Les enregistrements électroniques joués au procès pour terrorisme à Toronto suggèrent que les jeunes favorisaient la décapitation du Premier ministre
BRAMPTON, Ont. – Le dernier jeune accusé dans la plus importante opération de lutte contre le terrorisme au Canada depuis le 11 septembre a tellement impressionné les présumés leaders du groupe avec sa détermination, ses capacités de vol à l’étalage et ses habiletés dans la coupe du bois qu’il était considéré comme un bon candidat pour décapiter le Premier ministre, selon ce que suggèrent les enregistrements électroniques de la police entendus mercredi par le tribunal.
Les conversations entre un informateur de police et les prétendus leaders d’un complot terroriste d’origine domestique pour attaquer des cibles canadiennes – l’élément central étant le projet de prendre d’assaut la Colline du Parlement – ont été enregistrées au cours d’un voyage au nord de l’Ontario en février 2006.
Sur les bandes, l’un des meneurs présumés examine les plans d’un groupe pour aller à Ottawa «couper des têtes». Quand un autre complice allégué demande ce qui est prévu pour la Colline du Parlement, le même homme répond: «Nous y allons et nous tuons tout le monde».
«Et après?» demande l’un d’eux.
«Nous obtenons la victoire», est la réponse.
Après un arrêt à un Tim Hortons, le groupe a débattu de l’identité du Premier ministre en fonction, mentionnant d’abord Paul Martin – référant à lui comme «Paul Loser» – avant de confirmer que Stephen Harper était « l’autre gars ». La discussion passe ensuite au meilleur candidat pour la tâche, et un homme mentionne le jeune homme de 20 ans qui subit présentement son procès.
«Je sais qu’il leur couperait la tête», dit l’un d’eux.
«Avez-vous vu comme il coupe le bois?» ajoute un autre.
Les hommes sur la bande enregistrée étaient également impressionnés par la détermination du jeune homme et son succès dans le vol à l’étalage.
Le cas du jeune est le premier à aller à procès après qu’il ait été inculpé il y a deux ans ainsi que 17 autres en relation avec un prétendu complot visant à attaquer le réseau électrique, une centrale nucléaire, la Gendarmerie royale du Canada et la Société Radio-Canada.
L’écoute électronique, ainsi que le témoignage prévu la semaine prochaine de l’informateur de police Mubin Shaikh, constituent l’essentiel de la preuve du ministère public contre l’accusé, qui ne peut être nommé car il était mineur au moment de son arrestation.
Des heures de conversations ont été enregistrées par la police au cours d’un voyage qui, selon le ministère public, était destiné à la reconnaissance de propriétés dans la communauté éloignée d’Opasatika, Ont., à quelque 900 kilomètres au nord de Toronto.
Les conversations vont du plus simple – des discussions sur la baisse d’approvisionnement en thon, par exemple – au salace, parlant de cibler le Canada à l’aide de fusils et de grenades.
La voix sur la bande expriment du souci au sujet du financement – parce que «nous ne pouvons pas faire le djihad sans argent» – et d’«épouses» pour les «frères», qui, selon le ministère public, est un euphémisme pour des armes.
Les enregistrements comprennent également un «chant» écouté par le groupe, qui parle d’être «prêt à vous servir, mon Islam» et «je vous offre le sang de mes veines».
«Ce chant m’énergise à tout moment», entend-on dire l’un des présumés leaders.
Les bandes font aussi référence à la «deuxième ronde», qui, selon ce qu’allègue l’un des avocats du ministère public, Marco Mendocino, était un plan pour un deuxième camp d’entraînement, et la nécessité de «chocolat» – ce que Mendocino décrit comme un euphémisme pour «mélange explosif».
«La loi de l’intelligence dit… des éclats d’obus volent et vous font mal quand ils vous frappent», dit une voix sur la bande sonore.
L’un des présumés conspirateurs raconte qu’il a construit avec succès un «détonateur à distance par fréquences radio». Le seul problème, a dit l’homme, est que «vous devez rester à 30 pieds».
«Vous êtes donc soufflé», a dit l’un des prétendus leaders.
«Oui», a-t-il répondu. «Eh bien, c’est un pas en avant».
Le groupe a également discuté de transformer une propriété isolée du nord de l’Ontario en base d’entraînement «clandestine», complète avec des tunnels pour déplacer des fournitures et des motoneiges pour la pratique de «AKs» – sans doute une référence aux fusils automatiques AK-47.
Le groupe aurait à construire un tunnel – ou même se débarrasser de leurs voisins les plus proches – pour garder l’emplacement sûr, ont suggéré certains de ces hommes.
L’éthique de travail du jeune inculpé ferait de lui un homme déterminé s’il devait construire un tunnel avec une fourchette, ont conclu plusieurs des hommes.
(…)
Le procès se poursuit jeudi.
Voir aussi:
Canada – RDI présente une enquête sur la cellule terroriste de Toronto
Incitation au meurtre et à la haine par un étudiant musulman de Toronto
Plainte à la police de Halifax par un Centre islamique pour une caricature politique