Le gouvernement canadien a posé des conditions telles à la tenue dans la ville de Québec au printemps 2010 du congrès international de l’Union interparlementaire que l’événement, qui devait rassembler 1500 parlementaires de quelque 150 pays, risque fort bien de tomber à l’eau.
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L’Iran ainsi que sept autres pays de l’Union interparlementaire mondiale (UIP) s’opposent en effet à ce que le Canada soit l’hôte de l’importante rencontre internationale.
Pour la ville de Québec, c’est une très mauvaise nouvelle. «De gros congrès comme celui-là, tu ne craches pas là-dessus, a dit à La Presse le député libéral de Pierrefonds-Dollard, Bernard Patry. Les retombées sont très importantes. L’UIP c’est gros. C’est plus gros que la francophonie ou le Commonwealth.»
Lors du dernier congrès de l’UIP en avril à Cape Town, en Afrique du Sud, le Canada, par l’entremise du sénateur conservateur Donald Oliver, a demandé que les statuts de l’importante organisation internationale, fondée en 1889, soient modifiés afin que le Canada puisse interdire à «certains indésirables» l’entrée sur son territoire, soit parce qu’ils sont soupçonnés d’activités terroristes, soit parce qu’ils sont porteurs de maladies contagieuses.
Le Canada souhaitait en effet modifier l’article 5 de la Constitution de l’UIP.
«Cet article dit essentiellement que lorsqu’une rencontre de l’UIP est organisée, peu importe le lieu, le pays hôte se doit d’accepter tous les membres qui veulent participer à la rencontre», explique la sénatrice libérale Sharon Carstairs, elle-même l’un des huit représentants du Canada lors du congrès de Cape Town.
L’Iran, soutenu par la Syrie, la Corée du Nord, le Soudan, l’Algérie, le Venezuela, les Philippines et le Pérou s’oppose au changement demandé par Ottawa. Les pays exigent que tous les membres de l’UIP, peu importe leur origine, puissent participer à la rencontre de Québec, selon la règle qui s’applique à l’ONU et selon l’article 5 de l’UIP. Ils ont donc fait voter, en guise de protestation, une motion qui a eu pour conséquence le report à la réunion de l’UIP d’octobre prochain à Genève la décision finale sur l’attribution du congrès de 2010.
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Selon des sources, ce sont les ministères de l’Immigration et des Affaires étrangères qui demandent que la Constitution de l’UIP se plie aux lois canadiennes de l’immigration.
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Le ministère des Affaires étrangères, a appris La Presse, a même convoqué certains ambassadeurs pour leur faire savoir qu’il n’appréciait pas la manœuvre de Cape Town. Ces ambassadeurs à leur tour sont mécontents de l’attitude d’Ottawa.
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Voir aussi:
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