Le 23 septembre 2007, le directeur de UN Watch Genève, le montréalais Hillel Neuer, a déclenché une tempête lors de son discours au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU réuni à Genève. Le président du Conseil, Luis Alfonso De Alba, a fait radier la déclaration de Neuer de l’enregistrement. Vous pouvez visionner l’enregistrement ici, et lire la traduction de la transcription des échanges.
Cette nouvelle ne date pas d’hier, elle est antérieure à la mise en ligne de Point de BASCULE. Nous la diffusons aujourd’hui pour mettre en contexte l’article Inversion morale à l’ONU – La civilisation peut-elle survivre ? affiché il y a 2 jours, où nous présentons une déclaration du directeur de UN Watch, Hillel Neuer, qui a été suivie d’une riposte cinglante de l’ambassadeur cubain, Juan Antonio Fernandez Palacios, annonçant son intention de demander que UN Watch soit expulsé de l’ONU.
Traduction (par Alain Jean-Mairet) de la transcription de l’intervention de Hillel Neuer, lors de la 4e session du Conseil, le 23 mars 2007. À la suite, la réponse de Luis Alfonso de Alba, président du Conseil des droits de l’homme.
Vous pouvez visualiser le document vidéo de cet échange en cliquant ici
Monsieur le Président,
Il y a six décennies, au lendemain des horreurs nazies, Eleanor Roosevelt, Réné Cassin et d’autres personnalités éminentes se réunirent ici même, sur les rives du lac Léman, pour réaffirmer le principe essentiel de la dignité humaine. Ils créèrent la Commission des droits de l’homme. Aujourd’hui, nous posons la question: qu’est-il advenu de leur noble rêve?
Dans cette session, nous voyons la réponse. Confronté à des rapports provenant des quatre coins du monde sur la torture, la persécution, et la violence contre les femmes, qu’a déclaré le Conseil, et qu’a-t-il décidé?
Rien du tout. Sa réponse a été le silence. Sa réponse a été l’indifférence. Sa réponse a été coupable.
On pourrait dire, pour reprendre les termes de Harry Truman, que cet organe est devenu un conseil à ne rien-faire, un conseil bon à rien.
Mais ce serait inexact. Ce conseil a tout de même fait quelque chose.
Il a promulgué une résolution après l’autre pour condamner un seul État: Israël. Les huit déclarations prononcées – et il y en aura trois autres pendant la présente session –, ont accordé l’impunité au Hamas et au Hezbollah. Le reste du monde – avec des millions et des millions de victimes, dans 191 pays – reste ignoré.
Ainsi, oui, ce conseil fait quelque chose. Et les dictateurs du Moyen-Orient qui orchestre cette campagne vous diront sans doute qu’il fait une très bonne chose. Il tente de protéger des droits humains, les droits des Palestiniens.
De même, les assassins racistes et violeurs des femmes du Darfour nous disent qu’ils se préoccupent des droits des femmes palestiniennes. Les occupants du Tibet se soucient des occupés. Et les bouchers de Musulmans de Tchéchénie se préoccupent des Musulmans.
Mais ces défenseurs autoproclamés se préoccupent-ils vraiment des droits des Palestiniens?
Observons le déroulement des derniers mois. Plus de 130 Palestiniens ont été tués par les forces palestiniennes. Cela représente trois fois le total combiné de victimes qui a motivé les sessions spéciales de juillet et novembre.
Pourtant, les champions des droits des Palestiniens – Ahmadinejad, Assad, Khaddafi, John Dugard – ne disent rien. Le petit Salam Balousha, trois ans, et ses deux frères, ont été abattus dans leur voiture par les hommes du premier ministre Haniyeh. Pourquoi le Conseil a-t-il alors choisi le silence?
Parce qu’on ne pouvait rien reprocher à Israël. Parce que, en fait, les despotes qui règnent sur ce conseil se moquent éperdument des Palestiniens ou des droits humains.
Ils cherchent à diaboliser la démocratie israélienne, à délégitimer l’État juif, à culpabiliser le peuple juif. Ils cherchent aussi autre chose: à distordre et à pervertir l’expression même et la notion de droits de l’homme.
Qu’est-il advenu du rêve des fondateurs, donc? Et bien il se transforme en un cauchemar, à force de mensonges horribles et de perversions morales.
Merci, Monsieur le Président.
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Réponse de Luis Alfonso de Alba, président du Conseil des droits de l’homme de l’ONU
Pour la première fois dans cette session, je ne vais pas exprimer des remerciements pour cette déclaration. Je vais rappeler au distingué représentant de l’organisation qui vient de parler, le distingué représentant de UN Watch, si vous voulez bien m’écouter. Je suis désolé que je ne suis pas en mesure de vous remercier de votre déclaration. Je dois préciser que je ne tolérerai aucune déclaration similaire au sein de ce Conseil. La façon dont les membres de ce Conseil ont été traités, et en fait la manière dont le Conseil lui-même a été traité, tout cela est inadmissible. Pour la mémoire des personnes que vous avez évoquées, fondateurs de la Commission des droits de l’homme, et pour le bien des droits de l’homme, je vous invite dans toute future déclaration à observer un minimum de bonne conduite et de bon langage. Sinon, toute déclaration que vous ferez sur un ton similaire à celui utilisé aujourd’hui sera retirée des enregistrements.
Voir aussi sur notre site:
Inversion morale à l’ONU – La civilisation peut-elle survivre ?