Dans une intrevue avec les enquêteurs du SCRS non divulguée auparavant, le présumé agent dormant d’Al-Qaeda Adil Charkaoui a décrit comment des membres de la communauté arabe de Montréal recrutaient des personnes pour le Djihad avant le 11 septembre.
«Du recrutement pour le Djihad dans les mosquées de Montréal. Et qu’est-ce qui est fait à ce sujet? Les musulmans au Canada sont-ils mis au défi de frapper à la source de ce recrutement et de renoncer explicitement à l’islam politique et au suprématisme islamique? Non. Y a-t-il une quelconque réévaluation de l’immigration musulmane au Canada, ou même une tentative de filtrer les djihadistes potentiels (une étape imparfaite mais peut-être une première étape utile)? Non. Un appel aux musulmans de renoncer à toute intention d’imposer la charia au Canada maintenant ou dans l’avenir? Non. Qui êtes-vous? Une sorte d’islamophobe?» – Robert Spencer, Jihad Watch
Traduction de: Charkaoui told CSIS about jihad recruiting, par Graeme Hamilton dans le National Post
« Charkaoui a expliqué que plusieurs sont appelés mais peu sont choisis. C’est un effet d’entonnoir», selon un résumé d’une entrevue avec le Service canadien du renseignement de sécurité qui vient d’être ajouté au dossier de la cour.
«La personne chargée du recrutement fréquente certains centres nerveux, tels que les mosquées. La personne que le recruteur considère comme une recrue potentielle sera invitée à des réunions où elle sera exposée à certaines activités ayant à voir avec le djihad. La personne est testée. Si un défaut quelconque est détecté concernant la sécurité qu’elle doit respecter pour participer à des activités de Djihad, elle sera expulsée du groupe immédiatement.»
Nulle part dans l’intrevue M. Charkaoui n’admet avoir participé aux efforts de recrutement, mais ses observations révèlent une connaissance approfondie des activités ayant cours au sein de la communauté montréalaise extrémiste.
M. Charkaoui, un citoyen marocain arrivé à Montréal en 1995, a été arrêté deux ans après l’entrevue, soupçonné d’appartenir à Al-Qaïda. Il a nié toute implication dans le terrorisme et conteste son renvoi du Canada en vertu d’un certificat fédéral de sécurité qui le déclare un danger pour la sécurité nationale. M. Charkaoui a dit qu’il est venu à connaître Abdellah Ouzghar, un ancien Montréalais qui fait face à l’extradition vers la France après avoir été reconnu coupable de terrorisme par contumace, à la mosquée Assunah (ou Al Sunna) de Montréal.
M. Ouzghar fréquentait la mosquée régulièrement et a travaillé à promouvoir le Djihad parmi ceux qui participaient à des prières. «Charkaoui a précisé qu’il n’est pas d’accord avec cette façon d’agir», dit le résumé de l’entrevue.
«Selon Charkaoui, Ouzghar est très direct dans ses rapports avec les autres, ce qui explique sa tendance à vouloir convertir beaucoup de gens partout dans le monde. Charkaoui, pour sa part, est favorable à une approche plus nuancée et plus ciblée». Il a indiqué que des vidéos faisant la promotion du djihad étaient disponibles pour la location à Assunah.
Les enquêteurs du SCRS ont passé une grande partie de l’entretien à sonder la familiarité de M. Charkaoui avec des extrémistes islamistes présumés de Montréal, et il a croisé beaucoup d’entre eux.
Il a dit qu’il avait connu Raouf Hannachi dans une autre mosquée à Montréal, Alqods (fondée par Said Jaziri). Hannachi, qui est soupçonné d’avoir recruté le terroriste déjoué du millénaire, Ahmed Ressam, a été arrêté en Tunisie en 2003 pour terrorisme.
M. Charkaoui a déclaré qu’il était conscient que Abousofian Abdelrazik, qui en 2006 devait être ajouté à une liste américaine de terroristes désignés, a travaillé en tant que guérisseur à la communauté musulmane locale.
M. Charkaoui s’est également fait poser des questions sur Hisham Tahir, dont le nom a fait surface l’an dernier dans un article de La Presse comme quelqu’un avec qui M. Charkaoui aurait discuté d’un complot visant à détourner un avion de ligne en juin 2000. Vendredi dernier, le juge de la Cour fédérale Simon Noel, qui entend l’affaire du certificat de sécurité de M. Charkaoui, a ordonné aux reporters de La Presse de divulguer la source des fuites du rapport confidentiel du SCRS à l’origine de leur article.
Dans l’entrevue d’avril 2001, M. Charkaoui a décrit M. Tahir comme «un très bon ami». Il a dit que M. Tahir, comme M. Ouzghar, avait la mauvaise habitude de trop parler. «Charkaoui a dit qu’il avait averti Tahir à plusieurs reprises de ne pas parler ouvertement des activités liées au djihad», dit le résumé. Il a refusé de confirmer aux agents du SCRS si M. Tahir s’était entraîné dans un camp d’al-Qaïda au Pakistan ou en Afghanistan.
Dans un entretien avec le SCRS tenu trois ajours après le 11 septembre – et divulgué précédemment – «Charkaoui ne voulait pas jurer de ne jamais avoir été témoin d’une conversation portant sur des complots en vue de commettre des attentats terroristes, y compris la possibilité de faire sauter un avion».
M. Charkaoui a conclu l’intrevue d’avril 2001 en accusant les autorités canadiennes de créer un climat de paranoïa chez les Arabes de Montréal. «Selon Charkaoui, plusieurs personnes du mouvement extrémiste local se sentent persécutées et surveillées».
Pourtant, il a dit qu’il ne croyait pas que les extrémistes s’attaqueraient à des cibles canadiennes.
Le SCRS a découvert le dossier de l’intrevue le mois dernier. Un fonctionnaire du SCRS appelé à témoigner devant le juge Noël ce mois-ci a dit que c’était le fruit d’une «erreur administrative ou de transcription» et que l’organisme veillerait à ce que ça ne se reproduise pas.
L’avocate de M. Charkaoui, Johanne Doyon, n’a pas retourné un message demandant ses commentaires.
Sources:
Voir aussi sur notre site:
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Liens externes:
Montréalistan, par Fabrice de Pierrebourg
Les musulmans du Québec s’ouvrent aux positions souverainistes
Équipe de recherche sur le terrorisme et l’antiterrorisme
The James Town Foundation, Securing the Northern Front
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Entrevue exclusive avec Adil Charkaoui