Les hôpitaux européens sont confrontés à des exigences discriminatoires des maris de patientes musulmanes, et certains hôpitaux britanniques et des Pays-Bas sont en voie de les incorporer dans leur politique hospitalière. La France, par contre, a choisi de défendre les femmes contre les fondamentalistes musulmans et refuse de régresser avec eux. « C’est à l’islam de s’adapter à la liberté individuelle nécessaire à tous dans un État moderne et non l’inverse ».
Traduction de l’article Delivering Obstetrics from Radical Islam, par R. John Matthies
Un musulman est-il en droit d’exiger qu’une femme médecin examine sa femme, ou de refuser l’assistance d’un homme dans la naissance de son enfant? Les hôpitaux sont-ils obligés d’accommoder la volonté du musulman quand ceci impose un fardeau injuste au personnel, entraîne un retard qui compromet les soins aux patients, ou si de tels accommodements contreviennent au serment d’Hippocrate? L’Europe est aux prises avec des questions comme celles-ci avec une fréquence accrue, et la Grande-Bretagne et les Pays-Bas semblent en bonne voie de traduire les préférences discriminatoires de leurs clients dans la politique hospitalière.
Le Dutch Telegraaf rapporte que l’organisation des médecins néerlandais, en réponse à des cas avérés d’intimidation de médecin, a publié des lignes directrices qui permettront aux musulmans de refuser un médecin de sexe masculin. L’organisation demande que les hôpitaux accordent les demandes pour une femme médecin dans tous les cas, sauf ceux considérés comme «extrêmement urgents», et demande instamment de faire preuve de sensibilité. Sans surprise, l’article continue de citer un rapport du Dutch National Broadcasting Foundation (NOS) qui reconnaît que «certains médecins» estiment que l’organisation professionnelle est trop rapide pour répondre aux « souhaits des musulmans ».
Les nouvelles directives sur le choix du médecin sont le fruit de questions posées dans un Document de politique progressif daté du 1er novembre 2007. La section 5 de ce document, qui examine l’éthique médicale, rapporte que l’on n’est pas clair quant aux mesures qui s’imposent quand un musulman, pour des raisons de foi – mais parfois à risques pour le patient – refuse l’attention d’un médecin de sexe masculin. Et on lit, en guise de réponse, que la directive doit être mise en perspective. (Ceci est suivi d’un paragraphe qui, sans ironie apparente, décrit ensuite une étude commandée pour explorer le suicide « de conscience » ou avec assistance médicale).
L’Association flamande pour l’obstétrique et la gynécologie, bien consciente des problèmes posés par les préjugés des musulmans à l’encontre des obstétriciens-gynécologues de sexe masculin, est d’accord avec les médecins décrits dans le rapport du NOS, et exige un certain degré de rigidité – ne serait-ce que par souci d’efficacité. Johan Van Wiemeersch, chef de Sint-Augustinus à Wilrijk, explique: «Dans mon propre hôpital chaque patient qui insiste absolument pour avoir une femme est renvoyé de l’hôpital. En tant qu’association de gynécologues nous exigeons les mêmes règles strictes dans toutes les maternités. Dans notre hôpital, nous avions l’habitude d’être plus flexibles, mais les femmes gynécologues devaient être appelées au milieu de la nuit pour se présenter à l’hôpital. Ce n’est pas acceptable. »
Maugréer contre des hommes belligérants dans la salle d’obstétrique a également fait les nouvelles en Belgique, où deux cas en particulier ont fait les manchettes dernièrement. L’un concerne l’anesthésiste Philippe Becx qui dans la nuit du 23 août 2007 a été appelé à l’aide pour une césarienne d’urgence. En arrivant, le médecin a trouver son chemin obstrué par le mari de la patiente, qui a dit qu’en aucun cas un homme ne serait autorisé à prendre soin de son épouse. Deux heures de débat s’ensuivirent, au cours desquelles le Dr Becx a expliqué qu’il était le seul anesthésiste de garde. Finalement un imam a été appelé à négocier un accord, qui a consisté à recouvrir la future mère avec un drap, exposant sa chair au médecin au seul point d’injection.
Le médecin a consenti à regret, et après l’administration de l’épidurale il a attendu en dehors de la salle d’opération où il a évalué sa patiente et conversé avec le gynécologue (femme) par le biais d’une infirmière de garde et en s’appuyant sur une porte entrouverte. Dr. Becx a ensuite porté des accusations contre l’homme pour entrave à un médecin dans l’exercice de ses fonctions. Mais l’association professionnelle des anesthésistes de Belgique, quoique certaine du bon droit du médecin, n’était pas disposée à imputer le comportement du mari à ses convictions religieuses, et en a plutôt fait un cas de discrimination fondée sur le sexe. L’organisation a tout de même non seulement signé la plainte, elle a aussi déposé des accusations civiles de négligence criminelle.
Le cas de Luc Gerguts, tel que rapporté par Bruxels’ De Morgen, est similaire. Luc Gerguts, chef de gynécologie à l’hôpital Geel Sint-Dimpna, a décrit dans un journal médical la façon dont un musulman en colère l’a empêché d’aider son épouse dans un accouchement dangereux. La femme avait déjà connu deux mort-nés, dit-il, et sa situation était critique. Mais lorsque le mari a refusé d’autoriser le Dr Gerguts à accoucher sa femme, le médecin a cédé et, à l’exemple du Dr Becx, il a dépêché deux sages-femmes expérimentées et lui-même est resté stationné derrière la porte.
Des exemples comme ceux de Becx et Gergut’s sont devenus plus visibles dans les médias d’Europe occidentale, mais cela ne veut pas dire que c’est partout la même chose. De l’autre côté de la frontière, en France, par exemple, les violences contre les médecins de sexe masculin ne sont ni rares ni inconnues, mais les tactiques déployées pour contrer les exigences déraisonnables d’accommodement ont évolué très différemment.
Pour commencer, ces types d’accommodements sont ridiculisés par la presse. Plantu, le plus célèbre dessinateur et satiriste politique de France, et dont le travail apparaît sur la première page du journal Le Monde, a, au fil du temps, produit plusieurs panneaux notables sur l’islam dans les départements d’obstétrique. L’un représente un querelleur musulman qui veut connaître la religion du médecin de son épouse. La réponse du médecin? «Humanitaire». La seconde montre un homme également menaçant, avec une femme enceinte derrière lui, qui montre son ventre proéminent et souffle «Elle a mal ici. »
Le gynécologue obstétricien français Gilles Dauptain me répond qu’il est familier avec les comportements belligérants dans le quartier. Mais, raconte-t-il à Libération (Paris), «nous avons eu beaucoup moins d’incidents de ce type, plus récemment, et ce, poursuit-il, pour la «simple raison» que le Collègue National des Gynécologues et Obstétriciens Français – avec l’approbation sans réserve de l’Association médicale de France – a jugé préférable de publier un communiqué défendant les femmes « contre le fondamentalisme».
Cette défense se compose d’un bref énoncé de politique (sous le titre « Information importante »), que le Collège a distribué dans chaque service de gynécologie-obstétrique en France, avec la recommandation que ce soit affiché bien en vue pour les patients de l’hôpital et ceux qui requièrent des soins.
L’information indique que, (1) le personnel soignant est mixte, (2) il est impossible de garantir qu’une femme sera examinée et prise en charge uniquement par des femmes, (3) l’établissement est un lieu neutre qui fournit des soins de qualité sans distinction d’origine ethnique ou de religion (4), les soins ne peuvent être perturbés pour quelque motif que ce soit et (5) le refus d’être vu par un homme sera compris comme un refus de service.
Un Communiqué intitulé « Les gynécologues et obstétriciens déffendent les femmes contre l’intégrisme musulman » porte les noms du président et du secrétaire général du Collègue National des Gynécologues et Obstétriciens Français, et se lit comme suit:
«Nous le disons fermement, nous continuerons à avoir des services où les médecin hommes ou femmes apporteront les soins aux patients quel que soit leur sexe. » Et en conclusion:
N’avons-nous pas le devoir de protéger les femmes contre les atteintes à la liberté que l’on veut leur imposer au nom d’une religion mal comprise ? Il y a 30 ans, les femmes musulmanes venaient dans nos hôpitaux sans l’appréhension d’être prises en charge par des médecins généralement hommes, et il n’y avait pas ces difficultés, ces violences. Pourquoi cette régression ? Devons-nous nous laisser faire et régresser nous aussi ?
Il semblerait que le problème de la sélection agressive du sexe des soignants à l’hôpital n’est pas aussi flagrant aux États-Unis, mais cela ne veut pas dire que des incidents comme ceux-ci ne se sont pas produits ou ne pourraient se produire. Les États-Unis seraient avisés d’examiner des exemples comme les Pays-Bas – et la France, bien sûr – et de réfléchir à l’élaboration de documents d’orientation destinés à contrer des demandes d’accommodement déraisonnables ou des services spéciaux et, surtout, compatibles avec la santé, la sécurité et le bien-être des patients.
En guise de réponse aux questions posées au début de cet article, il convient d’observer que, si le choix du médecin est à la fois privé et une question de préférence, les besoins occasionnés par la pratique médicale avancée rendent souvent impraticables ou imprudentes l’accommodement des demandes.
Source: Delivering Obstetrics from Radical Islam, par R. John Matthies, FamilySecuritymatters.org, le 7 janvier 2008
Cet article est aussi disponible sur le site Web du Middle East Forum
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