Dans l’édition du 9 au 22 décembre du journal Atlas Média, l’éditorialiste Abdelghani Dades demande au Parti Québécois de s’excuser pour des propos qui ont été tenus par Monique Richard à l’Assemblée nationale du Québec les 2 et 3 décembre derniers. Dades qualifie le discours de Monique Richard de « tout ce qu’il y a de raciste, sans honte, sans gêne, suintant l’islamophobie la plus crasse, parsemé d’insinuations graves ».
Atlas Média est un journal de la diaspora marocaine à Montréal qui rapporte des nouvelles émanant du Maroc et de son ambassade au Canada. On y retrouve fréquemment des publicités des divers partis politiques fédéraux, provinciaux et municipaux.
Atlas Média n’a jamais rapporté les propos exacts de la députée pourtant disponibles sur le site internet de l’Assemblée nationale du Québec.
Un rappel des faits
La députée Monique Richard a interrogé la ministre de l’Éducation à la suite de la parution d’une nouvelle sur Rue Frontenac (25 novembre 2010) selon laquelle l’école Dar al-Iman a reçu 555 500$ par année depuis 2007 de son ministère malgré que l’école soit dirigée par les Frères Musulmans. Monique Richard a soulevé le fait que les Frères Musulmans prônent une islamisation complète de la société.
La députée Monique Richard avait dit :
« Nul autre que le fondateur du Congrès musulman canadien est outré qu’une école associée à une telle philosophie soit financée par le gouvernement, et je cite: «Ils sont contre la civilisation occidentale et l’essentiel de leur philosophie est antisémite, anti-gais et anti-femmes.»
Line Beauchamp, la ministre de l’Éducation, avait alors répliqué que « cette école n’a pas de lien avec l’association canadienne musulmane (MAC) à laquelle fait référence la députée. Le permis est détenu plutôt par l’Institut d’enseignement Dar Al Iman ».
Le lendemain, le vendredi le 3 décembre, Monique Richard a corrigé la ministre de l’Éducation en précisant que « le directeur de cette école siège au conseil d’administration de l’association (MAC) » et que « l’association des musulmans du Canada (MAC) affirme, noir sur blanc dans son site Internet, qu’elle trouve ses origines dans la renaissance islamique du début du XXe siècle, culminant avec des Frères Musulmans ».La transcription du débat entre la ministre Line Beauchamp et la députée Monique Richard est disponible sur le site de l’Assemblée nationale du Québec en cliquant ICI (vidéo 15:19) et ICI (vidéo 7:54).
Sur son propre site internet l’école affiche également que « depuis décembre 2003, l’école Dar Al Iman est affiliée à l’Association Musulmane du Canada (MAC) ». Dans son communiqué de presse du 6 décembre, le directeur de l’école, Lazhar Aissaoui, a précisé que la MAC procurait du matériel scolaire et des programmes de formation à son école.
Le programme des Frères Musulmans
Sur son site internet, la MAC s’engage à appliquer l’idéologie du fondateur des Frères Musulmans, Hassan al-Banna, qu’elle qualifie de « meilleure représentation de l’islam ».
La devise des Frères se termine par « Le jihad est notre voie » et « Mourir dans la voie d’Allah est notre plus grande espérance ». Un condensé de la doctrine d’al-Banna est disponible dans son manifeste en 50 points qu’il adressa à plusieurs dirigeants politiques du monde arabe en 1947. Le manifeste promeut notamment l’abolition des partis politiques et l’instauration d’un système de parti unique, la modification des lois pour les rendre conformes à la charia, la multiplication d’associations vouées à la promotion de l’esprit du jihad dans la jeunesse, la fermeture des salles de danse et la censure des films et des pièces de théâtre. Dans son manifeste, al-Banna déclara même son intention d’imposer un code vestimentaire unique à la population.
Dans un de ses essais consacrés au jihad, al-Banna explique « (qu’)il est obligatoire pour nous (musulmans) de se battre contre eux (les infidèles) après leur avoir transmis l’invitation (d’adhérer à l’islam) et ce, même s’ils ne se battent pas contre nous. » (Five Tracts, Translated by Charles Wendell, Berkeley, University of California Press, 1978, p. 147)
Pour inspirer ses troupes, Hassan al-Banna rappela dans son essai To What Do We Invite Humanity? (À quoi convions-nous l’humanité) que dans l’histoire, plusieurs leaders connurent des débuts modestes avant de finalement connaître « le succès et la fortune ». Il mentionna plusieurs chefs de guerre musulmans qui l’inspiraient et un seul non-musulman. C’était Adolf Hitler.
De nos jours, le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef al-Qaradawi, nous rappelle fréquemment par ses déclarations dans les médias arabes que l’organisation islamiste est toujours une ennemie farouche des libertés individuelles.
Dans les années récentes, al-Qaradawi a promu notamment l’assassinat des apostats de l’islam (islamonline.net) et celui des homosexuels (vidéo 5:27), il a présenté Hitler comme un envoyé d’Allah venu punir les Juifs (vidéo), il a incité les musulmans à conquérir l’Occident (vidéo), il a pris position en faveur des mutilations génitales des jeunes filles, etc.
Lors des deux procès qui menèrent à la condamnation en 2008 de plusieurs membres du réseau américain des Frères Musulmans pour avoir financé des activités terroristes au Moyen-Orient à partir des États-Unis, la poursuite déposa en preuve un mémorandum interne de l’organisation. Le document mentionne en termes non ambigus l’objectif visé en Amérique du Nord par l’organisation islamiste. Le passage se lit comme suit:
« Les Frères Musulmans doivent comprendre leur travail d’implantation en Amérique comme une sorte de grand jihad visant à éliminer, à détruire de l’intérieur la civilisation occidentale et à saboter sa misérable demeure afin que la religion d’Allah soit victorieuse sur toutes les autres religions. (…) C’est la destinée du musulman que de mener le jihad peu importe où il se trouve et ce, jusqu’à son dernier souffle. »
Quand la MAC et ses supporteurs déclarent « faire tous les efforts pour appliquer l’islam tel qu’il a été compris par Hassan al-Banna », ils nous annoncent consacrer leurs énergies à faire triompher ces principes.
Atlas Média joue le jeu des Frères Musulmans
Plutôt que de se joindre aux musulmans qui combattent la montée de l’islamisme promu par les Frères Musulmans, le journal tente de faire passer la critique de leur projet politique pour une manifestation de haine irrationnelle envers tous les musulmans.
Cette approche de menaces et d’intimidation est une pratique courante des Frères Musulmans et de sa section canadienne, la Muslim Association of Canada (MAC). La MAC a eu recours à cette méthode lorsque ses administrateurs d’Edmonton n’ont pu réfuter les objections avancées par les opposants à leur projet d’école islamique. Le responsable local de la MAC, Issam Saleh, avait alors essayé de museler ses critiques en les menaçant de poursuites pour soi-disant « islamophobie » (Edmonton Sun 19 août 2010).
Le recours à l’accusation d’islamophobie par les Frères Musulmans et leurs supporteurs est sans fondement puisque plusieurs des critiques de l’organisation sont eux-mêmes musulmans. Dans le passé, Point de Bascule a mentionné plusieurs exemples qui confirment cet état de fait.
Pendant que des musulmans comme Tarek Fatah et Salma Siddiqui du Congrès musulman canadien (MCC) prennent des risques importants en dénonçant les Frères Musulmans et leur ambition d’implanter la charia au Canada, le gouvernement du Québec donne son support financier et donc sa caution morale à une de leurs écoles.
Si des parents musulmans hésitaient encore quant au choix d’une école pour leurs enfants, voilà qu’Atlas Média vient de leur déclarer que l’option islamiste est tout à fait légitime.
À consulter:
L’opposition à Hassan Al-Banna et aux Frères Musulmans ne constitue pas une forme racisme
École musulmane: les révélations deRue Frontenac rebondissent au parlement par Vincent Larouche
Monique Richard revient sur les liens de l’école Dar al-Iman avec la MAC
Subventions controversées à des intégristes musulmans ouvertement liés aux Frères Musulmans par Vincent Larouche