyptien Youssif al Badri prétend que l’arrêté ministériel viole la Constitution égyptienne, ainsi que les principes de l’islam.
Des familles égyptiennes musulmanes et chrétiennes conservatrices font exciser leurs filles comme un moyen de préserver leur chasteté. Des études récentes révèlent que près de 90% des femmes égyptiennes ont été victimes de cette pratique.
En juin, le Ministère de la Santé a interdit aux médecins et aux infirmières de pratiquer l’excision. L’annonce suivait la mort d’une fillette de 11 ans à la suite de la procédure.
Les médecins qui effectuent des circoncisions peuvent faire face à l’emprisonnement et être dépouillés de leur permis de pratique.
Alors que Al Badri fait valoir que la pratique est nécessaire pour mettre un frein aux penchants sexuels des femmes, les activistes des droits des femmes et les médecins désapprouvent son point de vue.
« Beaucoup de femmes excisées qui sollicitent notre aide ont subi un traumatisme et sont incapables d’avoir une vie sexuelle normale, ce qui affecte leurs relations avec leur mari », a déclaré Nihad Abul Qomsan, chef du Centre égyptien pour les droits de la femme.
Elle accuse les cheikhs musulmans dans le monde arabe de se détourner des questions vitales. « Pas un seul des cheikhs qui arrive avec de tels arguments ne se préoccupe de la détérioration actuelle des conditions socio-économiques », a-t-elle noté. « Au lieu de cela, ils essaient de jouer le rôle de défenseurs de l’islam. »
Les plus hautes autorités islamiques et chrétiennes n’ont pas hésité à exprimer leur appui à cette interdiction, disant que la pratique n’avait pas de fondement ni dans le Coran ou dans la Bible.
« La Constitution est fondée sur la charia islamique, qui ne prescrit pas les mutilations génitales féminines, et accorde à la femme le droit de jouir des rapports sexuels avec son mari, » a déclaré Khalil Mustafa Khalil, qui détient une maîtrise sur les lois en matière de MGF, au journal indépendant Al Badeel.
Autres lectures sur le sujet:
Féminisme « progressiste » – Des anthropologues exaltent l’excision
Égypte – Suite à la mort d’une fillette, le gouvernement réitère l’interdiction de l’excision
Montréal – Immigration Canada dit non à la menace d’excision d’une fillette
Norvège – Interdiction de faire exciser une fille à l’étranger
VIDÉO- Égypte : Débat sur l’ablation du clitoris