DU TOTALITARISME D’HASSAN AL-BANNA À L’ISLAM ENGLOBANT DE TARIQ RAMADAN (3/3)
(Partie 1/3) (Partie 2/3)
« Les Frères Musulmans doivent comprendre leur travail d’implantation en Amérique comme une sorte de grand jihad visant à éliminer, à détruire de l’intérieur la civilisation occidentale et à saboter sa misérable demeure afin que la religion d’Allah soit victorieuse sur toutes les autres religions. (…) C’est la destinée du musulman que de mener le jihad peu importe où il se trouve et ce, jusqu’à son dernier souffle. »
[Extraits du mémorandum des Frères Musulmans de 1991 – Investigativeproject.org]
Les Frères Musulmans inspirés par Hitler
Les rapprochements entre l’islamisme et les totalitarismes occidentaux n’ont pas été soulignés que par des opposants à ces doctrines mais bien souvent par ses apologistes eux-mêmes.
Dans un extrait tiré de son Épître à la jeunesse, Hassan al-Banna réfère positivement au nazisme pour expliquer une facette de sa doctrine : « Si le Reich allemand s’impose comme protecteur de tous ceux dont le sang allemand coule dans les veines, eh bien la foi musulmane s’impose à chaque musulman ayant la capacité de se considérer comme protecteur de toute personne ayant été imprégnée de l’apprentissage coranique ». Caroline Fourest cite cet Épître dans son Frère Tariq [Paris, Grasset, 2004, p. 56].
C’est évidemment au nom de la protection du sang allemand que les nazis massacrèrent des millions de personnes.
Pour inspirer ses troupes, al-Banna rappelait que l’histoire avait été témoin de l’ascension de plusieurs leaders qui connurent des débuts modestes. Dans son essai To What Do We Invite Humanity (À quoi convions-nous l’humanité), al-Banna soutient que c’est « la patience, la fermeté, la sagesse et l’obstination » de ces leaders qu’il estimait qui leur permirent de connaître « le succès et la fortune ». Procédant de façon chronologique, il évoqua Abou Bakr (573 – 634), le premier calife à succéder à Muhammad, Saladin (1138 – 1193), l’artisan de la reconquête de Jérusalem par les musulmans et le roi Abdelaziz al Saud (1880 – 1953) qui reprit l’Arabie après que sa famille l’ait perdue aux dépens d’une famille rivale soutenue par les Ottomans. Il ajouta un seul leader non-musulman à sa liste de motivateurs et c’était nul autre qu’Adolf Hitler (1889 – 1945). [Five Tracts, Translated by Charles Wendell, Berkeley, University of California Press, 1978, pp. 96-97 To What Do We Invite Humanity]
Le grand mufti de Jérusalem Amin al-Husseini (1895-1974) fut sans doute le leader arabe qui déploya le plus d’efforts pour coordonner les activités des nazis et celles des islamistes durant la Deuxième Guerre. À partir de Berlin, il dirigea les efforts de propagande de l’Allemagne destinés au Moyen-Orient. En avril 1943, les autorités nazies lui confièrent la tâche de recruter des musulmans bosniaques pour former des divisions Waffen SS (division Handschar).
Le régime de Vichy consigna sur pellicule la rencontre du 21 novembre 1941 entre le mufti et Hitler. (vidéo)
Tariq Ramadan évoque la collaboration entre al-Banna et le mufti dans un de ses discours qui portait sur la vie de son grand-père (vidéo 0:53).
Avedis Derounian (alias John Roy Carlson 1909 – 1991) voyagea comme journaliste au Moyen-Orient en 1948 et rencontra plusieurs des acteurs du temps dont Hassan al-Banna et le mufti de Jérusalem. Dans son livre Cairo to Damascus [Read Books, 2008, p. 112 Google Livres], il mentionne que, durant la guerre, les Égyptiens qui étaient favorables à Hitler scandaient un slogan qui l’associait à Allah : « Bissama Allah, ala’ alaid Hitler » (Allah au ciel, Hitler sur terre). Les photos d’al-Banna et du mufti furent prises par Carlson et se retrouvent dans son livre.
Plus de soixante ans après que les détails les plus abjects du nazisme aient été connus, le guide spirituel actuel des Frères Musulmans, Youssef al-Qaradawi lui-même originaire d’Égypte, maintient son enthousiasme d’autrefois envers Hitler et alla même jusqu’à le présenter comme un représentant d’Allah sur les ondes d’Al-Jazeera en janvier 2009: « À travers l’histoire, Allah a imposé aux Juifs des individus qui devaient les punir pour leur corruption et Hitler fut le dernier (choisi par Allah) pour appliquer un tel châtiment ». La vidéo de l’intervention sous-titrée en anglais a été réalisée par le Middle East Media Research Institute (MEMRI).
Youssef al-Qaradawi est l’un des principaux maîtres à penser de Tariq Ramadan et de son organisation Présence Musulmane. Dans son livre Radical Reform [New York, Oxford University Press, 2009, pp. 31 et 326], Ramadan le présente comme « l’un des exégètes de l’islam les plus importants » à s’être prononcé sur les attitudes et les comportements que les musulmans doivent adopter lorsqu’ils vivent en Occident.
Ramadan a également déclaré de ce supporteur d’Hitler qu’il « éprouve un profond respect pour l’homme et le savant et (qu’il) serait le dernier à (s)’en cacher ». [Aziz Zemouri et Tariq Ramadan, Faut-il faire taire Tariq Ramadan?, Paris, L’Archipel, 2005, p.135 – Google Livres]
Lorsqu’al-Qaradawi désira faire traduire un de ses livres de l’arabe vers le français (Le rôle de la zakat dans l’assainissement des problèmes économiques, Paris, AIEF, 2002), il se tourna vers le leader de Présence Musulmane Canada, Salah Basalamah, qui est traducteur professionnel et également professeur à l’École de traduction et d’interprétation de l’Université d’Ottawa. Tariq Ramadan réfère à cette traduction de Basalamah dans son livre Western Muslims and the Future of Islam (Les musulmans occidentaux et le futur de l’islam) [New York, Oxford University Press, 2004, p. 249, note 33 Google Livres].
Que Qaradawi, sans doute la plus haute autorité de l’islam sunnite vivant aujourd’hui, s’en soit remis au leader de Présence Musulmane Canada pour traduire son livre indique qu’il endosse complètement la conception de l’islam de ce dernier. Jamais celui que Salim Mansur qualifie du « pape des sunnites » n’aurait risqué voir ses propos déformés par quelqu’un qui désapprouve ses idées ou les maîtrise mal.
Qaradawi apposa le même sceau d’approbation sur les idées du leader international de Présence Musulmane, Tariq Ramadan, lorsqu’il lui demanda de préfacer son Recueil de fatwas publié en 2002 [Série n°1, Lyon (France), Tawhid Google Livres].
Hitler inspiré par les conquérants musulmans du passé
Autant al-Banna fut séduit par ce qu’il apprit du totalitarisme développé dans les pays occidentaux, autant Hitler retint de ses discussions avec le mufti de Jérusalem et d’autres leaders arabes que l’islam eût été une doctrine de choix pour lui permettre de faire triompher ses ambitions totalitaires. Dans ses mémoires, voici ce que rapporte Albert Speer (1905 – 1981) des discussions qu’il eut avec le führer au sujet de l’islam. Speer fut le ministre des Armements du Reich et un ami personnel d’Hitler.
« Hitler fut fort impressionné par les bribes d’histoire qu’il apprit d’une délégation d’Arabes distingués. Quand les musulmans tentèrent d’atteindre l’Europe centrale en passant par la France au VIIIe siècle, ils furent repoussés lors de la bataille de Tours. Si les Arabes avaient gagné cette bataille, le monde serait musulman aujourd’hui parce que leur religion croit à la propagation de la foi par l’épée et à la subjugation de toutes les nations à cette foi. Une telle religion était parfaitement adaptée au tempérament allemand. (…) Hitler termina sa spéculation historique en faisant remarquer que “Ce fut notre malchance d’avoir la mauvaise religion. Pourquoi n’avions-nous pas la religion des Japonais qui accorde la plus grande valeur au sacrifice pour la mère-patrie? L’islam aurait également été beaucoup plus compatible avec ce que nous sommes que le christianisme. Pourquoi fallait-il que ce soit le christianisme avec toute sa douceur et sa mollesse?” » [Albert Speer, Inside the Third Reich: Memoirs, Toronto, Macmillan, 1970, p. 96]
Dans son testament politique [The Testament of Adolf Hitler, London, Cassell, 1961, p. 71], Hitler exprima également son admiration envers les chefs de guerre et les conquérants que furent Muhammad, le fondateur de l’islam et Omar, le second calife à lui succéder de 634 à 644.
Pour les fins de son jihad idéologique, Tariq Ramadan revient souvent sur les valeurs que les civilisations occidentale et islamique seraient censées partager. Il aborda ce thème notamment dans son ouvrage What I Believe (Mon intime conviction) [New York, Oxford University Press, 2010]. Tout cela n’est évidemment que de la poudre aux yeux destinée à faire baisser la garde de ses interlocuteurs non-musulmans. Ceci étant dit, en constatant la parenté idéologique entre Hitler et les maîtres à penser de Ramadan comme al-Banna et al-Qaradawi, on ne peut s’empêcher de penser qu’après tout, effectivement, un certain Occident a beaucoup en commun avec les idées incarnées aujourd’hui par Tariq Ramadan.
L’islam englobant de Tariq Ramadan
La profession de foi de la Muslim Association of Canada (MAC) affichée sur son site ne laisse pas le moindre doute quant à leurs intentions de tout faire en leur pouvoir pour assurer le triomphe des idées d’Hassan al-Banna au Canada: « La MAC adopte et fait tous les efforts pour appliquer l’islam tel (…) qu’il a été compris dans le contexte contemporain par le regretté imam Hassan al-Banna ».
Leur allié Tariq Ramadan est tout aussi spécifique. Il explique que sa filiation avec al-Banna est bien plus que biologique, elle est idéologique : « J’ai étudié en profondeur la pensée de Hassan al-Banna et je ne renie rien de ma filiation. Sa relation à Dieu, sa spiritualité, son mysticisme, sa personnalité en même temps que sa pensée critique sur le droit, la politique, la société et le pluralisme restent des références pour moi, de cœur et d’intelligence.(…) Son engagement aussi continue de susciter mon respect et mon admiration. » [Alain Gresh et Tariq Ramadan, L’Islam en questions, Sindbab, 2002, pp. 33-34 – Texte cité par Caroline Fourest, Frère Tariq : Discours, stratégie et méthode de Tariq Ramadan, Paris, Grasset, 2004, p. 19]
Depuis l’époque d’al-Banna et d’Hitler, un important travail intellectuel a été accompli par des auteurs comme George Orwell (1903 – 1950), Friedrich Hayek (1899 – 1992) et Ludwig von Mises (1881 – 1973) pour exposer les dangers et les caractéristiques du totalitarisme. Une des conséquences de leurs travaux c’est que les termes « totalitaire » et « totalitarisme » ne sont plus utilisés que de façon négative. Il ne viendrait plus à l’idée de totalitaires contemporains comme les islamistes d’utiliser ces expressions de façon positive comme le firent jadis Mussolini et Gentile pour décrire leur propre doctrine politique.
Friedrich Hayek: « Les divers genres de collectivisme diffèrent entre eux par la nature du but vers lequel ils veulent orienter les efforts de la société. Mais ils diffèrent tous du libéralisme et de l’individualisme en ceci qu’ils veulent organiser l’ensemble de la société et toutes ses ressources en vue de cette fin unique, et qu’ils refusent de reconnaître les sphères autonomes où les fins individuelles sont toutes-puissantes. Ils sont totalitaires au véritable sens du mot. » [La route de la servitude]
Ludwig von Mises: « Toutes les entités sociales importantes comme les nations, les groupes linguistiques, les communautés religieuses et les partis politiques ont été élevées à un moment donné ou l’autre au rang de collectif suprême qui domine tous les autres et qui exige la soumission complète de tous les hommes. (…) La doctrine de chaque collectif est nécessairement exclusive et totalitaire. Elle désire contrôler toutes les facettes de la vie des hommes sans n’en partager aucune avec d’autres collectifs. » [Theory and History (La théorie et l’histoire), Auburn (Alabama), LVM Institute, 2007, p. 60 Google Livres]
Pour combler le besoin d’une expression qui puisse décrire sa doctrine totalitaire de façon positive, Tariq Ramadan utilise désormais l’expression « englobant ». Dans son livre Les musulmans dans la laïcité, il écrit: « L’Islam investit le champ social et l’influence de façon conséquente. De fait, il convient d’ajouter à ce qui est proprement religieux les éléments du mode de vie, de la civilisation et de la culture. Ce caractère englobant est l’une des caractéristiques de l’Islam. » [Lyon (France), Tawhid, 1998, p. 79 Google Livres 1 Google Livres 2]
Dans un autre passage qu’on retrouve sur le site de son organisation Présence Musulmane, Tariq Ramadan écrit: « Il faudra promouvoir la « féminité islamique », en englobant tous les aspects de la question. (…) Cette féminité islamique devra déterminer une certaine façon d’être, de se sentir femme devant Dieu et parmi les êtres humains : spirituellement, socialement, politiquement et culturellement. »
CONCLUSION
Les programmes englobants et totalitaires d’Hitler et de Lénine étaient facilement accessibles bien avant qu’ils ne prennent le pouvoir. Pourtant, trop peu de gens ont cru que ces hommes étaient prêts à faire ce qu’ils avaient promis de faire pour contrôler chaque facette de la vie des gens.
Lisez les sections du manifeste en 50 points d’al-Banna qui encouragent l’instauration d’un parti unique, l’interdiction de la danse, la censure des livres, etc. Consultez le site Global Muslim Brotherhood Daily Report qui suit au jour le jour les activités des Frères Musulmans et notamment leurs activités d’infiltration des institutions occidentales. Lisez les déclarations d’exégètes de l’islam acclamés par Tariq Ramadan qui encouragent le jihad éternel contre les non-musulmans. Visionnez la vidéo d’al-Qaradawi qui incite ses troupes à conquérir l’Occident, celle où il se demande s’il est préférable de projeter les homosexuels du haut d’édifices élevés ou de les brûler (vidéo 5:27), celle où il présente Hitler comme un envoyé d’Allah venu punir les Juifs (vidéo). L’histoire serait-elle en train de se répéter?
Ludwig von Mises: « Ce n’est pas (Georges) Sorel (un révolutionnaire français 1847 – 1922), ni ses disciples Lénine (1870 – 1924), Mussolini (1883 – 1945) et (Alfred) Rosenberg (un idéologue du nazisme 1893 – 1946), ni les écrivains et les artistes qui s’associèrent à eux qu’il faut blâmer pour la dissémination de leur idéologie de destruction. La catastrophe est survenue parce que, durant de nombreuses décennies, presque personne ne s’est attardé à examiner leurs idées dans le détail et à discréditer ces fanatiques. Même les auteurs qui n’endossaient pas sans réserve leurs idées violentes cherchaient malgré tout à donner une interprétation sympathique aux pires excès de ces dictateurs. Les premières objections timides furent soulevées lorsque très tard certains promoteurs de ces idéologies totalitaires commencèrent à réaliser que même un appui enthousiaste à ces idées ne garantissait pas l’immunité contre la torture et l’exécution. » [The Anti-Capitalistic Mentality (La mentalité anticapitaliste), South Holland, Libertarian Press, 1981 Library of Liberty]
(Partie 1/3) (Partie 2/3)
Lire aussi:
DU TOTALITARISME D’HASSAN AL-BANNA À L’ISLAM ENGLOBANT DE TARIQ RAMADAN Partie 1/3
Du totalitarisme d’Hassan al-Banna à l’islam englobant de Tariq Ramadan Partie 2/3
LE MANIFESTE EN CINQUANTE POINTS D’HASSAN AL-BANNA
LE JIHAD DE TARIQ RAMADAN EXPLIQUÉ PAR SES SAVANTS MUSULMANS 1/3
La conquête de l’Occident par le jihad idéologique 2/3
Tariq Ramadan à la télévision iranienne 3/3
De la guerre froide à la guerre sainte des Frères musulmans partie 1/4
De la guerre froide à la guerre sainte des Frères musulmans / Saïd Ramadan partie 2/4
De la guerre froide à la guerre sainte des Frères musulmans 3/4