Voici des extraits d’un discours prononcé par le dirigeant libyen Mouammar Al-Kadhafi pour marquer l’anniversaire du raid aérien américain contre la Libye. L’adresse a été diffusée sur Al-Jazira TV le 11 juin 2008 :
Mouammar Al-Kadhafi: Il a été prouvé qu’il n’y a pas de démocratie aux États-Unis. Il s’agit plutôt d’une dictature qui ne diffère en rien des dictatures de Hitler, Napoléon, Mussolini, Gengis Khan, Alexandre le Grand, et des autres tyrans. À l’époque de Reagan le fou, le président américain a publié un décret présidentiel ordonnant une guerre contre la Libye, un décret présidentiel pour assiéger la Libye, un décret présidentiel pour boycotter la Libye, et ainsi de suite. Est-ce une démocratie ou une dictature?
[…]
Il y a des élections en Amérique présentement. Arrive un citoyen noir d’origine kenyane africaine, un musulman qui a étudié dans une école islamique en Indonésie. Son nom est Obama. Tous dans le monde arabe et islamique et en Afrique ont salué cet homme. Ils l’ont accueilli et ont prié pour lui et pour son succès, et ils pourraient même avoir fait des contributions légitimes à sa campagne pour lui permettre de remporter la présidence des États-Unis.
Mais nous avons été pris par surprise lorsque notre frère africain du Kenya, un ressortissant américain, a fait des déclarations qui ont choqué l’ensemble de ses supporters dans le monde arabe, en Afrique et dans le monde islamique. Nous espérons que ce n’est qu’un «solde de liquidation» électoral, comme on dit en Égypte – en d’autres mots, un simple mensonge électoral. Comme vous le savez, c’est la mascarade des élections – une personne ment et ment aux gens afin qu’ils votent pour lui, et après, quand ils lui disent: «Vous avez promis ceci et cela», il explique : «Non, ce n’était que de la propagande électorale». C’est la farce de la démocratie. Il dit: «C’était de la propagande, et vous avez pensé que j’étais sérieux. Je vous ai trompé pour obtenir votre vote».
Si Allah le veut, il s’avèrera que ce n’était que de la propagande électorale. Obama a déclaré qu’il ferait de Jérusalem la capitale éternelle des Israéliens. Cela signifie que notre frère Obama est ignorant de la politique internationale et n’est pas familier avec le conflit au Moyen-Orient.
[…]Nous pensions qu’il dirait : «J’ai décidé que si je gagne, je vais surveiller la centrale nucléaire de Dimona, et les autres armes de destruction massive en la possession d’Israël». Nous nous attendions à ce qu’il prenne une telle décision. C’est sans doute ce qu’il avait à l’esprit. Quand il a parlé de l’Iran et de son programme nucléaire, il avait sans aucun doute Dimona à l’esprit.
Mais quand il pensait à Dimona, il avait sans aucun doute également le sort de l’ancien président Kennedy à l’esprit. Kennedy a décidé de surveiller la centrale nucléaire de Dimona. Il a insisté pour le faire afin de déterminer si elle produisait des armes nucléaires. Les Israéliens ont refusé, mais il a insisté. Cette crise a été résolue avec la démission de Ben Gourion. Il a démissionné pour ne pas avoir à acquiescer à la surveillance du site de Dimona, et il a donné le feu vert pour l’assassinat de Kennedy. Kennedy a été tué parce qu’il a insisté sur le contrôle du site de Dimona. Obama avait sans aucun doute cette image à l’esprit. Il voulait sans aucun doute en parler, mais il a décidé de ne pas le faire.
[…]Nous nous attendions qu’il dise: «Si je gagne, je vais mettre en place la solution d’un État unique – «Isratine» qui figure dans le Livre Blanc de Kadhafi». Cette idée constitue la solution finale, profondément enracinée et historique. C’est impossible de créer deux États miniatures dans cette région. Quel genre de pays a seulement 15 km de profondeur? Le soi-disant Israël a seulement 15 km de profondeur. Quelle sorte de pays est-ce?
Il y a 5 millions de Palestiniens. Nous nous attendions à ce que Obama dise: «J’ai décidé de retourner des millions de réfugiés palestiniens sur la terre de Palestine d’où ils ont été expulsés en 1948 et 1967». C’est le «changement» que les gens applaudissent, le changement que le peuple américain – et les Noirs en Amérique – veulent.
Nous nous attendions à ce qu’il dise: «Je ferai des efforts en vue de l’indépendance et de l’unité de la nation kurde. Cette nation doit prendre sa place au soleil au Moyen-Orient». La nation kurde est déchirée, tourmentée, persécutée et colonisée par tout le monde. Il aurait dû la soutenir au lieu de soutenir les collaborateurs tout en sacrifiant l’avenir de la nation kurde. C’est ça un «changement».
[…]Ce que nous craignons le plus, c’est que cet homme noir souffre d’un complexe d’infériorité. C’est dangereux. Si notre frère Obama estime que parce qu’il est noir, il n’a pas le droit de gouverner l’Amérique, ce serait une catastrophe, car un tel sentiment pourrait le conduire à se comporter plus blanc que blanc, et aller à l’extrême dans sa persécution et dégradation des noirs.
[…]Nous lui disons: Frère, les blancs et les noirs en Amérique sont égaux. Ils sont tous des immigrants. L’Amérique n’appartient ni aux blancs ni aux noirs. L’Amérique appartient à ses habitants d’origine, les Indiens. Tant les blancs que les noirs ont immigré en Amérique, et ils sont égaux, et Obama a le droit de se tenir la tête haute et de dire: «Je suis un partenaire en Amérique. C’est ma terre autant que c’est la vôtre. Si ce n’est pas ma terre, ce n’est pas la vôtre non plus. C’est la terre des Indiens. Vous êtes des immigrants, de même que nous».
[…]Nous continuons d’espérer que cet homme noir sera fier de son identité africaine et islamique et de sa foi, et qu'[il saura] qu’il a des droits en Amérique, et qu’il va changer l’Amérique du mal au bien, et que l’Amérique établira des relations qui la serviront bien avec d’autres peuples, en particulier les Arabes.
Voir aussi:
États-Unis – The New Yorker : Obama avec un turban, sa femme avec une AK-47