Traduction de Honor Killing Averted: Muslim Convert to Christianity Flees For Her Life
Par Phyllis Chesler
Chesler Chronicles, le 13 août 2009
Traduction par Point de Bascule
Hier après-midi, mon salon était rempli de lumières, de caméras et de deux hommes très sympathiques de l’équipe d’ABC. Nous avons enregistré une interview pour Good Morning America qui est diffusée aujourd’hui et qui est conservée sur son site Web (1). Nous avons parlé des meurtres d’honneur et de la détresse de Fathima Rifqa Bary, cette adolescente musulmane de l’Ohio qui s’est convertie au christianisme et qui s’est enfuie de la maison car elle est sûre que son père va la tuer.
L’interview de Rifqa, dix-sept ans, est très émouvante. Elle sait de source sûre que si un musulman quitte l’islam et se convertit à une autre religion, il devient alors un «apostat» et il est censé être tué par les autres musulmans, ce qui comprend les membres de sa propre famille.
Si un juif ou un chrétien fondamentaliste se convertit, il peut être mis au ban de sa famille, elle peut l’ignorer comme s’il était mort, mais il ne sera pas physiquement tué.
En larmes, l’adolescente très effrayée du Sri Lanka se rend compte que la plupart des journalistes occidentaux (ainsi que la police qui l’a remise à l’État et l’oblige à subir un procès public) ne pensent pas que cela peut être vrai. Comme ils ont oublié rapidement le sort de Salman Rushdie! Comme tout le monde se laisse facilement berner en acceptant de voir dans l’islam fondamentaliste une religion comme les autres, comme si l’islam-en-marche d’ aujourd’hui était encore la culture «soft», cosmopolite et accueillante qu’il a parfois été dans le passé, dans certaines villes et pour certaines personnes fortunées.
En 1989, les autorités de St Louis, Missouri, ont également choisi de laisser la jeune Palestina Isa, battue et meurtrie, qui s’était tournée vers eux pour obtenir de l’aide, à la merci de la famille même qui l’avait battue. Palestina avait seize ans et son père était, littéralement, un terroriste palestinien. Le travailleur social qui avait fait une visite à domicile avait convenu que les enfants étaient difficiles à contrôler, mais qu’il convenait de tenter cet effort. Palestina a été maîtrisée par sa mère tandis que son père s’acharnait à la poignarder sauvagement. Le crime de Palestina ? Elle avait un petit ami africain-américain, et sa mère, ses sœurs, et son père la percevaient tous comme une «putain» parce qu’elle devenait trop “occidentalisée”.
Maintenant, vingt ans plus tard, Rifqa Bary tente de nous faire comprendre quelque chose que nous ne parvenons pas encore à comprendre, que nous ne voulons pas croire comme vrai. Devant la camera, Rifqa ne cesse de dire: “Les gars, vous ne comprenez pas, ma vie est en jeu, c’est la réalité, il s’agit de la vérité, ils doivent me tuer s’ils aiment Dieu plus que moi.” Vous pouvez voir son interview ici (2).
Voici ce qui pourrait lui arriver. Rifqa pourrait être “forcée” de revenir à l’islam. Sa famille pourrait la placer en résidence surveillée, et faire venir les mollahs pour la raisonner ou pour l’endoctriner; sa mère pourrait la supplier de céder afin que la famille puisse rester ensemble comme auparavant. Si tout échoue, Rifqa pourrait être renvoyée au Sri Lanka soit pour y être tuée soit pour y être confinée dans un asile d’aliénés. Elle pourrait aussi être tuée ici en Amérique. Ce qui ne peut absolument pas se passer c’est que sa famille de religion musulmane reste près d’elle alors qu’elle suit une autre voie religieuse en public.
Je n’ai pas tous les faits à ma disposition. Ainsi, il est possible que le père de Rifqa la voie réellement comme une malade mentale (parce que seule une fille «folle» pourrait blasphémer de la sorte), et, comme il l’aime, qu’il ait décidé de ne pas l’abandonner, mais de tenter de l’aider à revenir dans son bon sens, et donc à l’Islam.
Bien sûr, ces allégations sont celles de Rifqa, et ce qu’est la vérité dans ce cas, reste à explorer.
Au fait: Rifqa terrifiée et en pleurs a peut-être été entraînée pour l’entrevue, elle est un peu “hystérique”, elle semble quelque peu auto-hypnotisée. Et pourtant, elle est aussi tout à fait logique.
Elle est en contact avec la réalité.
Que pouvons-nous offrir à quelqu’un comme Rifqa en Amérique? Il n’y a pas encore, en Amérique, d’abri pour les victimes désignées d’un meurtre d’honneur. Jusqu’à présent, aucun procureur n’a accusé un assassin d’avoir commis un meurtre d’honneur en Amérique.
Même si nous laissons la religion, la culture, l’ethnicité en dehors de l’équation (pour plaire aux toutes dernières injonctions du politiquement correct), un meurtre d’honneur n’est pas comme la violence domestique de style occidental, il s’agit de collaboration et de complot familial en vue de racheter l’honneur perdu de la famille par le meurtre d’une fille, épouse, sœur, ou cousine. Seul son sang peut “nettoyer” leur honte publique. L’assassin et ses complices sont considérés comme valeureux, ils ne sont pas diabolisés ou considérés comme des sociopathes criminels. Ils sont rarement poursuivis dans les pays du tiers monde. Les hommes peuvent aussi être assassinés pour l’honneur s’ils se marient ou ont une liaison avec une femme dont la famille se considère comme d’une classe supérieure ou d’une autre religion.
S’il vous plaît, voyez mon étude (3) sur le sujet “Les crimes d’honneur sont-ils de la simple violence familiale?” dans le Middle East Quarterly. J’espère et je prie pour que Rifqa Bary ne soit pas rendue à ses parents. Même alors, sa vie sera très difficile. Elle est une jeune immigrée, avec, pour l’instant, peu de compétences pour gagner sa vie, et elle ne pourra plus jamais prétendre à une grande famille d’origine. Elle pourrait être obligée de vivre dans la clandestinité pour le reste de sa vie. Mais, elle aura sa religion, et dans la mesure où elle gardera sa ferveur religieuse, elle pourrait aussi avoir une communauté de foi. Et elle restera en vie. Rien de plus, mais au moins cela. Dernières nouvelles: Les parents musulmans ont pris les services d’un avocat, et par l’intermédiaire de celui-ci, Craig McCarthy, ils insistent sur le fait qu’ils n’ont jamais menacé la vie de leur fille, qu’en fait, les pasteurs Blake et Beverly Lorenz sont à blâmer pour les frayeurs de leur fille Rifqa. Toutefois, Rifqa a trouvé elle-même les Lorenz, de nombreuses années après s’être secrètement convertie au christianisme.
[1] Muslim Parents Deny Threatening Daughter With Honor Killing Over Christianity, By SARAH NETTER, ABC News August 13, 2009, Website: http://abcnews.go.com/US/story?id=8317155&page=1
[2] Ici: http://www.wftv.com/video/20359480/index.html ou Rifqa Bary est en vie! Elle est en “Floride”. Elle affirme que son propre père veut la tuer parce qu’elle a quitté l’islam pour le christianisme. (PdeB, Août 2009)
[3] Étude: Are Honor Killings Simply Domestic Violence? By Phyllis Chesler, Middle East Quarterly, Spring 2009. http://www.meforum.org/2067/are-honor-killings-simply-domestic-violence
Lire aussi:
Crimes d’honneur aux USA (lien vers un reportage de Fox News) (PdeB, juillet 2008)
Sélection de lectures pour comprendre “l’échosystème” permettant le crime d’honneur (PdeB, juillet 2009)
Québec – Crimes « d’honneur », La chronique de Richard Martineau (PdeB, juillet 2009)