Les chiites accusent les religieux saoudiens sunnites d’émettre des décrets religieux incitant à la violence à leur encontre au motif qu’ils seraient des «infidèles». Que dit l’OCI, qui prétend pourtant que tout amalgame entre islam et violence est un crime contre l’humanité, et que l’islam est une religion™ de paix™, de tolérance™, et de miséricorde™?
C’est une autre affaire Iran contre Arabie saoudite.
MediaLine: Des chiites en Égypte et en Irak projettent de poursuivre des oulémas saoudiens devant un tribunal international pour incitation à la violence contre la minorité chiite.
Les branches de l’institution Al Al-Beit au Caire et à Bagdad se sont unies pour porter plainte contre 22 dignitaires religieux saoudiens qu’elles accusent de délivrer des fatwas (décrets religieux) décrivant les chiites comme des infidèles et incitant à la violence à leur encontre.
Cette nouvelle a été publiée dans l’édition du dimanche du Al-Quds Al-‘Arabi, basé à Londres, et sur plusieurs autres sites Internet en langue arabe.
Muhammad A-Dureini, directeur de l’institut au Caire, a dit qu’il avait conclu un accord avec Wa’d Al-Husseini, son homologue du Al Al-Beit hachémite en Irak, en vue de poursuivre les dignitaires religieux saoudiens devant les tribunaux, à titre de règlement de comptes.
La branche irakienne d’Al Al-Beit fait les démarches appropriées afin que des accusations de crimes contre l’humanité soient portées contre les dignitaires religieux devant un tribunal international.
Al-Husseini a dit à Al-Quds Al-‘Arabi que plusieurs comités avaient complété la préparation d’actes d’accusation contre les dignitaires religieux saoudiens cette semaine.
Il a dit que des fatwas émises en Arabie saoudite et documentées en format audio et images, ordonnaient aux gens d’attaquer les chiites au motif qu’ils sont des infidèles.
Les chiites affirment qu’en vertu du droit international, cela est considéré comme un crime contre l’humanité et que des milliers de personnes en ont été victimes. Ces cas seront utilisés comme preuve dans un procès à venir.
Le dossier a été confié à un fonctionnaire irakien qui l’étudiera avant qu’il ne soit renvoyé à la cour internationale pour les crimes de guerre. L’affaire sera ainsi portée devant la cour par le biais d’institutions de l’État plutôt que par des intérêts privés.
« Nous avons des preuves solides que ces fatwas ont causé une augmentation de la violence et des attaques terroristes en Irak, » a dit Al-Husseini au journal. « Il y a eu une série d’attentats à la bombe après que ces 22 dignitaires religieux saoudiens aient émis une fatwa. Ces attentats ont blessé et tué plusieurs personnes. »
Toutefois, les experts en droit sont sceptiques quant à la possibilité que cette cause puisse être entendue dans un cadre juridique international.
Dr. Stefan Talmon, un expert en droit au Collège St. Anne de l’Université d’Oxford, a déclaré que même s’ils ont une bonne cause, un tribunal international n’aurait pas compétence.
« Il arrive souvent que pour des raisons de publicité, des gens disent qu’ils vont poursuivre quelqu’un devant un tribunal international, mais rien ne se concrétise jamais, » a dit Talmon à The Media Line, « pour la simple raison que la compétence des tribunaux internationaux est très limitée. »
Il a toutefois ajouté que le fait de poursuivre quelqu’un devant un tribunal international pour incitation à la violence n’est pas tiré par les cheveux, et il a cité un cas similaire au Rwanda, où une radio a été condamnée pour incitation à la violence sur les ondes.
Al-Husseini a relié la cause au conflit israélo-palestinien, et déclaré que le conflit ne sera jamais résolu, que les Israéliens ne seront jamais vaincus et que les Palestiniens n’auront jamais un État indépendant, tant que le reste du monde musulman sera en proie à un conflit interne.
Il a appelé les religieux égyptiens à faire tout leur possible pour combler le fossé avec la minorité chiite.
Environ 15 % des musulmans dans le monde adhèrent au chiisme, qui constitue le deuxième plus grand groupe de croyants dans l’Islam après les sunnites. Ils se plaignent souvent de discrimination et de restrictions à la liberté religieuse par les pouvoirs sunnites dominants.
La principale pomme de discorde entre sunnites et chiites est la question de la succession de Mahomet, qui serait mort en l’an 632 de notre ère.
L’Iran a la plus forte concentration de chiites, la vaste majorité de ses 70 millions d’habitants adhérant à cette branche de l’islam. Il y a aussi d’importants groupes chiites en Irak, en Arabie saoudite, au Bahreïn, à Oman, au Koweït, au Pakistan et au Liban.
La violence sectaire entre les sunnites et les chiites en Irak est l’un des principaux problèmes auxquels est confronté le pays.
Il y a aussi des tensions entre les forces de sécurité et les chiites en Arabie saoudite. La majorité des chiites est concentrée dans une zone riche en pétrole dans l’est du pays.
Un chiite saoudien a dit à The Media Line que les relations entre les chiites et les sunnites dans le Royaume saoudien étaient mauvaises, et que les actualités publiées par les médias saoudiens au sujet des chiites ou de l’Iran utilisent souvent un langage péjoratif ou incitant à la haine, les chiites étant qualifiés d’ennemis de l’islam et accusés d’être antipatriotiques.
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