Probablement un tournant dans la justice sociale avant-gardiste, la faculté de sociologie et d’anthropologie de l’université Carleton a embauché l’auteur présumé d’un attentat qui a causé la mort de plusieurs personnes. («Un professeur d’Ottawa accusé relativement à un attentat en 1980 retourne enseigner à Carleton» Citizen, 28 juillet).
Évidemment, un enfant de 12 ans, qui regarde l’émission Law and Order, vous dira que Hassan Diab doit être considéré comme innocent jusqu’à preuve du contraire devant un tribunal. Notre jeune ami aura raison. Mais cela suffit-il pour clore le débat sur l’embauche à l’université Carleton?
Il semble que l’Université Carleton n’était pas plus obligé d’embaucher Diab que vous ou moi. Si j’ai raison, les contribuables, les anciens étudiants et les parents des étudiants de Carleton doivent maintenant envisager une possibilité inquiétante: que les sociologues de Carleton ont exclu un grand nombre de candidats qualifiés, et qu’ils ont choisi, sciemment, un des rares sociologues canadiens accusés de meurtres relativement à un attentat contre une synagogue de Paris: attentat motivé par la haine religieuse. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer les références sanglantes qu’on doit trouver ces jours-ci sur les offres d’emploi de la faculté de sociologie et d’anthropologie de Carleton.
L’université a tout de même eu un sursaut de bon sens et a annoncé dans un communiqué qu’elle congédiait Diab. Ce fut un soulagement pour quelques-uns, mais on peut se demander maintenant, comment et pourquoi Diab a pu obtenir un tel poste.
Nous savons très bien que des accusations moins graves nous empêcheraient d’obtenir un poste de professeur à Carleton ou dans n’importe quelle autre université – ce qui serait parfaitement conforme au droit administratif. Songez, par exemple, au cas d’un ancien professeur faisant face à des accusationsde nature sexuelle, ou même de harcèlement d’étudiants. Ou celui d’un criminel de guerre qui aurait toutes les compétences requises? Pourraient-ils raisonnablement espérer obtenir un poste à Carleton?
D’autres considérations rendent ce cas intrigant. L’Université Carleton fait respecter vigoureusement une politique «d’inclusion» et cela jusqu’à l’excès. Sur la page d’accueil de son site web, les mots «Dignité, égalité, respect» sont bien en évidence. On y voit des textes en plusieurs langues et six drapeaux -bien sûr aucun drapeau canadien. Quelqu’un s’est-il déjà demandé comment des étudiants juifs, risquant d’être tués dans des attentats contre des synagogues, auraient réagi à devoir se soumettre à des enseignants ayant certains problèmes avec la loi. Les responsables de la prochaine «évaluation annuelle du respect des droits de la personne» à Carleton devraient peut-être se pencher sur ce sujet épineux.
Et même si vous n’avez pas des accusations de meurtre raciste à votre crédit, vous pouvez avoir des ennuis à l’embauche. Des érudits comme l’ancien marxiste David Horowitz affirment – faussement, on l’espère – que des réseaux officieux de professeurs gauchistes bloquent l’embauche de conservateurs au franc-parler dans la plupart des facultés de sciences sociales aux États-Unis. Vrai ou pas, il ne serait pas étonnant de découvrir considérations personnelles pour expliquer des décisions d’embauche.
Alors pourquoi donc des sociologues émérites se sont-ils mobilisés pour embaucher un individu dans une situation aussi douteuse que celle de Diab? Doit-on y voir un autre exemple de cette courageuse «résistance» bourgeoise, qui ne coûte rien- une prise de position politiquement et moralement médiocre au frais des contribuables. Ou doit-on y voir simplement un extraordinaire manque d’application des normes reconnues?
Y aurait-il quelque chose d’autre encore?
Le Citizen fait savoir que le respect des conditions de remise en liberté de Diab est supervisé par «son épouse Rania Tfaily» qui occupe un «bureau à l’université Carleton». S’agit-il de la même «Rania Tfaily» qui apparaît sur la liste des professeurs de la «faculté de sociologie» de Carleton? Est-ce qu’avoir un membre de sa famille à Carleton a plus de poids que les normes généralement appliquées dans le choix des aspirants professeurs? Qui dans cette faculté a facilité cette embauche et pourquoi cette apparence de traitement privilégié?
Ce qui est en question ici ce n’est pas la culpabilité ou non d’un individu. Ce sont les principes et les normes éthiques, administratives et universitaires – et plus particulièrement – la cohérence des procédures d’embauche dans une institution publique.
Cette affaire remet en question la crédibilité et l’intégrité de la faculté de sociologie et d’anthropologie de l’université de Carleton. Les contribuables, les anciens étudiants et les parents ont droit à une explication.
David B Harris,
Un avocat avec près de 30 ans d’expérience dans le renseignement et la lutte au terrorisme.
Il est directeur du International and Terrorist Intelligence Program,
INSIGNIS Strategic Research.
© Copyright (c) The Ottawa Citizen
Traduction non authorisée par Point de Bascule de: “What was Carleton thinking? de David Harris, publié dans le Ottawa Citizen du 29 juillet 2009
Source: “What was Carleton thinking? by David Harris, Ottawa Citizen, 29 July 2009
Autres lectures:
Canada – Paris réclame en vain l’extradition de 2 Canadiens mêlés à des actes terroristes
Canada : l’université Carleton renonce à un professeur terroriste, Bivouac-Id.com