En ouvrant des enquêtes sur Mark Steyn, Maclean et Ezra Levant, les commissions des droits de la personne au Canada se trouvent en porte-à-faux par rapport à la position défendue depuis plusieurs années de manière constante et cohérente par le Canada au niveau international en matière de liberté d’expression. Les citoyens du Canada ont le droit de se sentir trahis par ses institutions dont la position reflète celle de l’Organisation de la conférence islamique plutôt que celle du Canada.
La «diffamation des religions» est entrée dans le vocabulaire des Nations Unies sous l’impulsion des pays membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI). Pour l’OCI, la diffamation de l’islam par des caricatures ou des films comme Fitna constitue un nouveau crime raciste. L’OCI fustige également toute tentative d’identifier l’islam au terrorisme, à la violence ou aux violations des droits humains.
À plusieurs reprises, l’OCI a exprimé sa «profonde préoccupation» devant la persécution des musulmans en Occident par ceux qui «abusent» de la liberté d’expression. Pour l’OCI, la diffamation de l’islam menace la paix mondiale.
L’OCI milite au niveau des organismes internationaux comme le Conseil des droits de l’Homme ou l’assemblée générale des Nations Unies par la présentation de résolutions successives exhortant tous les pays à lutter contre ce fléau par un arsenal de moyens divers. Des moyens juridiques – préventifs, coercitifs et répressifs – des moyens éducatifs, ainsi que des mesures de contrôle des médias. Il s’agit de limiter la liberté de la presse et la liberté d’expression et de faire de la propagande pro-islam (ici).
Importance de la liberté d’expression
Comme l’écrivait récemment Roy W Brown (ici), du International Humanist and Ethical Union en réaction à l’adoption d’une résolution du Conseil des droits de l’Homme, ces résolutions signifient : N’exercez pas votre droit à la liberté d’expression parce que vos adversaires peuvent devenir violents. Pour la première fois dans les 60 ans d’histoire des organes des droits de l’Homme de l’ONU, un droit humain fondamental a été limité simplement en raison de la possible réaction violente par les ennemis des droits de l’Homme.
La violence que nous avons vue en réaction aux caricatures danoises est donc excusée par le Conseil – c’est la liberté d’expression du caricaturiste qui devait être réglementée. Theo van Gogh peut être considéré comme responsable de son assassinat.
La liberté d’expression est le seul droit qui nous permet d’exposer, de communiquer et de condamner les abus de tous les autres droits. Sans liberté d’expression et liberté de la presse, nous donnons le feu vert à la tyrannie et rendons impossible de dénoncer la corruption, l’incompétence, l’injustice et l’oppression.
Le Canada contre la censure et la création d’un délit de blasphème
Le Canada, les États-Unis, les pays membres de l’Union européenne et d’autres pays véritablement démocratiques se sont toujours prononcés contre ces résolutions visant à limiter la liberté d’expression et à créer une sorte de « délit de blasphème » dans l’ordre juridique temporel. Pour le Canada et ces pays, les seules limites acceptables à la liberté d’expression sont celles déjà prévues dans le Pacte relatif aux droits civils et politiques et il n’y a pas lieu d’en rajouter. Voir (ici) et (ici)
Les commissions des droits de la personne au Canada
En ouvrant des enquêtes pour «propagande haineuse» sur les écrits de Mark Steyn publiés dans le magazine Maclean, et sur Ezra Levant pour la publication des caricatures de Mahomet, les commissions des droits de la personne au Canada se trouvent en porte-à-faux par rapport à la position défendue depuis plusieurs années de manière constante et cohérente par le Canada au niveau international.
Le communiqué récemment émis par la commission ontarienne des droits de la personne accusant Mark Steyn et Maclean d’être des « racistes islamophobes », le tout sans même les avoir entendus, et accusant le Canada d’être engouffré dans un nuage d’islamophobie et de racisme institutionnel massif, reflètent en tout point le discours des pays membres de l’OCI (ici).
Le rôle d’auxiliaire de la censure et de grand Inquisiteur que se donnent les commissions des droits de la personne au Canada sape les efforts du Canada au niveau international en vue de promouvoir la liberté d’expression comme fondement d’une saine démocratie. Les citoyens du Canada ont le droit de se sentir trahis par leurs propres commissions des droits de la personne.
Le Canada, un pays de racistes islamophobes persécuteurs de musulmans?
On est aussi en droit de se sentir insultés par ces accusations de racisme massif au Canada à l’endroit des musulmans. Où sont les chiffres à l’appui de telles accusations? Où sont les faits? À qui nous compare-t-on pour brosser un tableau aussi sinistre des Canadiens? Y a-t-il un discours dominant au Canada réclamant la déportation, l’emprisonnement, l’asservissement, la torture ou le déni aux musulmans des droits constitutionnels reconnus aux autres citoyens? Y a-t-il une épidémie d’agressions contre les musulmans, de complots pour les tuer, de vandalisme contre les mosquées?
Si des caricatures ou des reportages dans des magazines sérieux sont assimilés à des crimes racistes et à des actes de persécution massive menaçant la paix mondiale – et justifiant un train de mesures juridiques et des camps de rééducation pour la population – quel vocabulaire nous reste-t-il pour décrire de véritables atrocités comme l’excision de fillettes, les mariages forcés, les crimes d’honneur, l’esclavage, les amputations, flagellations, décapitations, lapidations et autres traitements cruels, inhumains et dégradants?
Remettons les choses en perspective. Comme disait Rex Murphy dans une chronique en parlant des plaintes contre le magazine Maclean (ici): L’article de Mark Steyn les a offensé – et alors ? Ce ne sont pas tous les articles dans tous les magazines et tous les journaux qui se veulent une carte de St-Valentin adressée à l’estime personnelle de chaque lecteur. Macleans a publié un grand nombre de lettres suivant la publication de l’article : certaines louangeuses, d’autres méprisantes. C’est ça la liberté d’expression. C’est ça la démocratie. C’est ça le cafouillis que nous appelons l’échange d’idées et d’opinions.
Le Canada discrédité au niveau international
Des déclarations à la Barbara Hall de la commission ontarienne des droits de la personne contribuent aussi à dissuader les pays tyranniques de se conformer aux normes internationales en matière de droits humains en niant toute légitimité à leurs critiques.
En novembre dernier, une résolution votée par l’Assemblée générale de l’ONU, à l’initiative du Canada, portait sur la situation des droits de l’Homme en Iran. La résolution demandait à l’Iran de mettre un terme au recours continu à la torture, aux peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, y compris la flagellation, l’amputation et la lapidation comme méthode d’exécution, aux répressions violentes contre les défenseurs des droits des femmes, à la discrimination contre les minorités religieuses, ethniques, linguistiques et autres, aux restrictions des droits et des libertés fondamentaux et au non-respect continu du droit à une procédure judiciaire équitable.
Le porte-parole du Ministère iranien des affaires étrangères a réagi en accusant le Canada de «s’arroger un rôle de premier plan dans la défense des droits de l’Homme, alors que certains segments de sa propre population, notamment les minorités, immigrants, étrangers et peuples autochtones souffrent eux-mêmes de violations de leurs droits humains». (ici)
Nul doute que lors des prochaines interventions du Canada à l’ONU ou au Conseil des droits de l’Homme, des pays comme l’Iran, l’Arabie saoudite, le Pakistan ou l’Égypte s’appuiront sur les déclarations de la commission ontarienne des droits pour remettre le Canada à sa place. Les commissions des droits de la personne du Canada fournissent de l’eau au moulin des pires fossoyeurs de libertés de la planète et leur permettent de s’exonérer.
Conflits d’allégeance
La vision des droits de l’Homme promue par des organismes comme la commission ontarienne des droits de la personne qui, selon le Muslim Canadian Congress, porte l’empreinte de groupes pro-islamistes qui trouvent leur inspiration de pays étrangers (ici), traduit un profond conflit d’allégeance. On doit s’inquiéter d’institutions canadiennes infiltrées par des groupes dont la vision est alignée sur celle de l’OCI plutôt que sur les valeurs canadiennes. Le moins qu’on puisse exiger de nos institutions c’est qu’elles évitent de se mettre dans une position où leur loyauté aux valeurs démocratiques et libérales promues par le Canada sur la scène internationale est mise en doute.
Voir aussi:
Le rapport de l’Observatoire de l’islamophobie – faux diagnostic, mauvais traitement
Le Muslim Canadian Congress dénonce la position de la Commission ontarienne des droits sur Maclean
Affaire Maclean et Steyn : le Globe fustige la Commission ontarienne des droits
Mort du Conseil des droits de l’Homme et de l’universalité des droits de l’Homme
“Fitna” de Geert Wilders est en ligne – le film dit la vérité
L’ONU contre les droits de l’Homme – le drame ignoré des grands médias
Arabie saoudite – Non à la réciprocité dans l’interdiction de diffamer les religions
Le Canada dit non à Durban 2, vu le « cirque » de Durban 1
Pourquoi les sociétés arabes sont-elles opposées aux droits de l’Homme ?
Pourquoi l’Occident est supérieur – Ibn Warraq répond à Tariq Ramadan
Doudou Diène blâme des caricatures, mais pas les manuels scolaires musulmans haineux
L’Organisation de la conférence islamique annonce une « Charte islamique des droits de l’Homme »
ONU – Louise Arbour condamne FITNA et appelle à des mesures juridiques appropriées