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A Virginia school scrubbed jihad from its textbooks, but may still preach violence.
Par Nina Shea et Ali al-Ahmed
Publié dans le National Review Online le 3 août 2009
Traduction non authorisée par Point de Bascule
Depuis près de 25 ans, l’Islamic Saudi Academy (ISA), cette école de Virginie fondée par décret royal du roi saoudien Fahd en 1984, a immergé les étudiants de son programme d’études islamiques dans la même interprétation wahhabite de l’Islam qui est enseignée en Arabie saoudite et dans les madrassas financées par l’Arabie Saoudite dans le monde entier. Ce programme comprend des louanges pour le djihad militant afin de “propager la foi”, la permission de mettre à mort différentes catégories de «mécréants», ainsi que d’autres encouragements à l’intolérance religieuse.
Comme elle demande maintenant l’autorisation au comté de Fairfax d’étendre ses opérations, l’ISA prétend qu’au cours de la dernière année scolaire elle a remplacé le programme religieux saoudien par un autre plus modéré.
Grâce à des filières privées, nous avons été en mesure d’acquérir les manuels d’études islamiques de l’ISA, tous destinés à être utilisés au cours du premier semestre de l’année scolaire 2008-09. Par rapport aux versions originales du Ministère de l’Éducation d’Arabie Saoudite, ces nouveaux manuels scolaires en langue arabe – un mince volume unique pour chaque année – sont en effet expurgés et condensés.
Nous souhaiterions pouvoir nous réjouir des suppressions que nous avons aidé à catalyser, mais nous ne sommes pas convaincus que le problème est résolu. Les livres ne contiennent pas de discussion sérieuse du djihad et font peu de références aux religions “autres”. Ce silence est assourdissant. Il soulève la question – question à laquelle l’ISA n’a pas encore répondu -de la documentation supplémentaire utilisée par l’académie.
Le djihad est un principe central de l’islam qui est mentionné plusieurs fois dans le Coran. Les manuels scolaires saoudiens décrivent le djihad comme «le sommet de l’islam” et “l’un des plus beaux actes d’obéissance à Dieu», et ils approuvent sa forme militaire à la fois pour des fins agressives et défensives.
Les nouveaux livres de classe de l’ISA, cependant, ne font aucune mention du djihad militaire, pas même comme mesure défensive. Et ils font une seule allusion à l’autre point de vue du djihad. (Dissimulée vers la fin du livre de douzième année se trouve une mention de deux lignes du «grand djihad” – l’obligation de «faire le djihad contre Satan, le désir égoïste et l’esprit de caprice”). À une époque où de nombreux musulmans radicaux proclament les mérites du djihad militant, ignorer presque complètement la question ne suffira pas à orienter les élèves vers l’interprétation pacifique. On doit se demander si les livres ont même l’intention de faire une telle chose.
Quand il s’agit d’entrer en relation avec d’autres gens, les nouveaux manuels de l’ISA rejettent la pensée critique. “L’esprit humain est incapable de rendre des jugements appropriés en raison de son incapacité à saisir les vérités, les buts et objectifs», affirme un livre. Sur la base de cet a priori, les livres fournissent des conseils exhaustifs pour le comportement public et privé, en précisant, par exemple, la façon de recevoir les autres musulmans: l’hospitalité est obligatoire pour “un jour et une nuit», la nourriture devrait être placée sur un «drap sur le sol», et ainsi de suite.
Cette approche dogmatique rend encore plus bizarre le fait qu’ISA omette de tous ses livres des instructions pour entrer en relation avec les non-musulmans. Tandis que les nouveaux manuels mentionnent une injonction coranique contre la contrainte religieuse, ils sont muets sur la manière dont les Musulmans doivent traiter les juifs, les “apostats”, les “polythéistes”, “les adultères” et “les homosexuels” -au sujet desquels les anciens livres d’ ISA enseignaient qu’il était licite de les tuer. Ces livres n’indiquent pas non plus la façon dont on devrait voir les chiites, les sunnites non wahhabites, les bahaïs, les Ahmadiya qui tous, dans l’ancien curriculum d’ISA, étaient présentés comme des ennemis de l’intérieur; ou encore les juifs et les chrétiens qui auparavant devaient être haïs; ou les Américains qui, déclarait-on, poursuivent les croisades par la promotion des droits des femmes et le parrainage des universités de Beyrouth et du Caire.
La question n’est pas de savoir si l’ISA complète ces nouveaux manuels scolaires avec d’autre matériel, mais ce que ces autres matériaux contiennent. Il est évident que l’école, au cours de la dernière année scolaire a, en fait, continué d’utiliser certaines ressources supplémentaires extrémistes.
Le site Web de l’ISA pour 2008-09 a déclaré que l’école suit le programme d’études islamiques qui a été énoncé par le Royaume (d’Arabie Saoudite). Le premier hyperlien sur sa page Web de “Liens utiles” mène au site du Ministère de l’Éducation d’Arabie Saoudite, où le programme nuisible est affiché dans son intégralité. Ces livres, selon le Ministère, sont au format électronique pour faciliter la copie, la coupe et le collage. Cela souligne le problème d’une approche fragmentée de la réforme de l’éducation saoudienne.
Les nouveaux manuels eux-mêmes indiquent en référence plusieurs autorités islamiques extrémistes. Par exemple, le nouveau livre de douzième année oriente les élèves vers Ibn Taymiyyah pour régler les questions morales. Ibn Taymiyyah est un auteur du 14ème siècle qui a vanté le djihad militant que nous appelons “la terreur.” Ses fatwas ont été considérées, dans une étude récente du Centre de lutte contre le terrorisme de West Point, comme étant «les textes de loin les plus populaires pour les djihadistes modernes.” Un érudit de renom dans le domaine religieux, Philip Jenkins, a écrit qu’Osama bin Laden cite Ibn Taymiyyah comme un « très cher héros».
De plus, il est important de noter qu’outre la question du jihad, les livres reflètent encore largement l’orthodoxie wahhabite. Par exemple, les nouveaux livres scolaires d’ISA approuvent les mariages entre adultes et enfants pré-pubères; ils enseignent que les femmes ne devraient pas être juges ou exercer une «plus grande gouvernance», et ils divisent nettement le monde entre croyants et infidèles.
Depuis le 11 Septembre, les autorités d’ISA- y compris les divers ambassadeurs saoudiens qui ont agi en qualité de présidents d’ISA – ont promis chaque année la réforme du curriculum et chaque année ils ont rompu leurs promesses. Ils ont bénéficié de complicités: l’accréditation par l’Association des collèges et des écoles du sud a été entachée de graves irrégularités car les évaluateurs «volontaires» de l’association ne connaissaient pas l’arabe et n’ont donc jamais lu le programme d’études islamiques. L’ISA a brandi une lettre récente de deux universitaires américains consultants à l’école et donnant leur approbation au sujet de l’assainissement des manuels wahhabites, mais cela n’a fait qu’aggraver la réputation de tromperie de l’école.
Le Département d’État était parvenu à un accord avec Riyad en 2006 selon lequel, dans les deux années suivantes, l’Arabie saoudite supprimerait tous les passages intolérants de son matériel pédagogique tant à l’intérieur du Royaume qu’à l’étranger, y compris dans son réseau de 20 écoles internationales dont l’ISA fait partie. En vertu de la nouvelle législation initiée par le député de Virginie Frank Wolf, l’État doit maintenant assurer un suivi. Il devrait le faire avec une évaluation bien informée de ce que l’ISA enseigne, en particulier sur le djihad et les autres religions, pendant les deux semestres, en arabe et en anglais, et dans toutes les matières d’enseignement et matériaux complémentaires. Et jusqu’à ce qu’un processus indépendant, professionnel et minutieux vérifie la réforme, le Comté de Fairfax devrait rejeter la demande de l’Académie de se développer.
– Nina Shed est directrice du Centre pour la liberté religieuse de l’Hudson Institute et siège à la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale. Ali al-Ahmed est un expert saoudien et dirige l’Institut du Golfe, un centre de recherche politique basé à Washington. Les opinions exprimées dans ce document sont les leurs.
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