Éditeur du défunt magazine Western Standard, Levant fait l’objet de plaintes pour avoir publié les caricatures danoises de Mahomet il y a 2 ans. Les plaintes ont été déposées par l’imam Syed Soharwardy et le Edmonton Muslim Council.
La Commission des droits de la personne de l’Alberta a ouvert une enquête sur les plaintes contre Ezra Levant. Les audiences ont débuté la semaine dernière.
Point de BASCULE suit aussi de près de dossier des plaintes du Congrès islamique du Canada contre Macleans, faisant suite à la publication d’un extrait du livre America Alone de Mark Steyn.
Nous traduisons les explications de Ezra Levant et la déclaration liminaire qu’il a livrée à l’occasion de son interrogatoire par un officier de la Commission albertaine. Un document vidéo est affiché sur le site ezralevant.com
« Les audiences étaient en fait en réponse à deux plaintes. La première a été déposée par un imam radical à Calgary, Syed Soharwardy, un crackpot fasciste qui a publiquement demandé que le Canada soit gouverné par la charia. Soharwardy se vante de ses études dans des madrassas pakistanaises et de ses conférences religieuses dans les universités saoudiennes – et il introduit ces valeurs de l’Arabie saoudite et du Pakistan au Canada.
La seconde plainte, presque identique, a été faite par le Edmonton Muslim Council. La principale différence entre les deux est que les gens d’Edmonton ont nettoyé leur orthographe et leur grammaire, et ont abandonné certains de leurs arguments les plus cinglés de la charia qui sont la spécialité Soharwardy.
L’agent des «droits de l’homme » m’a demandé de répondre aux allégations des gens d’Edmonton que ces caricatures rendaient la vie dangereuse pour les musulmans, et devraient être interdites pour cette raison ».
Voici ma déclaration liminaire.
Mon nom est Ezra Levant. Avant que cet interrogatoire du gouvernement commence, je ferai une déclaration.
Quand le magazine Western Standard a imprimé les caricatures danoises de Mahomet il y a deux ans, j’étais l’éditeur. Ce fut le moment le plus fier de ma vie publique. Je le ferais encore aujourd’hui. En fait, je l’ai fait à nouveau aujourd’hui. Bien que le Western Standard, malheureusement, n’a plus d’édition imprimée, j’ai affiché les caricatures ce matin sur mon site, ezralevant.com.
Je suis ici, à cet interrogatoire du gouvernement, sous protêt. C’est ma position que le gouvernement n’a aucune autorité morale ou juridique à m’interroger moi ou quelqu’un d’autre pour la publication de ces textes et images.
C’est une violation de mes libertés anciennes et inaliénables: la liberté d’expression, la liberté de la presse, et dans le présent cas, la liberté religieuse et la séparation de la mosquée et de l’État. Il est particulièrement pervers qu’une bureaucratie se faisant appeler la Commission des droits de l’homme de l’Alberta serait l’agence gouvernementale violant mes droits humains. Je vais donc appeler ces bureaucrates «la commission» ou «la hrc», puisque appeler la commission une «commission des droits de l’homme» équivaut à détruire le sens de ces mots.
Je crois que cette commission n’a pas d’autorité légitime sur moi. La commission a été conçue comme un organisme quasi-judiciaire de niveau inférieur pour arbitrer les querelles sur le logement, l’emploi et d’autres questions, où un plaignant estime que sa race ou son sexe est la raison pour laquelle il a été l’objet de discrimination. Cette commission était destinée à traiter des actions, pas des mots ou des idées. Maintenant, la commission, qui est financée par un gouvernement laïc, de la poche des contribuables de toutes origines, est en train de prendre sur elle d’être un exécutant des vues de l’islam radical. Aux dépens de la séparation de la mosquée et de l’État.
J’ai lu les décisions rendues par cette commission au cours des dernières années, et il est clair qu’elle est devenue un dépotoir pour les déchets qui sont écartés du véritable système judiciaire. J’ai lu un cas où un étudiant en coiffure se sexe masculin s’est plaint qu’il a été appelé « un perdant » par les filles dans la classe. La commission a tenu une audition à ce sujet. Un autre cas est celui d’un chef cuisinier avec l’hépatite C, qui se plaignait que c’était une violation de ses droits d’être licenciée. La commission a approuvé sa prétention, et contraint le restaurant de lui verser 4 900 dollars. En d’autres termes, cette commission est une plaisanterie – c’est l’équivalent albertain d’un pseudo-tribunal pour télévision comme Judge Judy aux Etats-Unis – sauf que la juge Judy était un juge, alors qu’aucun des intervenants de la commission n’est un juge, et certains ne sont même pas des avocats. Et contrairement à la commission, la juge Judy croit à la liberté d’expression.
Il est déplorable que cette mauvaise blague soit imposée aux salons de coiffure et aux restaurants. Mais c’est encore pire maintenant que les commissions s’attaquent à la liberté d’expression. C’est mon premier point: les commissions ont sauté de la cage où elles étaient confinées, et s’attaquent maintenant à nos libertés fondamentales. Comme Alan Borovoy, chef de file au Canada des libertés civiques – un homme qui a contribué à former ces commissions dans les années 60 et 70 – a écrit en référence spécifique à notre magazine, agir comme censeur n’est, et je cite « certainement pas le rôle que nous avions envisagé pour les commissions des droits de l’homme. Le droit de publier les caricatures contestées ne saurait être mis en question. » Fin de citation. Comme la commission est si manifestement hors de contrôle, a-t-il dit, et je cite «Il vaudrait mieux, par conséquent, de modifier les dispositions de la Loi sur les droits de la personne pour supprimer toute ambiguïté d’interprétation. » Fin de citation.
La commission n’a aucune autorité légale pour agir comme censeur. Ça ne fait pas partie de ses pouvoirs statutaires. Elle ne fait qu’inventer ça – même Alan Borovoy le dit.
Mais même si les commissions ont une feuille de vigne légale pour leurs tentatives de censure politique ou religieuse, ce serait encore illégal et inconstitutionnel.
Nous avons un héritage de liberté d’expression hérité de Grande-Bretagne qui remonte à l’année 1215 et à la Magna Carta. Nous disposons d’un patrimoine de huit cents ans de common law britannique de protection pour la parole, auquel s’ajoutent les 250 ans de common law au Canada.
Cette common law a été réaffirmée dans divers documents fondamentaux, en particulier depuis la Seconde Guerre mondiale.
En 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies, à laquelle le Canada est partie, a déclaré, et je cite:
« Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit».
La Déclaration canadienne des droits de 1960 garantissait, et je cite:
1. « …les droits de l’homme et les libertés fondamentales ci-après énoncées :
c) la liberté de religion,
d) la liberté de parole,
e) la liberté de réunion et d’association, et
f) la liberté de la presse.
En 1982, la Charte canadienne des droits et libertés garantissait, et je cite :
2. Chacun a les libertés fondamentales suivantes :
a) liberté de conscience et de religion;
b) liberté de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication;
Elles ont même été appelées «libertés fondamentales» – pour leur donner plus d’importance.
Qu’un bureaucrate du gouvernement appelle un éditeur ou toute autre personne à un interrogatoire pour être interrogé au sujet de son expression politique ou religieuse est une violation des 800 ans de common law, de la Déclaration universelle des droits de l’homme, de la Déclaration canadienne des droits et de la Charte des droits. Cette commission applique les valeurs saoudiennes, et non les valeurs canadiennes.
Elle est également profondément biaisée et injuste. Le requérant – dans le cas présent, un imam musulman radical qui a été formé dans une université officiellement antisémite en Arabie saoudite, et qui a demandé que le Canada soit gouverné par la charia – n’a pas à payer un sou. Les contribuables albertains paient pour la poursuite de la plainte déposée contre moi. Les victimes de ces plaintes, comme le Western Standard, doivent payer pour leurs propres avocats à même leur poche. Même si nous gagnons, nous perdons – le processus est devenu la punition. (A ce point, je tiens à remercier les nombreux donateurs du magazine qui ont donné de leur propre argent pour nous aider à lutter contre l’imam saoudien et ses facilitateurs dans le gouvernement de l’Alberta.)
La procédure est profondément injuste. Contrairement aux véritables tribunaux, il n’est pas possible de déposer une demande de renvoi des plaintes vexatoires. Les règles de preuve de la common law ne s’appliquent pas. Les règles des tribunaux ne s’appliquent pas. Il s’agit d’un système en partie Kafkaien, et en partie Stalinien. Même cet interrogatoire aujourd’hui – auquel je comparais sous la contrainte – a vu la commission me dire qui je pouvais ou ne pouvais pas amener avec moi comme avocats et conseillers.
Je n’ai aucune confiance en cette commission grotesque. Mais j’ai foi dans la justice et le bon sens de mes compatriotes Albertains et Canadiens. Je pense que mieux ils comprendront cette cause, plus ils seront choqués. Je suis ici au titre de votre mandat m’intimant de répondre aux questions de la commission. Mais ce n’est pas moi qui suis en procès: c’est la liberté de tous les Canadiens.
Vous pouvez commencer votre interrogatoire.”
Vidéo de la déclaration liminaire de Ezra Levant
« Voici un extrait vidéo de ma déclaration liminaire. Les deux autres personnes dans la salle sont l’agent des « droits de l’homme » Shirlene McGovern, et mon avocat Tom Ross.
C’est ce à quoi ressemble un interrogatoire en 2008. Ce n’est pas dans un donjon, ni dans une installation gouvernementale sécurisée. Ce n’est pas fait par des paramilitaires en uniformes. Ça semble banal – dans une salle de réunion à un cabinet d’avocats, avec un bureaucrate ennuyant. C’est ce que Hannah Arendt appelle « la banalité du mal ».
Source: Opening Statement, par Ezra Levant, le 12 janvier 2008
http://ezralevant.com/2008/01/opening-statement.html
Voir aussi:
Alberta- Enquête sur la publication des caricatures danoises
Doudou Diène blâme des caricatures, mais pas les manuels scolaires musulmans haineux