Source: Hutchinson, Brian, Blind man wins case after cabby refused dog, National Post, 16 août 2007
Traduction de Point de Bascule:
Alors qu’un aveugle semble avoir gagné dans une cause qui l’opposait à un chauffeur de taxi musulman, les détails du jugement démontrent néanmoins un certain recul pour les droits des personnes souffrant d’un handicap au nom de la protection de l’orthodoxie musulmane.
Bruce Gilmour, un aveugle accompagné d’un chien guide, s’était vu refuser un service de taxi parce le chauffeur de confession musulmane estimait que l’animal était impur dans sa religion. En fait, il n’aurait pas été interdit pour le chauffeur de conduire Monsieur Gilmour, il aurait uniquement du recommencer ses ablutions afin de se purifier de la présence de l’animal – selon un expert consulté par la province de Colombie-Britannique.
Dans un jugement du tribunal des droits de la personne de la Colombie-Britannique, rendu public le 15 août, on a estimé que le chauffeur de taxi avait brimé les droits de Monsieur Gilmour en lui refusant un service juste et équitable. Le tribunal lui a accordé une compensation de 2500$.
Cependant, le tribunal a aussi statué qu’il serait acceptable pour un chauffeur de taxi musulman de refuser la présence d’un chien dans son véhicule. Le jugement propose par conséquent un accommodement à la compagnie de taxi: si un chauffeur ne désire pas conduire un client aveugle avec son chien guide, il pourra refuser le client à condition que le chauffeur attende avec lui la venue d’un autre taxi.
Si théoriquement, cet arrangement semble raisonnable, il ne l’est pas. On brime le droit fondamental d’une personne dont la vie est déjà complexifiée par un handicap majeur pour satisfaire quelqu’un qui refuse d’adapter sa pratique religieuse pour faire preuve de compassion.
Ceci soulève un paradoxe important. L’islam est présenté comme une grande religion adaptée à la modernité au même titre que les autres grandes religions. Pourtant quelle autre grande religion préfèrerait aujourd’hui sacrifier la compassion envers une personne handicapée à un rituel archaïque?
Il s’agit encore ici d’un cas d’accommodement raisonnable qui choque les valeurs canadiennes et qui ébranle le fondement des lois en place – notamment, une loi qui vise à assurer l’équité pour les personnes handicapées. Ce jugement, ne suscite pourtant aucun remous évident au Canada anglais, ni dans la communauté musulmane modérée.
Où sont les musulmans pour dire à la cour: “Pas au nom de ma religion”? Ils doivent s’organiser pour le faire et vite, sinon ce sont tous les musulmans qui seront soupçonnés d’endosser une orthodoxie sans compassion.