Le magazine Toronto Life a récemment publié un article sur la mort d’Aqsa Parvez, victime du premier crime d’honneur au Canada. Pour cet article, l’éditrice en chef Sarah Fulford fait l’objet d’une campagne de dénigrement. On l’accuse de racisme et d’islamophobie pour son emploi du terme «crime d’honneur».
Pourtant, le quotidien pakistanais Daily Times lui-même, dans un article lucide portant sur le meurtre d’Aqsa Parvez, écrivait: « Le crime d’honneur est notre exportation vers le Canada ». En voici un extrait:
«Selon le Rapporteur spécial de l’ONU des « crimes d’honneur
ont été signalés en Égypte, en Iran, en Jordanie, au Liban, au
Maroc, au Pakistan, en Syrie, en Turquie et au Yémen. ». L’Égypte
est à 90% musulman, l’Iran à 98%, 92% en Jordanie, 60% au Liban,
99% au Maroc, 97% au Pakistan, 90% en Syrie et 99% en Turquie.
Sur les 192 pays membres de l’ONU, la quasi-totalité des crimes
d’honneur ont lieu dans neuf pays majoritairement musulmans.
Le déni n’est pas une option ».
en Allemagne, au Royaume-Uni et au Canada. Curieusement,
tous ces crimes d’honneur ont eu lieu dans les communautés
musulmanes de France, d’Allemagne, du Royaume-Uni et
au Canada. Le déni n’est pas une option.
»À titre de comparaison, les Sikhs du Canada ont aussi connu des crimes d’honneur, mais ils ont des leaders responsables qui au lieu de se mettre la tête dans le sable, ont attaqué le problème de front. Wally Oppal, un Sikh alors ministre de la Justice de la Colombie-Britannique, s’est servi de sa position de pouvoir pour lutter contre ces crimes et permettre aux femmes de la communauté indo-canadienne de s’émanciper à l’intérieur des valeurs canadiennes de liberté et d’égalité.
En 2006, à la suite de deux crimes d’honneur, il a convoqué des états généraux de la communauté indo-canadienne pour discuter de la violence contre les femmes et des éléments culturels qui la fondent. Il n’a pas eu peur de dire que les crimes d’honneur « ont leur origine dans des concepts culturels dépassés sur le traitement des femmes ».
Voir: Crimes d’honneur – Depuis 2006 les Sikhs Canadiens prennent leurs responsabilités
Les responsables du groupe qui dénoncent Toronto Life démontrent qu’ils sont davantage préoccupés de l’image de la communauté musulmane que du sort des femmes exposées aux crimes d’honneur. Nier un problème, c’est refuser de contribuer à mettre en place une stratégie efficace visant à le contrer.
Nous vous encourageons à envoyer un message à Sarah Fulford l’encourageant à publier ce qu’elle veut dans le magazine Toronto Life, parce qu’on est au Canada et non en Arabie saoudite. Du moins, pour l’instant…
Éditrice en chef, Sarah Fulford
editor@torontolife.com
letters@torontolife.com
FAX: 416-861-1169
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Un groupe Facebook créé pour dénoncer Toronto Life
Demain pourrait s’avérer une longue journée pour Sarah Fulford. L’éditrice de Toronto Life doit prendre la parole en soirée à l’Université Ryerson, mais il est tout à fait possible qu’elle passera sa journée à répondre à des appels téléphoniques de lecteurs en colère au sujet de la dernière page couverture de son magazine.
Un groupe appelé Urban Alliance on Race Relations a créé une page Facebook exhortant les lecteurs à téléphoner à Fulford pour exprimer leur colère au sujet de l’article publié en première page sur Aqsa Parvez, la jeune fille de 16 ans qui a été assassinée l’an dernier. Après que Parvez ait été étranglée, son père, Muhammad Parvez, a appelé le 911 et dit au répartiteur qu’il avait tué sa fille. Muhammad et son fils Waqas subiront leur procès l’an prochain.
Le groupe Facebook, qui compte actuellement 127 membres, offre cinq «points de discussion», que les lecteurs sont encouragés à invoquer dans des appels téléphoniques ou des messages à Fulford. Ils sont les suivants:
1. Le meurtre d’Aqsa doit être examiné par le contexte plus large de la violence contre les femmes au Canada. Le problème ne se limite pas à une communauté ou à une religion.
2. L’article appelle le meurtre d’Aqsa «le premier crime d’honneur à Toronto.» Environ 25 femmes sont tuées chaque année dans des incidents de violence domestique. L’emploi du terme «crime d’honneur» est une tentative de sensationnalisme autour de la situation. On fait appel aux stéréotypes sur la prévalence des «crimes d’honneur» dans les familles musulmanes sud-asiatiques, ce qui suggère que la violence domestique n’est pas un phénomène alarmant à travers le Canada. Au lieu de cela, nous devrions travailler à mettre fin à la violence contre toutes les femmes.
3. L’article associe la religiosité musulmane avec une propension à la violence. En d’autres termes, plus un musulman est pieux, plus il/elle est susceptible de faire preuve de ce type de violence. C’est faux et fondé sur des stéréotypes islamophobes.
4. La question «est-ce que le multiculturalisme est allé trop loin?» suggère que les musulmans et les immigrants sont des menaces pour la société canadienne, plutôt que des membres qui contribuent à la société canadienne. L’idée que «notre» tolérance et «notre» respect de la diversité culturelle «leur» a permis de maintenir leurs comportements oppressifs et dangereux est non seulement fondée sur des stéréotypes racistes et islamophobes à l’égard des communautés musulmanes diversifiées et des immigrants, mais omet de mentionner le racisme qui persiste au Canada en dépit de notre engagement public envers le multiculturalisme.
5. L’accent devrait être mis sur la violence contre les femmes, et non sur le hijab. L’article établit une fausse dichotomie en présentant les femmes musulmanes qui portent le hijab comme opprimés, et les femmes musulmanes qui ne portent pas le hijab comme libérées. En outre, il renforce l’idée que toutes les jeunes filles veulent les mêmes choses, ignorant complètement la diversité et la richesse des voix et expériences vécues par les femmes musulmanes.
Le groupe teindra également une conférence de presse demain à 10h30 au YWCA situé à 80, avenue Woodlawn Est, salon principal
Voir aussi:
Canada – Crime d’honneur : après le père, le frère d’Aqsa Parvez accusé de meurtre au 1er degré
Bien des musulmanes ne craignent pas tant l’islamophobie… que leur famille !
Suède – Les crimes d’honneur sont endémiques
Turquie – Crimes d’honneur : plus de 1000 meurtres en 5 ans