Un ancien membre du Congrès américain est inculpé pour blanchiment de capitaux, conspiration et obstruction à la justice dans le cadre d’accusations selon lesquelles un organisme de charité musulman était impliqué dans le financement du terrorisme.
Traduction de l’article A Congressman for Jihad, par Robert Spencer, Front Page Magazine, le 17 janvier 2008
L’ancien membre du Congrès américain Mark Deli Siljander (R-MI) a été inculpé mercredi pour blanchiment de capitaux, conspiration et obstruction à la justice dans le cadre d’accusations selon lesquelles un organisme de charité musulman, le Islamic American Relief Agency (IARA), a été impliqué dans les efforts visant à financer le terroriste du djihad Gulbuddin Hekmatyar. L’IARA a été nommée organisation terroriste mondiale spécialement désignée par le Département du Trésor des États-Unis en 2004.
John F. Wood, Procureur général pour le District du Missouri, a déclaré: «Une organisation au cœur même des États-Unis aurait envoyé des fonds vers le Pakistan au profit d’une organisation terroriste mondiale spécialement désignée ayant des liens avec Al-Qaida et les Talibans…. L’acte d’accusation allègue aussi qu’un ancien congressman était engagé dans le blanchiment d’argent et l’obstruction d’une enquête fédérale dans le but de dissimuler le détournement, par l’IARA, d’argent des contribuables que le gouvernement avait fourni à des fins humanitaires ».
Selon l’accusation, l’IARA aurait envoyé environ 130 000 $ à des comptes bancaires contrôlés par son organisation mère, le Islamic Relief Agency (ISRA) à Peshawar au Pakistan, où l’argent est allé aux activités de Hekmatyar. L’ISRA a son siège à Khartoum, au Soudan et avait un bureau américain à Columbia au Missouri jusqu’à ce qu’il soit fermé. Selon le Département du Trésor, «IARA est anciennement affiliée à Maktab al-Khidamat (MK), qui a été cofondée et financée par Oussama ben Laden, et est l’organisme précurseur de al-Qaïda. » L’IARA a également canalisé de l’argent vers le Hamas.
Comment un congressman américain s’est-il retrouvé associé à un groupe co-fondé et financé par Oussama Ben Laden? L’acte d’accusation allègue que l’IARA a embauché Siljander en 2004 afin de faire pression pour leur enlèvement de la liste des organisations soupçonnées de soutenir le terrorisme, qui est dressée par la Commission des finances du Sénat, et leur réintégration comme «contractant approuvé par le gouvernement. » L’IARA, selon l’acte d’accusation, a versé 50 000 $ qui avaient été volés de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) – et Siljander est également accusé d’avoir aidé à blanchir d’autre argent volé à l’USAID. L’IARA, alors connu sous le nom de la Islamic African Relief Agency, avait reçu les fonds pour des activités de secours au Mali. Interrogé par le FBI en décembre 2005 et avril 2007, Siljander a menti, dit l’acte d’accusation, au sujet de ses rapports avec l’IARA – déclarant aux agents qu’il n’avait pas été embauché par l’IARA et avait simplement reçu des «dons» de leur part pour l’aider à rédiger une livre sur l’islam et le christianisme.
Ceci peut fournir un indice quant à ce qui peut avoir entraîné Siljander dans cette voie, ou comment il se justifiait lui-même. Dans une adresse révélatrice en novembre 2007, Siljander décrit comment sa pensée a évolué, et parle de son prochain livre, A Deadly Misunderstanding: A Congressman’s Quest to Bridge the Muslim-Christian Divide, qui était dû pour publication cet été. Siljander dit que pendant son mandat au Congrès (1981-1987), il était en colère quand le Coran a été lu au cours de la National Prayer Breakfast. Il a écrit à l’animateur de la prière « Comment pouvez-vous lire le livre du diable à un petit déjeuner de prière? »
Par après, il a toutefois commencé à lire le Coran lui-même, et a été impressionné: «J’ai découvert que Jésus est mentionné dans le Coran 110 fois, soit directement, soit indirectement, et il n’y avait pas un seul mot sur Jésus qui était horrible, honteux ou, à mon avis, en contradiction avec ce que la Bible dit à propos de lui ». Il a expliqué qu’il avait découvert une méthode de «destruction de paradigme » pour harmoniser les croyances chrétiennes et islamiques sur les questions sur lesquelles les deux religions sont en désaccord, et il espérait créer un « mouvement, une dynamique » pour unir les chrétiens et les musulmans.
Siljander a également parlé de sa rencontre avec le soudanais Omar al-Bashir, l’un des architectes de la tragédie du Darfour, alors qu’il s’était rendu au Soudan pour l’ONU en 2006 pour arbitrer le conflit du Darfour. Al-Bashir a été tellement impressionné par sa vision « destruction de paradigmes » de l’islam et du christianisme, a dit Siljander, qu’il lui a demandé de s’adresser à la Sharia Law School de Khartoum. « Nous avons été les premiers chrétiens blancs d’Amérique à prendre la parole un vendredi après-midi à la mosquée de Khartoum », note Siljander. «Cela s’est passé non pas parce que nous sommes tellement beaux, mais parce que nous avons construit des ponts de respect».
Les mensonges de Siljander à des agents du FBI au sujet de la nature de sa relation avec l’IARA suggère qu’il n’avait pas d’illusions quant à ce dans quoi il s’était embarqué. Néanmoins, il se peut que sa mise en accusation d’aujourd’hui soit le fruit amer de sa naïveté. Siljander ne serait pas le première naïf occidental à établir, dans un effort zélé de jeter des ponts entre musulmans et chrétiens, des liens avec des musulmans qui ont une bien plus profonde connexion avec le djihad mondial qu’il n’aurait jamais imaginé. L’expérience de Siljander devrait également servir de leçon de prudence à tous ceux qui poursuivent la «construction de ponts» et le «dialogue». Bien que ceux-ci peuvent être louables, ils sont plein d’embûches, et l’universelle attitude politiquement correcte nourrissant la fiction selon laquelle l’islam est une religion de paix qui a été détournée par une infime minorité d’extrémistes a seulement eu pour effet d’inciter un grand nombre à devenir complaisants dans de nombreux domaines où les djihadistes opèrent activement – notamment les organisations caritatives islamiques.
S’il y avait un débat public plus franc et honnête sur les éléments de l’islam que les djihadistes utilisent au sein des musulmans pacifiques afin de recruter et de motiver les terroristes, Siljander pourrait ne jamais avoir succombé à la naïveté qu’il a manifestée dans son adresse de novembre 2007.
Était-il vraiment naïf? La chroniqueur Debbie Schlussel est avis que Siljander est moins naïf que cupide. Ayant travaillé avec lui dans son bureau du Congrès dans les années 1980, elle se souvient de lui avant son changement d’avis sur l’islam, et rappelle qu’il était un Born Again Christian. Il y avait des jours de jeûne dans son bureau. Il y avait des cercles de prière. Profondément religieux et profondément contre la menace islamique, Siljander était connu à l’époque comme le plus pro-Israël du Congrès sur Capitol Hill, avec de nombreux contributeurs juifs et évangéliques pro-Israël du monde entier ». Elle a dit que Siljander «avait des décennies d’avance sur son temps dans la compréhension de la menace islamiste pour le monde et pour l’Amérique. Qu’il ait rebroussé chemin me rend malade et m’attriste».
Schlussel doute de l’histoire de l’évolution de la pensée de Siljander concernant l’Islam. «Je ne crois pas qu’il pense différemment sur l’islam – tout cela est faux… Il était trop éclairé sur ce que l’islam représente à l’époque où je travaillais pour lui pour changer quoi que ce soit sauf de l’argent liquide». Sur son site web, elle écrit: « Je pense que cela a été une question d’argent. Depuis qu’il a perdu son siège au Congrès, il manquait d’argent et a été impliqué dans de nombreuses entreprises qui ont failli, y compris un Test du sida par la poste. (Il s’est également présenté, en vain, pour le Congrès de la Virginie.) Le désespoir et l’argent font de mauvaises choses. »
En fin de compte, s’il était motivé par un naïf espoir de combler le fossé entre le monde musulman et l’Occident, ou par un simple besoin d’argent, ou par autre chose, le résultat est le même: si les accusations sont vraies, Siljander travaillait avec des gens voués à la destruction des États-Unis, et travaillait à cette fin sous le couvert d’activités caritatives tout en finançant le djihad violent contre Israël et contre les troupes américaines en Afghanistan. Il est peut-être parmi la multitude d’Américains aujourd’hui qui ne parviennent pas à prendre cette menace au sérieux – après tout, il n’y a pas eu une importante attaque terroriste sur le sol américain depuis le 9/11.
Ou c’est peut-être que, s’il était au courant des activités de l’IARA pour le Hamas et au Soudan, il a vu les deux – une fois encore comme une multitude d’Américains – comme des conflits régionaux sans importance géopolitique au-delà de ces régions. S’il avait été pleinement conscient de la façon dont les organismes de bienfaisance islamique – en raison de la nature des aumônes islamiques et du statut du djihad dans l’islam – sont souvent liés à l’activité djihadiste, il aurait peut-être hésité à s’impliquer avec l’IARA même si cette organisation de désignait elle-même comme un « organisme de secours ». S’il avait eu une compréhension globale du djihad idéologie, et une appréciation de l’importance de certains des choix de l’IARA quant aux endroits désignés pour ses oeuvres, il y aurait peut-être réfléchi à deux fois – à moins que, bien sûr, l’argent ait été assez bon même pour surmonter cela.
L’Amérique se bat contre les djihadistes mondiaux qui disposent, grâce à l’arme pétrolière, d’une source de revenus essentiellement inépuisable. Les Saoudiens en particulier utilisent cet argent pour acheter des armées de Mark Siljanders – des lobbyistes qui luttent pour leur cause à Washington avec une totale ignorance ou indifférence à la façon dont nos propres intérêts nationaux sont ainsi compromis.
Le meilleur résultat de la mise en accusation de Mark Siljander serait une enquête sur ces efforts de lobbying, et l’élaboration de nouvelles lois qui exigeraient une transparence totale quant à l’origine des fonds utilisés par les groupes musulmans pour payer ces lobbyistes. L’affaire devrait aussi conduire à une réévaluation complète des organisations caritatives islamiques, et un appel à ceux qui sont encore en fonctionnement à coopérer pleinement avec les enquêtes sur la piste de l’argent djihadiste.
Si les accusations contre Siljander sont vraies, son histoire est une tragédie. Mais elle pourrait encore porter de bons fruits dans une opinion publique américaine nouvellement préparée pour répondre aux multiples défis du djihad islamique mondial.
Robert Spencer est un érudit de l’histoire, de la théologie et du droit islamique et le directeur de Jihad Watch. Il est l’auteur de sept livres, de huit monographies, et de centaines d’articles sur le djihad et le terrorisme islamique, dont le bestseller du New York Times The Politically Incorrect Guide to Islam (and the Crusades) et The Truth About Muhammad. Son ouvrage le plus récent est Religion of Peace?
Source: A Congressman for Jihad, par Robert Spencer, FrontPage Magazine.com, le 17 janvier 2008
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