La Presse révéla le 20 mai dernier que le journal Rue Frontenac est poursuivi par l’école Dar al-Iman de Montréal. (Point de Bascule) Dans leur requête introductive d’instance, les procureurs de l’Institut d’enseignement Dar al-Iman qui administre l’école du même nom exigent de Rue Frontenac des dommages moraux évalués à 300 000$ et des dommages exemplaires de 50 000$.
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La Presse révéla le 20 mai dernier que le journal Rue Frontenac est poursuivi par l’école Dar al-Iman de Montréal. (Point de Bascule) Dans leur requête introductive d’instance, les procureurs de l’Institut d’enseignement Dar al-Iman qui administre l’école du même nom exigent de Rue Frontenac des dommages moraux évalués à 300 000$ et des dommages exemplaires de 50 000$.
Les procureurs de Dar al-Iman reprochent à Rue Frontenac d’avoir publié deux articles qui font notamment « des rapprochements fantaisistes entre l’École et le Hamas » et d’avoir insinué « que l’École participe à des transferts de fonds qui iraient alimenter le terrorisme ». La requête assure que l’école « a utilisé tous les fonds publics jamais reçus par elle uniquement aux fins éducatives, scolaires et parascolaires prévues au Québec ».
Au moment de la publication des articles, l’école Dar al-Iman se déclarait « affiliée » à la Muslim Association of Canada (MAC) sur son propre site internet.
La MAC, quant à elle, déclare sur son site internet que ses origines remontent « à la renaissance islamique du début du XXe siècle, culminant avec le mouvement des Frères Musulmans ». La MAC déclare également « adopte(r) et fai(re) tous les efforts pour appliquer l’islam (…) tel qu’il a été compris dans le contexte contemporain par le regretté imam Hassan al-Banna (1906 – 1949), le fondateur des Frères Musulmans. La MAC considère cette idéologie comme la meilleure représentation de l’islam tel qu’il fut présenté par le Prophète Muhammad. »
Les deux articles de Rue Frontenac visés par la requête sont les suivants :
25 novembre 2010
Subventions controversées à des intégristes musulmans
Archives PdeB ICI
20 janvier 2011
École islamiste subventionnée – Des transferts de fonds inquiétants
Archives PdeB ICI
Dans ses articles, Vincent Larouche a mentionné que l’école Dar al-Iman reçoit une subvention de 555 500$ par année du ministère de l’Éducation et que la MAC à laquelle elle est affiliée finance trois organisations qui ont été soupçonnées dans le passé d’appuyer le terrorisme international: IRFAN-Canada, Islamic Relief Canada (IRC) et Human Concern International (HCI).
Depuis la publication des deux articles de Rue Frontenac, les inquiétudes de Vincent Larouche et celles de deux anciens cadres du SCRS consultés pour ses articles ont été confirmées. En avril 2011 le gouvernement du Canada a retiré à IRFAN-Canada son statut d’organisme de bienfaisance pour avoir transféré 14,6 millions de dollars à l’organisation terroriste Hamas.
En 2004, la MAC a défendu le Hamas même après qu’il ait été inscrit sur le registre d’organisations terroristes identifiées par le gouvernement du Canada en 2002.
NOTE: Pour les fins de cet article, nous avons archivé plusieurs pages internet en format PDF vers lesquelles nous dirigeons le lecteur. Dans cet article, on retrouve à l’occasion deux hyperliens côte à côte: un qui mène vers un site extérieur à Point de Bascule et un autre vers la même page archivée sur Point de Bascule. Cette répétition vise à assurer que le contenu de la page demeure disponible même si les administrateurs du site original devaient la retirer. Dans le cas des pages provenant de sites islamistes, nous nous sommes limités à offrir des liens vers celles que nous avons archivées sur Point de Bascule puisque les islamistes modifient ou éliminent fréquemment les pages de leurs sites après qu’elles aient été citées par leurs critiques.
Lazhar Aissaoui, directeur de Dar al-Iman et trésorier de la MAC
Bien que son nom n’apparaisse pas dans la requête introductive d’instance, Lazhar Aissaoui est le personnage central de la controverse opposant l’école Dar al-Iman à Rue Frontenac. Depuis au moins 2001, M. Aissaoui siège sur le conseil de direction de l’Institut d’enseignement Dar al-Iman qui administre l’école du même nom. L’information peut être confirmée en consultant les déclarations que l’Institut a soumises à l’Agence de revenu du Canada (ARC). M. Aissaoui est également le directeur de l’école Dar al-Iman.
Parallèlement à ses fonctions de directeur d’école, M. Aissaoui a fait partie du conseil de direction de la Muslim Association of Canada (MAC) de 2002 jusqu’à au début de 2011. Selon les déclarations soumises par la MAC à l’ARC, M. Aissaoui a siégé sur son conseil d’abord à titre de directeur de 2002 à 2007, puis de trésorier de 2007 à 2011. Le départ de M. Aissaoui du conseil de direction de la MAC a coïncidé avec le début des procédures de l’école Dar al-Iman contre Rue Frontenac.
Au moment où les articles de Vincent Larouche ont été publiés, l’école Dar al-Iman reconnaissait sur son site internet « être affiliée à l’Association musulmane du Canada (MAC) (…) depuis décembre 2003 ».
Dans un communiqué (Archives PdeB) publié le 6 décembre 2010, le directeur Aissaoui a reconnu que la MAC fournit du matériel scolaire et des programmes de formation à son école. Dans l’entrevue qu’il a accordée pour le premier article (Archives PdeB) de Vincent Larouche, M. Aissaoui a indiqué que son école ajoute une heure d’études coraniques, une heure d’études islamiques et deux heures de langue arabe par semaine au programme régulier. C’est vraisemblablement durant ces quatre heures qu’on fait le plus grand usage du matériel de la MAC.
Depuis que Dar al-Iman a amorcé ses procédures judiciaires contre Rue Frontenac, le site internet de l’école a été modifié pour atténuer la nature des liens que celle-ci entretient avec la MAC. Au lieu de se déclarer « affiliée » à la MAC, l’école Dar al-Iman déclare désormais avoir établi « des relations de coopération avec plusieurs écoles musulmanes dont les écoles de l’Association Musulmane du Canada (MAC) ». Les deux versions sont disponibles côte à côte ICI.
Plusieurs documents de la MAC elle-même mentionnent l’affiliation de l’école Dar al-Iman au réseau d’institutions de la MAC. À titre d’exemple, dans une brochure (p. 3) produite par MAC London en Ontario et signée par Sharaf Sharafeldin, le président de la MAC jusqu’au début de 2011, on identifie Dar al-Iman et l’école Abraar d’Ottawa comme des « institutions de la MAC » (“MAC institutions”).
En 2005, l’école Abraar a fait les manchettes après que deux de ses professeurs aient louangé l’essai d’un de leurs étudiants qui encourageait de tuer les juifs.(The Telegraph – Londres, Royaume-Uni)
Sur son site internet, la MAC déclare considérer l’idéologie des Frères Musulmans « comme la meilleure représentation de l’islam tel qu’il fut présenté par le Prophète Muhammad ». Elle ajoute « fai(re) tous les efforts » pour l’appliquer au Canada.
Hormis le Hamas (Charte – article 2), la MAC est vraisemblablement la seule organisation à afficher ouvertement son affiliation aux Frères Musulmans selon le Global Muslim Brotherhood Daily Report (GMBDR). Le GMBDR se spécialise dans l’analyse des activités des Frères Musulmans à travers le monde.
Un site internet (p. 8) de MAC Youth qui était encore accessible il y a quelques mois présentait Hassan al-Banna comme un modèle aux jeunes musulmans francophones. Le site rappelait, notamment, que dès l’âge de douze ans, al-Banna « s’impliqua dans des activités islamiques visant à répandre la vertu et à lutter contre les actes et les paroles blâmables ».
Dans son Tariq Ramadan dévoilé, l’auteur Lionel Favrot donne des exemples d’activités spécifiques menées par le jeune al-Banna en ce sens. Jeune adolescent, al-Banna contacta la police pour faire enlever une statue de femme nue à la proue d’une barque amarrée au port de son village, il envoya des lettres anonymes à ses voisins « pour dénoncer les actes interdits par l’islam », etc.
Lionel Favrot, Tariq Ramadan dévoilé, Lyon (France), Lyon Mag’ Hors Série, 2004, pp. 23-24
NOTE: La publication du livre de Lionel Favrot a suivi celle de plusieurs de ses articles sur l’islam radical par le magazine Lyon Mag’ peu après le 11 septembre 2001. Suite à la publication de ces articles, Tariq Ramadan a poursuivi le magazine pour diffamation en 2003. Après une saga judiciaire de sept ans, une Cour européenne acquitta le magazine. La Cour fit valoir que l’enquête de Favrot s’inscrivait dans un « débat d’intérêt général » et que le journaliste avait fait preuve de « prudence » sans manifester « aucune animosité personnelle » envers Tariq Ramadan. (Point de Bascule)
Les grands principes de la société idéale de Hassan al-Banna sont résumés dans son manifeste en 50 points. Al-Banna y promeut l’abolition des partis politiques et l’instauration d’un système de parti unique, la modification des lois pour les rendre conformes à la charia, la multiplication d’associations vouées à la promotion de l’esprit du jihad dans la jeunesse, la fermeture des salles de danse, la censure des films et des pièces de théâtre, l’imposition d’un code vestimentaire unique à la population, etc.
Dans d’autres textes, al-Banna a promu le jihad offensif (On Jihad), il s’est fait l’apologiste d’Adolf Hitler (To what Do We Invite Humanity?), etc.
Point de Bascule a reproduit des articles du New York Times publiés en 1948-1949 qui rapportent les activités terroristes menées en Égypte par les Frères Musulmans du vivant de Hassan al-Banna. Un article du 4 février 1949 fait état de la formation d’un escadron de 200 militants prêts à mener des attentats suicide pour l’organisation. D’autres articles rapportent l’assassinat du premier ministre égyptien par les Frères Musulmans en 1948, des attentats à la bombe menés par l’organisation, des découvertes de caches d’armes, etc.
S’inspirant de l’escadron mis sur pied par Hassan al-Banna pour mener des attentats suicide dans l’Égypte des années ’40 et promouvant l’esprit du jihad dans la jeunesse comme le recommandait al-Banna dans son manifeste en 50 points, le Hamas a organisé ses propres attentats suicide menés par de jeunes Palestiniens.
Le Hamas organise des attentats suicide, lance des roquettes et mène d’autres opérations dans le but avoué de rayer l’État d’Israël de la carte. En cela, le Hamas est également fidèle à la pensée de Hassan al-Banna :
« Israël va exister et va continuer d’exister jusqu’à ce que l’islam l’élimine comme il a éliminé ce qu’il y avait avant lui. » (Hassan al-Banna cité dans l’introduction de la charte du Hamas)
Dans sa charte, le Hamas cite également un hadith de Boukhari (810-870) et des versets du Coran (2:120, 5:64 et 59:13) pour justifier son offensive :
« Le Prophète (Muhammad) a dit : L’heure du jugement ne viendra pas avant que les musulmans ne combattent les juifs et ne les tuent. Lorsque le juif se cache derrière un rocher ou un arbre, celui-ci dira : ‘Ô musulman, ô serviteur d’Allah, un juif se cache derrière moi, viens le tuer.’ Seul le Gharqad gardera le silence car il fait partie des arbres des juifs. » (Hadith de Boukhari cité à l’article 7 de la charte du Hamas)
2:120 « Ni les Juifs, ni les Chrétiens ne seront jamais satisfaits de toi, jusqu’à ce que tu suives leur religion. – Dis : “Certes, c’est la direction d’Allah qui est la vraie direction”. Mais si tu suis leurs passions après ce que tu as reçu de science, tu n’auras contre Allah ni protecteur ni secoureur. »
59:13 « Vous jetez dans leurs cœurs plus de terreur qu’Allah. C’est qu’ils sont des gens qui ne comprennent pas. »
Ces passages ont été écrit des siècles avant la création de l’État d’Israël. Ils invalident la thèse de ceux qui justifient le combat du Hamas et des Frères Musulmans contre Israël en faisant une distinction entre « l’État d’Israël » et « les juifs en général ».
En 2009, l’organisation IRFAN-Canada dont le statut d’œuvre de bienfaisance a été révoqué pour son appui financier au terrorisme a invité l’ancien mufti de Jérusalem Ekrema (Ekrima) Sabri, un promoteur des attentats suicide à prononcer une conférence lors d’une de ses levées de fonds. L’assemblée s’est déroulée dans les locaux de la MAC au Centre culturel Laurentien sur le boulevard du même nom à Montréal.
Dans une interview publiée en 2000, Ekrema Sabri a déclaré que « plus jeune est le martyr et plus je le respecte ». Le site égyptien des Frères Musulmans consacre de nombreux articles à Ekrema Sabri.
On ne soulignera jamais assez combien il est inacceptable que la MAC qui encadre les jeunes musulmans au Canada en organisant des activités scolaires, religieuses, sportives et scoutes invite dans ses locaux un homme qui encourage les missions suicide menées par des jeunes.
Selon les renseignements disponibles sur le site de l’Agence de revenu du Canada, la MAC a donné 296 514$ à IRFAN- Canada de 2001 à 2010.
Au moment où Vincent Larouche a publié ses articles, IRFAN-Canada était suspendu par l’Agence de revenu du Canada (ARC) pour ses mauvaises pratiques comptables. Quelques semaines après la publication des articles de Larouche, IRFAN a perdu définitivement son statut d’œuvre de bienfaisance en raison de son appui financier au terrorisme.
Le sommaire des motifs de révocation émis par l’Agence de revenu du Canada précise qu’une vérification comptable « a permis de constater qu’IRFAN-Canada a fourni plus de 14,6 millions de dollars en ressources à des organismes partenaires dirigés par des représentants du Hamas ». (Toronto Star – GMBDR)
Depuis 2002, le Hamas figure aux côtés d’al-Qaïda, du Jihad islamique égyptien, du Sentier lumineux péruvien et d’autres entités sur le registre des organisations terroristes identifiées par le gouvernement du Canada. En finançant le Hamas, IRFAN-Canada a contrevenu à la Loi sur l’enregistrement des organismes de bienfaisance (renseignements de sécurité) qui interdit de financer et de faciliter les activités d’entités inscrites sur le registre.
Sécurité publique Canada fournit la définition suivante du Hamas dans son registre des entités terroristes :
Le Hamas, acronyme en arabe du groupe Harakat Al-Muqawama Al-Islamiya, est une organisation terroriste islamiste-nationaliste radicale issue de l’aile palestinienne des Frères musulmans, en 1987. Il utilise des moyens politiques et violents pour atteindre son objectif, soit la création d’un État palestinien islamique en Israël. Depuis 1990, le Hamas a commis plusieurs centaines d’attentats terroristes contre des cibles aussi bien civiles que militaires. Pendant l’Intifada, qui a commencé en septembre 2000, le Hamas était l’un des principaux groupes impliqués dans les attentats suicide contre les Israéliens. En 2006, le Hamas a participé aux élections parlementaires en Palestine et les a remportées, ce qui lui a permis de négocier avec l’Autorité palestinienne au sujet de la formation d’un gouvernement de coalition. Toutefois, en 2007, le Hamas a renversé l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza et a pris le pouvoir. Même si les dirigeants politiques du groupe sont à Damas, le groupe concentre ses activités terroristes contre Israël dans la bande de Gaza.
La MAC défend le Hamas
À chacune des neuf années où Lazhar Aissaoui siégea sur le conseil de direction de la MAC, l’organisation contribua à IRFAN-Canada qui agit comme collecteur de fonds du Hamas. Les chèques que la MAC donna à IRFAN à partir de 2007 ont peut-être même été signés personnellement par M. Aissaoui puisqu’il était le trésorier de l’organisme donateur.
En 2004, la MAC a pris la défense du Hamas dans un communiqué de presse. C’était plus d’un an après que le Hamas ait été désigné comme une organisation terroriste par le gouvernement du Canada. Dans son communiqué, la MAC cherchait à réfuter ceux qui condamnent les opérations militaires du Hamas en indiquant que l’organisation faisait également du travail humanitaire. Si la mise sur pied d’hôpitaux par une organisation constitue l’ultime critère pour déterminer ce qui mérite d’être défendu, aucun totalitarisme n’aurait jamais pu être stoppé dans le passé. Après tout, les Khmers rouges avaient des hôpitaux et les nazis en avaient également.
Dans la cause R. v. Ahmad, 2009 CanLII 84774 (ON SC) (sections 80-84), le juge Dawson a expliqué qu’un organisme canadien qui fournit des fonds pour la construction d’écoles (et on peut extrapoler pour d’autres activités humanitaires) à Gaza permet au Hamas de transférer les sommes qu’il aurait consacrées à ces fins civiles vers d’autres fins. En pratique, il est donc impossible de dissocier les contributions faites pour les activités humanitaires du Hamas de celles qui sont faites pour appuyer ses activités terroristes et militaires.
Il convient de souligner que selon les documents soumis à l’ARC, le nouveau président de la MAC, Wael Haddara, a siégé sur le conseil de direction d’IRFAN-Canada en 2000 et 2002. Les renseignements de 2001 ne sont pas disponibles. M. Haddara est membre du conseil de direction de la MAC depuis 2002 (à l’exception de l’année 2006).
WICS-Canada
La MAC a maintenu des liens avec plusieurs organisations islamiques durant les neuf ans où M. Aissaoui a été un de ses directeurs puis son trésorier.
Une brochure (p. 8) publiée par la MAC à London (Ontario) mentionne : « Nous avons travaillé étroitement avec des organisations musulmanes de London comme la London Muslim Mosque (LMM), l’Islamic Centre of South West Ontario (ICSO) et la Muslim Students’ Association (MSA) à l’Université Western Ontario. »
Selon les plus récents renseignements concernant l’ICSO qui soient disponibles sur le site de l’Agence de revenu du Canada (année 2009), un dénommé Assem Fadel est le trésorier de l’organisation. Le même Fadel est également président de la section canadienne de la World Islamic Call Society (WICS-Canada) basée à London (Ontario). Au printemps 2011, le gouvernement du Canada a révoqué le statut d’organisme de bienfaisance de WICS-Canada parce qu’à l’instar d’IRFAN-Canada, il avait transmis des fonds à des organisations terroristes. (Point de Bascule – GMBDR)
La WICS est basée à Tripoli en Libye. Elle a été mise sur pied en 1972 par Muammar Khadafi pour exporter son type particulier de radicalisme islamiste et socialiste à travers le monde.
Selon des documents émanant du gouvernement fédéral auxquels eut accès le Ottawa Citizen, WICS-Canada a notamment financé des militants musulmans qui planifiaient de faire sauter l’aéroport JFK de New York en 2007.
En 2004, lors d’un compromis (plea bargain) avec les procureurs du gouvernement américain, Abdurahman Alamoudi, un leader islamiste à la fois membre des Frères Musulmans et de la WICS opérant aux États-Unis a admis avoir été payé par la Libye pour assassiner un dirigeant saoudien. Il avait également admis avoir transmis des fonds libyens au Hamas. (DanielPipes.org)
Matthew Levitt, Dennis Ross, Hamas : Politics, Charity, and Terrorism in the Service of Jihad, New Haven, Yale University Press, 2006, p. 187 – Google Books
Ekrema Sabri, le promoteur des attentats suicide par les enfants invité par IRFAN-Canada à prononcer une conférence dans les locaux de la MAC à Montréal en 2009 a participé à de nombreuses activités de la WICS dans le passé.
PdeB a archivé une page de la WICS désormais inaccessible sur son site original qui rapporte un hommage que Sabri a rendu à Muammar Kadhafi le 15 novembre 2009. Une autre page du site de la WICS archivée sur PdeB relate la participation d’Ekrema Sabri à une activité de la WICS libyenne qui s’est déroulée le 25 juin 2009.
Sur une page du site de la WICS datant du 19 octobre 2009, on présente Munir el-Kassem (Qasimi) comme un membre du World Council of Islamic Call. Cet organisme sert de comité exécutif à la WICS. En février 2010, le journal Muslim Link d’Ottawa (p. 15) annonça la participation de Munir el-Kassem (Elkassem) à une activité de financement d’IRFAN-Canada qui s’est déroulée à Ottawa en mars 2010.
Munir el-Kassem a participé à de nombreuses activités de la MAC tout en ayant des liens privilégiés avec l’organisation de Kadhafi.
Les liens entre la MAC, l’ICSO et son trésorier Assem Fadel qui est également le président de WICS-Canada ont été récemment évoqués par des opposants au financement par la MAC d’une chaire d’études islamiques à Huron University College de London (Ontario). (London Free Press – GMBDR)
Un autre Fadel (Adeeb) est identifié comme le secrétaire de la MAC dans les quatre dernières déclarations (2007 – 2010) que l’organisation a soumises à l’Agence de revenu du Canada. Nous ignorons s’il existe un lien familial entre Assem Fadel et Adeeb Fadel, tous deux de London (Ontario).
Bien que Kadhafi et les Frères Musulmans se soient déjà affrontés et s’affrontent de nouveau aujourd’hui sur le sol libyen, ils ont activement collaboré dans le passé pour mener des activités à l’extérieur de la Libye.
Kadhafi et les Frères Musulmans s’entendaient sur l’utilisation du dialogue interreligieux comme outil de pénétration des sociétés occidentales. Une page internet datant de 2006 archivée par Point de Bascule identifie trois leaders islamistes nord-américains impliqués simultanément avec la WICS et les Frères Musulmans : Munir el-Kassem, Mahmoud Ayoub et Ibrahim Abu-Rabi.
Quand le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, demanda aux soldats libyens de tuer Muammar Kadhafi au début de 2011, Point de Bascule a publié un article sur la collaboration passée entre le régime libyen de Kadhafi et les Frères Musulmans : The Muslim Brotherhood and Gaddafi were partners not too long ago (Les Frères Musulmans et Kadhafi étaient partenaires il n’a pas si longtemps).
Human Concern International (HCI)
Dans l’article où il abordait le financement de Human Concern International (HCI) par la MAC, Vincent Larouche a rappelé la participation d’Ahmed Saïd Khadr, directeur régional de HCI au Pakistan, aux attaques menées par al-Qaïda dans la région.
Le 19 novembre 1995, un attentat contre l’ambassade égyptienne à Islamabad (Pakistan) fit dix-sept morts et une soixantaine sont blessés. Le 3 décembre, Khadr fut arrêté par la police pakistanaise qui le soupçonnait d’avoir financé l’attentat suicide.
À l’époque, le Globe and Mail rapporta que c’est le Jamaat-e-Islami, un parti islamiste pakistanais allié des Frères Musulmans qui avait fourni un avocat à Khadr.
John Stackhouse, The Globe and Mail (Toronto), January 16, 1996, p. A10
Pakistan reveals charges against Canadian Ahmed Said Khadr under investigation regarding terrorist bombing, government says
Éventuellement, Khadr fut libéré sans subir de procès après que le premier ministre Jean Chrétien ait exercé des pressions sur son homologue Benazir Bhutto. À l’époque, Khadr revint au Canada durant quelques temps et retourna au Pakistan pour reprendre le jihad là où il l’avait laissé. Le 2 octobre 2003, Ahmed Saïd Khadr est mort dans un affrontement entre al-Qaïda et l’armée pakistanaise.
En 2008, l’organisation HCI commandita la venue au Canada de Qazi Hussain Ahmad, un leader du Jamaat-e-Islami (JEI) pakistanais, l’organisation même qui avait fourni un avocat à Ahmed Khadr treize ans plus tôt. Suite à des pressions exercées par la Canadian Coalition for Democracies, le ministère de l’Immigration du Canada refusa un visa au leader islamiste du JEI pakistanais. (GMBDR)
Le programme révolutionnaire du JEI tel que présenté par son fondateur, l’exégète musulman Abul A’la Maududi (1903 – 1979), ne laisse aucune place à l’ambiguïté :
« L’islam cherche à détruire tous les états et les gouvernements opposés à l’idéologie et au programme de l’islam où qu’ils soient sur terre. (…) Le but de l’islam est d’instaurer un état fondé sur son propre programme et sa propre idéologie. (…) L’objectif du jihad islamique consiste à éliminer les systèmes non-islamiques et à les remplacer par un système islamique de gouvernement. L’islam n’entend pas limiter cette révolution à un seul état ou à quelques pays; le but de l’islam c’est de provoquer une révolution universelle. » (Jihad in Islam, pp. 6 et 22)
Tariq Ramadan a identifié Maududi comme l’un des principaux représentants du courant dit « réformiste salafiste » auquel il appartient.
Tariq Ramadan, Western Muslims and the Future of Islam, New York, Oxford University Press, 2004, p. 26
En avril 2010, la MAC a invité Tariq Ramadan à présenter une conférence à Montréal.
En 2002, une organisation vouée à l’abolition de la torture dans le monde a perdu son statut d’œuvre de bienfaisance parce que les autorités fédérales ont jugé que ses membres passaient trop de temps à contacter des politiciens pour défendre leurs idéaux, ce qui est jugé contraire au mandat de telles associations. (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture c. Canada, 2002 CAF 499)
Pendant ce temps, des organisations comme HCI et Islamic Relief invitent au Canada des individus hostiles aux libertés individuelles comme Zakir Naik et le leader du JEI et continuent de bénéficier des avantages du système fiscal canadien.
L’édition d’octobre 2004 du journal Muslim Link (p. 4) d’Ottawa nous apprend que HCI a versé une somme de 29 700$ à IRFAN-Canada lors d’une levée de fonds.
Le financement public de l’école Dar al-Iman discuté à l’Assemblée nationale
Après la publication du premier article de Vincent Larouche, la critique de l’Opposition en matière d’Éducation, Monique Richard, a contesté, à l’Assemblée nationale, le bien-fondé de subventionner une école affiliée à la MAC. Lors de son intervention du 2 décembre 2010, la députée a décrit la MAC comme étant « contre la civilisation occidentale et l’essentiel de leur philosophie (comme étant) antisémite, antigays et antifemmes ».
La ministre de l’Éducation Line Beauchamp lui avait alors répondu en niant l’existence de liens entre l’école Dar al-Iman et la MAC. La ministre avait soutenu que les subventions ne sont pas versées à la MAC mais à l’Institut d’enseignement Dar al-Iman qui administre l’école.
Pour confirmer la description qu’a faite la députée Richard de la philosophie de la MAC et des Frères Musulmans, Point de Bascule a publié en janvier 2011 un article qui associe chacun des quatre éléments de sa déclaration à des prises de position spécifiques de Youssef Qaradawi, le guide spirituel des Frères Musulmans endossé par la MAC.
Le 3 décembre 2010, Monique Richard est revenue à la charge pour démontrer à la ministre l’existence de liens entre l’école et la MAC. Elle souligna que Lazhar Aissaoui siégeait à la fois sur le conseil de direction de l’Institut qui administre l’école et sur celui de la MAC. Elle rappela que la MAC affirme sur son site internet « trouve(r) ses origines dans la renaissance islamique du début du XXe siècle, culminant avec (l)es Frères musulmans ».
Réagissant à la seconde intervention de Monique Richard, la ministre Beauchamp modifia sa réponse de la veille. Elle cessa de nier l’existence de liens entre l’école et la MAC et tenta plutôt de convaincre ses collègues que la MAC ne représentait pas un danger pour le Canada.
Débat à l’Assemblée nationale concernant l’école Dar al-Iman
2 décembre 2010
Échange entre la députée Monique Richard et la ministre Line Beauchamp ICI
Vidéo (15:19) ICI
3 décembre 2010
Échange entre la députée Monique Richard et la ministre Line Beauchamp ICI
Vidéo (7:54) ICI
Les réactions de Lazhar Aissaoui
Suite aux deux débats survenus à l’Assemblée nationale et à la publication du deuxième article de Vincent Larouche, le directeur de l’école Dar al-Iman et trésorier de la MAC, Lazhar Aissaoui, a réagit en publiant deux communiqués de presse :
6 décembre 2010
La transmission des valeurs québécoises une priorité de l’école Dar al-Iman ICI
Archives PdeB ICI
20 janvier 2011
L’école primaire Dar al-Iman réfute entièrement les allégations gratuites de RueFrontenac.com ICI
Archives PdeB ICI
Dans son second communiqué, Lazhar Aissaoui a soutenu qu’il était « farfelu » de suggérer que l’école Dar al-Iman puisse être impliquée dans le financement du jihad mondial. Il a fait référence à IRFAN-Canada, Human Concern International et Islamic Relief en les décrivant comme des organismes de charité « reconnus comme tels par les autorités canadiennes ». À titre de directeur de la MAC de 2002 à 2007 et de trésorier de 2007 à 2011, il a été directement impliqué dans la décision de la MAC de financer ces organisations.
Dans son communiqué de janvier 2011, M. Aissaoui a passé sous silence le fait qu’IRFAN-Canada était suspendu depuis avril 2010 par l’Agence de revenu du Canada pour ses mauvaises pratiques comptables. Le statut d’œuvre de bienfaisance d’IRFAN a été révoqué depuis en raison de son appui au terrorisme. Le président de la MAC à l’époque, Sharaf Sharafeldin, avait fait la même omission en défendant les trois mêmes organisations dans une entrevue accordée à Vincent Larouche pour son deuxième article.
L’artillerie lourde des Frères Musulmans à la rescousse de Dar al-Iman
À la suite des deux débats de l’Assemblée nationale, deux poids lourds des Frères Musulmans actifs dans la région de Montréal sont intervenus pour critiquer la députée Monique Richard qui s’était opposée au financement public de l’école Dar al-Iman. Il s’agit de Salam Elmenyawi et de Rachid Boudjarane. Un représentant du gouvernement marocain à Montréal, Abdelghani Dades, était également intervenu pour condamner la députée Monique Richard. (Abdelghani Dades défend-il les Frères Musulmans au nom du gouvernement marocain?)
Salam Elmenyawi a reproché à Monique Richard de critiquer l’école en se fondant sur un lien présumé (“alleged association”). Comme si la nature des liens entre la MAC et l’école Dar al-Iman était obscure.
Elmenyawi dirige une importante courroie de transmission des Frères Musulmans à Montréal, le Muslim Council of Montreal (MCM). En septembre 2010, en compagnie de plusieurs leaders des Frères Musulmans dont Tariq Ramadan et Jamal Badawi, Elmenyawi s’adressa aux participants à la conférence Our Families, Our Foundation décrite par les organisateurs comme « la plus grande conférence islamique de l’histoire de Montréal ».
Islamic Relief, une organisation qui a reçu plus de 100 000$ de la MAC en deux ans selon les données compilées par Vincent Larouche, et la MAC elle-même étaient associés à la tenue de l’événement à Montréal.
Un des organisateurs de la conférence, Amadou Shakur de United for Change, s’était déclaré favorable à la charia à Valérie Simard de Cyberpresse. Il avait notamment endossé le recours à l’amputation pour les voleurs.
NOTE : Le manuel de charia Umdat al-Salik (Reliance of the Traveller) est approuvé par différentes organisations associés aux Frères Musulmans dont l’International Institute of Islamic Thought (IIIT) basé en Virginie. L’IIIT et la MAC se sont récemment associés pour financer la mise sur pied d’une chaire d’études islamiques à Huron University College à London (Ontario). L’amputation des voleurs est prévue à la section o14.1 de Reliance of the Traveller, les mutilations génitales féminines sont justifiées à la section e4.3 et certains crimes d’honneur sont justifiés à la section o1.2(4). Umdat al-Salik (Reliance of the Traveller) est disponible sur le site de l’Université de Waterloo (Ontario).
L’association de Salam Elmenyawi avec l’école Dar al-Iman remonte à plusieurs années. En 2003, alors qu’il agissait comme médiateur dans un conflit qui opposait les membres du conseil d’administration d’une autre école musulmane de Montréal située à Notre Dame de Grâce, il avait endossé l’ajout de huit administrateurs de l’école Dar al-Iman au CA de l’école de NDG.
Kinda Jayoush, The Gazette (Montreal), May 10, 2003, p. A6
Muslim school shakes up board
En 2003, Elmenyawi a incité les musulmans à ne pas collaborer avec le Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) s’ils devaient être contactés lors d’enquêtes visant à identifier des supporteurs du terrorisme international vivant au Canada.
Kinda Jayoush, Levon Sevunts, The Gazette (Montreal), July 2, 2003, p. A1
Don’t co-operate with CSIS, Muslims told
En 2005, Elmenyawi a été l’un des principaux opposants à la motion de l’Assemblée nationale du Québec contre l’introduction de la charia au Canada via les tribunaux islamiques.
Mike De Souze, The Gazette (Montreal), March 11, 2005
Keep Islamic law out of Canada, Quebec politicians urge
En 2004, alors qu’il travaillait avec d’autres leaders musulmans à mettre sur pied un conseil de la charia au Québec, le défenseur de l’école Dar al-Iman, Salam Elmenyawi, a admis que son organisme pourrait avoir recours aux avis de Youssef Qaradawi (Al Kardaoui) pour trancher des questions de jurisprudence islamique dans le futur.
Mounia Chadi, Le Devoir (Montréal), 11 décembre 2004
Pressions sur Québec en faveur d’une cour islamique
Selon un avis (fatwa) de Qaradawi cité par Salam Elmenyawi en 2004, les militants islamistes qui infiltrent les médias occidentaux pour y mener le jihad idéologique peuvent être payés à même les fonds collectés pour la zakat, l’aumône obligatoire imposée aux musulmans. (GMBDR sur le jihad dans les médias)
Qaradawi a donné de nombreux autres « avis » ces dernières années. En voici quelques-uns :
Il a incité les musulmans à conquérir l’Occident. (vidéo)
Il a encouragé la formation de « ghettos musulmans » aux États-Unis, au Canada, en Australie et ailleurs en Occident. (Priorities of the Islamic Movement, chapitre 4)
Il a déclaré légitime de recourir à la force « à toutes les fois que c’est possible » pour faire appliquer les principes de l’islam. (“changing wrong by force whenever possible” – Priorities of the Islamic Movement, chapitre 4)
Il a soutenu que Hitler avait été envoyé par Allah pour punir les juifs. (vidéo)
Il a justifié les mutilations génitales féminines. (Archives PdeB)
Il a appuyé le meurtre des musulmans qui quittent l’islam. (Archives PdeB)
Outre l’appui accordé par Salam Elmenyawi à Youssef Qaradawi, plusieurs autres individus et organisations associés à la MAC ont formellement endossé celui qui est considéré comme le guide spirituel des Frères Musulmans.
Dans son édition de juillet 2008 (p. 2), le journal Muslim Link d’Ottawa qui ouvre grandes ses portes aux idées des Frères Musulmans décrit Qaradawi comme « un exégète islamique de haut niveau, (…) révéré (“revered”) par des millions de musulmans à travers le monde qui se tournent vers lui pour connaître ses opinions sur une variété de sujets ».
Un site internet de MAC Youth (p. 4) déclare du livre de Qaradawi, Le licite et l’illicite dans l’islam, qu’il « se doit de se trouver dans la bibliothèque de tout musulman ».
Tariq Ramadan qui a été invité par la MAC à présenter une conférence à Montréal en avril 2010 a écrit de Youssef Qaradawi qu’il est « l’un des exégètes de l’islam les plus importants » à s’être prononcé sur la question des attitudes et des comportements que les musulmans doivent adopter lorsqu’ils vivent en Occident.
Tariq Ramadan, Radical Reform, New York, Oxford University Press, 2009, pp. 31 et 326
L’organisation Young Muslims Canada à laquelle la MAC s’est fréquemment associée dans le passé pour émettre des communiqués de presse offre de nombreux livres de Qaradawi dans sa bibliothèque virtuelle.
L’intervention de Salam Elmenyawi en faveur de l’école Dar al-Iman confirme encore un peu plus la proximité qui existe entre l’école, la MAC et les Frères Musulmans.
Le 6 décembre 2010, Salam Elmenyawi a publié un communiqué de presse pour féliciter la ministre de l’Éducation Line Beauchamp après qu’elle ait justifié les subventions à Dar al-Iman et défendu la MAC à l’Assemblée nationale quelques jours plus tôt.
Jamais l’islam radical n’aurait pu connaître la percée qu’il connait en Occident sans sa cohorte de facilitateurs dans les plus hautes sphères de la société.
Rachid Boudjarane
En janvier 2011, Rachid Boudjarane a également émis un communiqué pour critiquer la députée Monique Richard. Il était alors intervenu à titre de président du Regroupement des Algériens du Canada (RAC). Dans le passé, le RAC s’est associé à la MAC pour présenter des mémoires à différentes instances gouvernementales, soumettre des lettres aux journaux, etc. Point de Bascule a consacré un article aux antécédents de Rachid Boudjarane et du RAC ICI.
En 2005 et 2007, Rachid Boudjarane a représenté le RAC lors de demandes d’exemption pour taxes d’affaire auprès de la Commission municipale du Québec.
Même s’il vit au Canada, Rachid Boudjarane s’est présenté.aux élections algériennes de 2002 et 2007 pour l’organisation qui représente les Frères Musulmans en Algérie, le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP).
Voici quatre positions défendues par le parti algérien de Boudjarane qu’on peut retrouver sur internet :
Limitation de l’accès des femmes aux stades de sport à certaines heures précises durant la semaine. (Afrik.com – 30 juin 2004)
Projet de loi interdisant la production de vin ainsi que sa consommation, sa commercialisation, son importation et son exportation. (Afrik.com – 30 novembre 2006)
Opposition à ce que les femmes enlèvent leur hidjab pour la prise de photo destinée aux nouveaux passeports biométriques algériens. (Magharebia – 13 avril 2010)
Opposition à une réforme du Code de la famille qui mettait fin à la tutelle des femmes ayant l’âge légal de sa marier (19 ans). En vertu de cette tutelle, la femme algérienne doit obtenir le consentement d’un parrain (ouali), généralement le père de l’épouse, avant de se marier. (Le Monde – 29 septembre 2004)
En 1976, le président-fondateur du MSP, Mahfoud Nahnah (1942-2003) a été condamné à quinze ans de prison pour désobéissance civile. Il avait scié des poteaux électriques. À ses débuts, le MSP était identifié sous le nom de Hamas (à ne pas confondre avec le Hamas palestinien).
En 1998, Faisal Kutty, qui agit, de nos jours, notamment comme représentant de Human Concern International (HCI), a consacré un article à la participation de Nahnah à une conférence de l’Islamic Society of North America (ISNA) à Toronto. L’ISNA est l’une des nombreuses organisations appartenant au réseau nord-américain des Frères Musulmans.
À la mort de Nahnah, Abou Jarrah Soltani le remplaça à la tête du MSP. En 2009, alors qu’il était de passage en Suisse à l’invitation de la Ligue islamique de Genève, Soltani a fui le pays en vitesse après qu’une taupe à l’intérieur des services de police suisses l’eut informé qu’il était sur le point d’être arrêté et traduit en justice dans le canton de Fribourg pour répondre à une accusation de torture contre un Algérien en 2005. (TRIAL – Swissinfo.ch)
Dans ses écrits, Tariq Ramadan, l’invité de la MAC à Montréal en 2010, endosse le Hamas/MSP algérien qu’il présente comme une organisation « sophistiquée ».
Tariq Ramadan, Radical Reform, New York, Oxford University Press, 2009, p. 286
« Commencez par être de bons musulmans (et) la société va devenir musulmane »
Pour préparer son premier article, Vincent Larouche rencontra le directeur de Dar al-Iman et il lui demanda notamment de se prononcer sur les ambitions des Frères Musulmans d’instaurer un État islamique au Canada. Voici la réponse de Lazhar Aissaoui :
« Pourquoi avancer cette question ici? Il n’est pas question d’appliquer ou de transposer cela au Canada. Ça, c’est pour les pays musulmans ». (…) « Ce qu’on dit à nos membres, c’est commencez par être de bons musulmans, vous et votre famille. Comme la société est formée d’un ensemble de familles, la société va devenir musulmane ».
Lazhar Aissaoui ne nie donc pas travailler à l’instauration d’un État islamique au Canada. Il précise simplement qu’un travail de terrain est nécessaire avant d’y arriver. Par ailleurs, quand dans sa réponse il mentionne s’adresser « à nos membres », il s’exprime clairement en tant que leader de la MAC et non comme directeur d’école.
Au début des années ’90, le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, a consacré son livre Priorities of the Islamic Movement aux tâches que les Frères Musulmans doivent réaliser pour favoriser l’islamisation des sociétés où ils opèrent. Plusieurs sections de son texte concernent spécifiquement le travail à mener en Occident.
Yusuf al-Qaradawi, Priorities of the Islamic Movement in the Coming Phase
Chapitre 4 – The Necessity of Islamic Presence in the West et les sections subséquentes
Qaradawi explique qu’en Occident, « les musulmans devraient avoir leurs propres communautés dans des États et des villes bien en vue. Ils devraient avoir leurs propres institutions religieuses, éducatives et récréatives ». Plus loin, il parle carrément de la nécessité de créer des « ghettos musulmans » (sic). « Voilà ce que j’ai dit à nos frères aux États-Unis, au Canada, en Australie et dans d’autres pays, il y a plusieurs années », ajoute-t-il.
Dans une séance de questions et réponses après une conférence donnée à l’Université Stanford le 12 avril 2011, Tariq Ramadan alla dans le même sens que Qaradawi et vanta les enclaves musulmanes qu’on retrouve dans les banlieues de France. (American Thinker – 15 mai 2011)
Quand Rima Elkouri de La Presse (Archives PdeB) qualifia l’école Dar al-Iman d’ « école ghetto » en décembre 2010, elle décrivait une des facettes essentielles du programme des Frères Musulmans.
« Détruire de l’intérieur la société occidentale »
Ce qui a permis aux Frères Musulmans de réaliser une percée importante en Occident, c’est la souplesse de leurs tactiques. Dans son texte Priorities of the Islamic Movement (chapitre 3 – sections A Debate that We Do not Need Today et The Necessity of Renewal in Means), Youssef Qaradawi explique qu’il serait illusoire pour le camp de l’islam de s’imaginer pouvoir islamiser l’Occident par des moyens militaires dans les présentes circonstances puisqu’il dépend de lui pour son approvisionnement en armes. Pour suppléer à cette déficience, Qaradawi propose de mobiliser les populations musulmanes vivant en Europe et en Amérique du Nord comme une cinquième colonne dans un jihad de nature plutôt politique et idéologique.
Dans une fatwa de 2002, Qaradawi a comparé la campagne que les islamistes mènent présentement en Occident à l’invasion de l’Espagne amorcée par les musulmans au VIIIe siècle et à celle de l’est de l’Europe par les Ottomans quelques siècles plus tard.
Le type de jihad promu par Qaradawi et les Frères Musulmans en Occident passe par l’infiltration des partis politiques, des médias, des universités, des groupes œcuméniques et d’autres organisations sociales occidentales. Il passe également par le recours aux tribunaux non-musulmans pour faire imposer progressivement la charia. C’est ce qui se produit quand les critiques de l’islam radical sont accablés de dettes pour avoir dû se défendre contre des accusations d’« islamophobie » lancées contre eux par des organisations financées par des pétrodollars; c’est également ce qui se produit quand des tribunaux occidentaux violent le droit de propriété des entreprises en les forçant à modifier leur code vestimentaire ou leur horaire de travail pour se conformer aux exigences de la charia concernant le port du voile, les périodes de prière, etc.
En plus des appels de nature générale à la révolution islamiste universelle comme celui de Maududi, on retrouve également des documents des Frères Musulmans qui traitent de façon plus spécifique de l’offensive qu’ils mènent pour conquérir l’Occident de l’intérieur. Un de ces documents a été produit par la Muslim Students Association (MSA) en 1975. Il s’intitule The Process of Islamization (Le processus d’islamisation). Un second document intitulé Le projet date de 1982. Il fut saisi en novembre 2001 par la police à la résidence suisse du financier des Frères Musulmans Youssef Nada. Sylvain Besson l’a reproduit en annexe à son livre La conquête de l’Occident (Paris, Éditions du Seuil, 2005). Il est également disponible sur le site Occidentalis.
Un troisième document fut produit en preuve lors des procès de leaders de la Holy Land Foundation (HLF) qui se sont déroulés aux États-Unis en 2007 et 2008. Il s’agit d’un mémorandum interne des Frères Musulmans qui décrit notamment la nature de l’offensive qui se déroule présentement en Amérique du Nord :
« Les Frères Musulmans doivent comprendre leur travail d’implantation en Amérique comme une sorte de grand jihad visant à éliminer, à détruire de l’intérieur la civilisation occidentale et à saboter sa misérable demeure afin que la religion d’Allah soit victorieuse sur toutes les autres religions. (…) C’est la destinée du musulman que de mener le jihad peu importe où il se trouve et ce, jusqu’à son dernier souffle. »
La version originale arabe du mémorandum et sa traduction anglaise sont archivées sur le site Investigative Project on Terrorism.
HLF amassait des fonds pour le Hamas sur le territoire américain. Le groupe Investigative Project on Terrorism a produit une vidéo pour expliquer comment une grande quantité de matériel des Frères Musulmans avait été découverte lors de travaux d’aménagement d’un terrain ayant appartenu à un dirigeant de l’organisation aux États-Unis.
À l’issue du procès de 2008, plusieurs leaders des Frères Musulmans furent condamnés pour avoir participé au financement d’activités terroristes au Moyen-Orient à partir du territoire américain. (GMBDR)
Quelques soient les moyens qu’ils choisissent, les Frères Musulmans cherchent à faire appliquer la charia là où ils sont implantés. Tous les discours sur la « démocratie » et « le printemps arabe » en Égypte et ailleurs au Moyen-Orient ne devraient pas nous faire oublier cette réalité.
Le 11 mai dernier, la presse égyptienne rapporta que les Frères Musulmans et les salafistes avaient annoncé leur intention de former une coalition lors des prochaines élections en Égypte afin d’y instaurer un État islamique. (Point de Bascule – GMBDR)
Au début de 2011, le quotidien égyptien Al-Masri Al-Youm rapporta qu’un leader des Frères Musulmans avait publiquement appuyé la création d’une police des mœurs pour imposer la vertu et la modestie dans les marchés et les autres lieux publics. Cette force policière spécialisée s’apparenterait à celle qui existe déjà en Arabie saoudite et qui impose un code vestimentaire, la séparation des sexes, l’observance des heures de prière, etc. (Point de Bascule – GMBDR)
Le 20 mai dernier, le journal Asharq Al-Awsat annonça que les Frères Musulmans parlent déjà d’introduire en Égypte les châtiments corporels prescrits par la charia. (Observatoire de l’islamisation)
Toutes ces mesures sont des applications directes de propositions qu’on retrouve dans le manifeste en 50 points du fondateur des Frères Musulmans, Hassan al-Banna.
Lazhar Aissaoui a donné l’école Dar al-Iman à la MAC
L’école Dar al-Iman a été construite en partie grâce à un don (p. 5) de 232 000$ en 2000 de la Banque islamique de développement basée en Arabie saoudite.
D’après les déclarations de la MAC disponibles sur le site de l’ARC, Lazhar Aissaoui a été nommé sur le conseil de direction de la MAC en août 2002. Deux mois plus tard, il a donné l’école et le terrain qu’elle occupe à la MAC. L’acte notarié officialisant le transfert du titre de propriété est estampillé 8 octobre 2002. Il est disponible ICI.
Chez le notaire, Lazhar Aissaoui représenta l’Institut canadien d’enseignement de la langue arabe Dar al-Iman (donateur) et Sharaf Sharafeldin représenta la MAC (donataire). Sharafeldin était le président de la MAC à l’époque et il le demeura jusqu’au début de 2011.
L’acte notarié fait seulement état du rôle que jouait Lazhar Aissaoui dans le conseil de direction de l’Institut qui donna l’école. Aucune mention n’est faite de son rôle dans le conseil de direction de la MAC qui reçut l’école. Lazhar Aissaoui a été un des directeurs de la MAC de 2002 à 2007 et son trésorier de 2007 à 2011.
Le document notarié de 2002 précise que la MAC peut utiliser les locaux de l’école durant les fins de semaine et les jours fériés sans avoir à payer pour cette utilisation. Dans les faits donc, quand le gouvernement du Québec subventionne Dar al-Iman, il subventionne indirectement la MAC puisque les frais découlant de l’utilisation de l’école par la MAC sont entièrement défrayés par l’école.
Un annuaire publié en 2005-2006 confirme l’utilisation de l’école Dar al-Iman par diverses associations affiliées à la MAC.
Les services de secrétariat de Dar al-Iman sont utilisés par une entreprise commerciale de la MAC
Pour préciser le niveau d’intégration de l’école Dar al-Iman à l’infrastructure de la MAC, nous reprenons d’autres faits qui ont été mentionnés dans un article précédent publié par Point de Bascule : Les ressources subventionnées de l’école Dar al-Iman utilisées par l’agence de voyages de la MAC et d’autres de ses filiales.
En 2010, le gouvernement de l’Arabie saoudite a choisi MAC Hajj, l’agence de voyages de la Muslim Association of Canada (MAC), parmi les trois agences de Montréal (et les vingt-deux au Canada) autorisées à vendre des billets d’avion aux musulmans désireux de se rendre à La Mecque pour le hajj, le pèlerinage traditionnel qui se déroule durant le dernier mois du calendrier islamique.
Le site de l’ambassade saoudienne à Ottawa donna deux moyens de contacter l’agence à Montréal : un numéro de téléphone, le (514) 832-0361, c’est celui de la MAC au 12259 Boul. Laurentien et un numéro de télécopieur, le (514) 334-1751, c’est celui de l’école Dar al-Iman au 4505 Henri-Bourassa Ouest.
Peu après que Point de Bascule ait dévoilé l’information, l’ambassade d’Arabie saoudite a remplacé les informations de son site impliquant l’école Dar al-Iman par un contenu différent en arabe. Tout cela à la même adresse url que l’information originale. Point de Bascule a conservé la page originale du site saoudien :
Extraits de l’ancien écran du site saoudien (avec url) ICI
Écran complet du site saoudien (sans url) ICI
Cache Google de la page (2 mars 2011) ICI
Une garderie de la MAC administrée à partir de l’école Dar al-Iman
En 2009, la MAC a fait une demande de reconnaissance auprès de la Ville de Montréal pour obtenir une exemption de taxes foncières pour des édifices qu’elle possède sur le boulevard Laurentien et sur la rue St-Denis. Dans les deux cas, les demandes avaient été refusées par la Ville. Le 17 novembre 2009, Lazhar Aissaoui s’est présenté devant la Commission municipale du Québec pour en appeler des refus. Dans les deux décisions, il est identifié comme le trésorier de l’Association musulmane du Canada (MAC).
Association musulmane du Canada (Re), 2009 CanLII 73695 (QC CMNQ) – Laurentien
Association musulmane du Canada (Re), 2009 CanLII 73698 (QC CMNQ) – St-Denis
Un des édifices de la MAC pour lesquels Lazhar Aissaoui cherchait à obtenir une exemption de taxes est situé au 12277 Boul. Laurentien. Le répertoire des garderies du ministère de la Famille du Québec daté du 17 juin 2011 indique que la MAC opère la garderie Bourgeons Iman à cette adresse. Par contre, le numéro de téléphone et l’adresse-courriel de la garderie sont ceux de l’école Dar al-Iman située au 4505 Henri-Bourassa Ouest (514-334-4153 et bourgeons@dar-al-iman.org).
Quand des employés de l’école prennent des messages pour la garderie et l’agence de voyages, ils rendent un service à ces organisations. Il est légitime de se demander si d’autres ressources subventionnées de l’école sont utilisées par la MAC et ses organisations.
Par-dessus tout, quand l’ambassade d’Arabie saoudite donne le numéro de fax de l’école Dar al-Iman comme moyen de rejoindre l’agence de voyages de la MAC et quand la garderie de la MAC donne le numéro de téléphone de l’école comme moyen de contacter les responsables de la garderie, ils confirment la proximité qui existe entre ces organisations de la MAC et l’école Dar al-Iman.
Les réserves de la Commission consultative de l’enseignement privé
Informée du fait que Lazhar Aissaoui avait donné l’école Dar al-Iman à la MAC en 2002, la Commission consultative de l’enseignement privé (CCEP) rattachée au ministère de l’Éducation du Québec a hésité avant d’accorder son autorisation d’opérer à l’école Dar al-Iman. La CCEP a manifesté ses réserves dans son rapport annuel 2003-2004 (p. 139) (Archives PdeB).
Vincent Larouche a fait état de ces réserves dans son deuxième article. À l’époque, la CCEP avait indiqué craindre que le don de l’école ne soit pas bénéfique aux élèves et qu’il empêche l’école de constituer un patrimoine qui lui soit propre.
Pour prévenir que des fonds destinés aux élèves ne soient détournés vers la MAC, la CCEP avait insisté pour qu’une structure administrative distincte ait le contrôle de l’école. Cette structure formelle c’est l’Institut d’enseignement Dar al-Iman.
L’utilisation sans frais des locaux de Dar al-Iman par la MAC les fins de semaine et les services rendus par l’école à l’agence de voyages de la MAC et à sa garderie démontrent que la mise sur pied d’une entité distincte entre l’école et la MAC suggérée par la CCEP n’a pas donné les résultats souhaités.
Il était illusoire de penser que la mise sur pied de cette structure intermédiaire puisse empêcher cette situation de se développer puisque, jusqu’à tout récemment, Lazhar Aissaoui dirigeait l’école, la MAC et l’Institut censé assurer l’indépendance de l’école face à la MAC.
En consultant la liste des membres du conseil de direction de la MAC et celle de l’Institut Dar al-Iman disponibles sur le site de l’Agence de revenu du Canada, on constate qu’en plus de Lazhar Aissaoui, deux autres personnes ont siégé sur le conseil de Dar al-Iman pendant qu’elles étaient sur le conseil de direction de la MAC.
En 2006, Mohamed Hamrani était président du conseil de l’Institut Dar al-Iman tout en étant un des directeurs de la MAC.
De 2001 à 2006 (excluant 2005), Safia Elawad a été sur le conseil de direction de Dar al-Iman. Il semble que la même personne ait été sur le conseil de la MAC de 2002 à 2006. Cette information est donnée sous toute réserve car plusieurs épellations ont été utilisées dans les différentes déclarations soumises à l’ARC (Safia Elawad, Safiaa Awad, Safia Alawaid).
« Nulle part au monde les Frères Musulmans ne sont considérés comme des terroristes, sauf par Tarek Fatah »
Tarek Fatah est un commentateur musulman originaire du Pakistan, qui vit au Canada depuis plusieurs années. Il prend fréquemment la défense des libertés individuelles contre l’islam radical et les visées des Frères Musulmans en particulier.
En mai 2010, le Muslim Canadian Congress (MCC), une organisation de musulmans opposés à la charia fondée par Tarek Fatah, a enjoint le gouvernement fédéral d’inscrire les Frères Musulmans et leur allié pakistanais, le Jamaat-e-Islami, sur le répertoire des organisations terroristes identifiées par le Canada.
Lors de l’entrevue qu’il accorda avant la publication du premier article de Rue Frontenac consacré à l’école Dar al-Iman, Lazhar Aissaoui rejeta les critiques des Frères Musulmans que lui rapportait Vincent Larouche. Il déclara que « nulle part au monde les Frères Musulmans ne sont considérés comme des terroristes, sauf par Tarek Fatah ».
En plus des actes terroristes perpétrés par les Frères Musulmans du vivant de Hassan al-Banna dans l’Égypte des années ’40 (New York Times) et de ceux du Hamas de nos jours, on retrouve plusieurs autres exemples de recours au terrorisme ou d’appui aux terrorisme par les Frères Musulmans.
Dans au moins deux décisions rendues par des tribunaux canadiens, on fait référence aux activités terroristes de la section tunisienne des Frères Musulmans, le mouvement Ennahda, pour justifier un refus d’accorder le statut de réfugié à des Tunisiens qui le réclamaient.
À la section 5.3.2 de la cause X (Re), 2000 CanLII 21343 (CISR), les commissaires écrivent qu’ « une partie importante de la preuve documentaire au dossier indique que le MTI/Ennahda est un mouvement intégriste, radical et violent qui a commis de nombreux actes de violence ». On retrouve plus d’une centaine de passages de la décision qui réfèrent aux écrits, aux actions et à la relation que le leader d’Ennahda Rachid Ghannouchi entretient avec les Frères Musulmans.
À la section 20 de la cause Zrig c. Canada (Ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration), 2003 CAF 178, [2003] 3 CF 761, le Frère Musulman Rachid Ghannouchi est décrit comme « un terroriste faisant partie intégrante de l’internationale islamiste. (Il) est considéré par certaines sources comme étant l’un des maîtres à penser du terrorisme. M. Ghannouchi a fait un appel à la violence contre les États-Unis et a menacé de détruire leurs intérêts dans le monde arabe. En outre, il a demandé la destruction de l’État d’Israël ».
À la section 7 de la première décision, les commissaires énumérèrent de nombreux actes criminels perpétrés par les Frères Musulmans tunisiens durant les années ’80 et ’90 : utilisation de cocktails molotov, acide projeté aux visages d’individus, agressions physiques dans les lycées et les universités, incendies de voitures, lettres de menaces, complot en vue d’assassiner des personnalités du gouvernement tunisien, tentatives d’incendies dans des facultés, attentat à la bombe de Sousse et Monastir le 2 août 1987, incendies criminels de Bab Souika en février 1991 où il y a eu mort d’homme, attentat à la bombe en France en 1986, trafic d’armes dès 1987, etc.
À la section 5.3.16 de la première décision, les commissaires s’attardèrent également à examiner la position de Ghannouchi face à ceux qui abandonnent l’islam. Au lieu de considérer l’abandon de l’islam comme une manifestation de liberté religieuse, Ghannouchi le considère comme un délit. Les commissaires ont cité l’extrait suivant d’un texte de Ghannouchi :
« L’apostasie est un délit qui n’a rien à faire avec la liberté religieuse que l’Islam reconnaît […]. C’est un délit politique qui correspond dans les autres systèmes au délit de révolte armée contre le système de l’État et la tentative de l’ébranler […]. L’apostasie doit être punie selon son ampleur et son danger. »
La position de Ghannouchi en cette matière est conforme à celle du guide spirituel des Frères Musulmans Youssef Qaradawi qui plaide pour l’exécution des apostats et à celle qu’on retrouve à la section o8.1 du manuel de charia Umdat al-Salik (Reliance of the Traveller).
En 1998, les autorités canadiennes de l’Immigration refusèrent à Rachid Ghannouchi l’autorisation de venir au Canada précisément parce que lui et son organisation Ennahda avaient été impliqués dans des activités terroristes en Tunisie.
Allan Thompson, Toronto Star, May 21, 1998, p. 1
Canada bars exiled Tunisian activist
À l’époque, Faisal Kutty s’était porté à la défense de Ghannouchi. Dans un article qu’il lui consacrait, Kutty citait Ghannouchi qui avait tenté de berner un journaliste du Toronto Star en affirmant que « le recours à la violence pour atteindre des buts politiques est interdit par notre conception de l’islam ».
L’avocat Faisal Kutty est identifié comme un représentant de Human Concern International (HCI) dans une publication de l’organisation qui date de janvier 2011 (p.8). HCI, c’est évidemment une des organisations financées par la MAC mentionnées par Vincent Larouche dans son article de janvier 2011. En 1999, Kutty s’est identifié comme un membre du conseil de direction de HCI. Les documents soumis par HCI à l’Agence de revenu du Canada indiquent qu’il a également été un directeur de l’organisation de 2001 à 2004.
En 1996, Faisal Kutty a publié un article dans le Washington Report on Middle East Affairs (Archives PdeB) pour exposer et justifier la doctrine de Ghannouchi et de Hassan Tourabi, un autre leader des Frères Musulmans. Kutty identifia le Soudanais Tourabi comme « un des principaux architectes du renouveau de l’islam ». La parenté idéologique entre Ghannouchi et Tourabi a été soulignée à la section 5.3.6 de la cause X (Re), 2000 CanLII 21343 (CISR).
Dans son article, Kutty cite Tourabi qui affirme que « quand l’islam peut s’exprimer librement, il apporte des changements pacifiquement et graduellement ».
Hassan Tourabi nous a donné la pleine mesure des changements « pacifiques et graduels » dont il était capable quand il occupa d’importantes fonctions dans le gouvernement soudanais durant les années ’80 et ‘90. L’introduction de la charia et des châtiments corporels encouragée par Tourabi fut suivie par de nombreuses pendaisons et amputations. À la section 5.3.6 de la cause X (Re), 2000 CanLII 21343 (CISR), on décrit le Soudan de Tourabi comme un « pays des horreurs (où) on flagelle au nom de la charia, on abrite des bases terroristes et on extermine les chrétiens du Sud ». C’est également Tourabi qui invita Oussama ben Laden à s’installer au Soudan dans les années ’90 quand le pays était un centre d’activité terroriste internationale.
Selon ce que rapporte la BBC, c’est durant le mandat de Tourabi comme solliciteur-général que le théologien et politicien réformiste Mahmoud Mohamed Taha (1909 – 1985) fut jugé, condamné à mourir et exécuté pour apostasie parce qu’il avait ouvertement discuté de la nécessité de réformer certains principes islamiques.
Peu après les événements du 11 septembre 2001, Faisal Kutty s’est également porté à la défense du fondateur de Benevolence International Fund Canada, Enaam Arnaout, après qu’il ait été accusé de terrorisme. À l’époque, Kutty avait décrit les allégations de terrorisme concernant Arnaout comme « de fausses rumeurs et des allusions malveillantes ».
En 2003, Arnaout s’est reconnu coupable aux États-Unis, d’avoir détourné des fonds destinés aux veuves et aux orphelins vers des jihadistes de Tchétchénie et de Bosnie.
Stewart Bell, National Post, February 11, 2003, p. A8
Charity founder admits funding jihad fighters: Benevolence International: Syrian with office in Ontario pleads guilty to diverting money meant for orphans (All but Toronto edition headline)
US v. Arnaout, 282 F. Supp. 2d 838 – Dist. Court, ND Illinois 2003
Non, M. Aissaoui. Il n’y a définitivement pas que Tarek Fatah qui croit que les Frères Musulmans soient impliqués dans le terrorisme.
Conclusion
La décision Grant c. Torstar Corp rendue par la Cour Suprême du Canada en 2009 élabore sur les critères qui permettent de déterminer la frontière entre la liberté d’expression et la diffamation.
À la section 98 de l’arrêt Grant, on précise que pour qu’une communication puisse être protégée par les clauses de la Charte canadienne qui garantissent la liberté d’expression, celle-ci doit être jugée d’intérêt public.
(Section 101 de la cause Grant) : « Pour décider si elle concerne une question d’intérêt public, le juge doit tenir compte de l’ensemble du contenu d’une communication. Il ne doit pas examiner l’énoncé diffamatoire isolément. »
(Section 104 de la cause Grant) : « (…) il ne faut pas enfermer la notion (d’intérêt public) dans des limites étroites. Dès qu’une question touche les gens en général, à tel point qu’ils peuvent légitimement s’intéresser à ce qui se passe ou à ce qui peut leur arriver à eux ou à ce qui peut arriver à d’autres personnes, ou s’en préoccuper, cette question en est une d’intérêt public sur laquelle tout le monde a le droit de faire un commentaire loyal. »
Parmi les éléments qui confirment, selon nous, l’intérêt public des articles de Vincent Larouche, il y a les suivants : l’école Dar al-Iman est subventionnée par le gouvernement du Québec, la CCEP s’est inquiétée dans le passé de l’implication des liens entre l’école et la MAC, l’école a ouvertement reconnu son affiliation à la MAC, la MAC déclare ouvertement « faire tous les efforts » (“strives“) pour appliquer l’islam tel qu’il a été compris par le fondateur des Frères Musulmans, Hassan al-Banna.
Les principaux éléments de la doctrine d’al-Banna sont disponibles dans son Manifeste en 50 points. Deux des réformes promues par al-Banna sont les suivantes : l’abolition des partis politiques et l’instauration d’un système de parti unique et la modification des lois pour les rendre conformes à la charia.
De son vivant, Hassan al-Banna a également encouragé le recours au terrorisme pour atteindre ses objectifs politiques. Différents articles du New York Times datant des années ’40 reproduits par Point de Bascule en témoignent.
Par ailleurs, si on admet que le financement du terrorisme par des organisations basées au Canada constitue une question d’intérêt public, alors plus on trouve de liens entre l’école Dar al-Iman et la MAC et plus il devient d’intérêt public de parler de l’école Dar al-Iman dans un dossier qui concerne le financement par la MAC d’IRFAN-Canada, un des principaux collecteurs de fonds de l’organisation terroriste Hamas au Canada.
Voici une récapitulation des éléments soulevés dans cet article qui confirme les liens entre l’école Dar al-Iman et la MAC :
– De 2002 au début de 2011, ce qui inclut le moment où Vincent Larouche a écrit ses articles, Lazhar Aissaoui a dirigé l’école, la MAC et l’Institut censé assurer l’indépendance de l’école face à la MAC;
– De 2007 à 2011, le directeur de l’école Dar al-Iman, Lazhar Aissaoui, était également le trésorier de la MAC, ce qui lui confère un rôle particulier dans le financement par la MAC d’IRFAN-Canada. Le statut d’œuvre de bienfaisance d’IRFAN a été révoqué en avril 2011 parce qu’il finançait l’organisation terroriste Hamas. L’explication fournie par l’Agence de revenu du Canada est disponible ICI;
– Avant que l’Institut Dar al-Iman n’amorce des procédures judiciaires contre Rue Frontenac, l’école reconnaissait sur son site internet être « affiliée » à la MAC depuis 2003;
– En plus de Lazhar Aissaoui, deux autres personnes ont fait partie du conseil de direction de l’Institut Dar al-Iman tout en étant sur celui de la MAC;
– L’école Dar al-Iman a été donnée à la MAC par l’Institut dirigé par Lazhar Aissaoui en 2002. La transaction a été officialisée par un acte notarié;
– Dans son communiqué de presse (Archives PdeB) du 6 décembre 2010, le directeur Aissaoui a reconnu que la MAC fournit du matériel scolaire et dispense des programmes de formation à son école;
– Une considération ajoutée à l’acte notarié de 2002 précise que l’école Dar al-Iman s’engage à prêter à titre gratuit des locaux à la MAC durant les fins de semaines et les jours fériés pour les années à venir;
– Le numéro de fax de l’école Dar al-Iman est donné par l’ambassade d’Arabie saoudite comme un moyen de contacter l’agence de voyages de la MAC;
– Le numéro de téléphone et l’adresse-courriel de l’école Dar al-Iman sont donnés dans les documents du ministère de la Famille du Québec pour rejoindre les responsables d’une garderie de la MAC située dans un autre édifice;
– Dans plusieurs de ses documents, la MAC identifie clairement l’école Dar al-Iman comme un de ses établissements. À titre d’exemple, une publication de MAC London (p. 3) identifie l’école Dar al-Iman comme une « institution de la MAC », “(a) MAC institution”.
Au point 53 de l’arrêt Grant, la juge en chef McLachlin a écrit qu’« exiger que la couverture des questions d’intérêt public atteigne à une certitude judiciaire peut aboutir à empêcher la communication de faits qu’une personne raisonnable tiendrait pour fiables et qui sont pertinents et importants pour le débat public ».
Dans le cas des liens entre l’école Dar al-Iman et l’agence de voyages de la MAC par exemple, il ne devrait pas être nécessaire d’avoir tous les détails sur cette coopération pour pouvoir mentionner dans un article que l’ambassade saoudienne au Canada invite les musulmans qui sont intéressés à voyager en Arabie saoudite à contacter l’école Dar al-Iman pour obtenir des informations de la part de l’agence de voyages de la MAC.
Les mêmes remarques s’appliquent à Rue Frontenac selon nous. Vincent Larouche n’était pas le procureur de la Couronne dans un procès criminel contre des gens accusés d’avoir facilité le terrorisme au sens de l’article 83.18 du Code criminel. Il était journaliste opérant dans le contexte des lois civiles.
Le procureur de la Couronne doit fournir une preuve hors de tout doute raisonnable pour faire condamner un accusé. De son côté, le journaliste n’a pas à assurer que les faits qu’il amène ont un tel niveau de certitude avant de pouvoir les soumettre au public.
Ceci étant dit, depuis la publication des deux articles de Rue Frontenac, IRFAN-Canada, l’une des organisations financées par la MAC à laquelle Vincent Larouche s’était intéressé a perdu son statut d’œuvre de bienfaisance précisément pour avoir financé le terrorisme. WICS-Canada, une organisation basée à London (Ontario) a également perdu son statut parce qu’elle a financé le terrorisme. Le président de WICS-Canada, Assem Fadel, est également le trésorier de l’Islamic Centre of Southwest Ontario avec lequel la MAC déclare « travailler étroitement ».
À partir du moment où les administrateurs de la MAC défendent le Hamas comme ils l’ont fait dans un communiqué de 2004 après que l’organisation ait été inscrite sur le registre des organisations terroristes identifiées par le gouvernement du Canada, qu’ils financent une organisation comme IRFAN-Canada qui sert à amasser des fonds pour le Hamas au Canada, qu’ils « travaillent étroitement » avec le leader d’une autre organisation qui finance le terrorisme, il devrait être légitime pour un journaliste comme Vincent Larouche ou les experts qu’il interviewe pour ses articles d’exprimer des inquiétudes sur la destination finale des subventions administrées par le trésorier de la MAC quand celui-ci agit comme le directeur d’une école qui se déclare elle-même affiliée à la MAC.
Les maîtres à penser de la MAC comme Youssef Qaradawi ne font pas le moindre mystère de leurs ambitions d’islamiser l’Occident. Ils ne font pas le moindre mystère de leur volonté d’éliminer l’État d’Israël également. La défense de la liberté d’expression passe par une réaffirmation du droit qu’ont les opposants au totalitarisme de Hassan al-Banna de faire la lumière sur le financement d’organisations qui se sont données pour mission de rayer Israël de la carte et de commenter sur tous les autres aspects du programme des Frères Musulmans.
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Références supplémentaires
Une décision historique en matière de diffamation (McCarthy Tétrault)
Jean-François Revel sur la difficulté des sociétés ouvertes à se défendre contre un ennemi intérieur