«La plainte du Congrès islamique canadien est devenue le centre d’un débat sur la liberté d’expression. Ce n’est pas seulement que Mark Steyn devrait être libre d’écrire ce qu’il veut, c’est aussi que Maclean’s devrait être libre de publier ce que bon lui semble. Mais la véritable question est de savoir si nous sommes vraiment une société laïque, et ce que nous entendons par cela. Le jury ne s’est pas encore prononcé».
Rob Breakenridge commente la récente décision du Tribunal des droits de la personne de Colombie-Britannique rejetant la plainte du Congrès islamique canadien contre le magazine Maclean’s pour la publication d’un extrait du livre America Alone : la fin du monde tel que nous le connaissons, par Mark Steyn.
La plainte alléguait que l’article de Maclean’s exposait les musulmans de Colombie-Britannique à la haine et au mépris. Voir notre brève sur cette décision: Canada – Inquisition contre Liberté : La plainte contre Maclean’s/Steyn est rejetée par le Tribunal des “droits” de Colombie-Britannique
Sur la question du défi que l’islam politique pose à la laïcité, ne manquez pas les photos de la parade musulmane à New York le 12 octobre. Des islamistes militent ouvertement pour le remplacement de la constitution américaine par le coran. Voir: Muslim Day Parade à New York. Allahu Akbar !
Traduction de: Jury’s out on system’s dedication to secular values, par Rob Breakenridge, The Calgary Herald, le 14 octobre 2008
Être acquitté par un soi-disant tribunal doit ressembler à quelque chose comme être trouvé en bonne santé par quelqu’un qui se prétend médecin.
Dans les deux cas, on peut se demander quel était le but de l’exercice, et pourquoi le pouvoir de rendre de tels verdicts leur a été accordé. Ce qui a les apparences d’une déclaration rassurante offre en fait bien peu de réconfort.
Des préoccupations de ce type abondent dans la foulée du verdict «non coupable» rendu vendredi par le Tribunal des droits de la personne de Colombie-Britannique sur la plainte contre le magazine Maclean’s.
Le magazine s’est essentiellement fait octroyer une approbation rétroactive par l’État de publier, comme il l’a fait il y a deux ans, un extrait du livre America Alone : la fin du monde tel que nous le connaissonsde Mark Steyn.
C’est une consolation dérisoire pour Maclean’s, qui n’a aucun moyen de récupérer ses frais légaux.
La plainte déposée par le Congrès islamique canadien (CIC) est devenue le centre d’un débat sur la liberté d’expression et la liberté de la presse. Ce n’est pas seulement que Mark Steyn devrait être libre de dire ou d’écrire ce qu’il veut, c’est aussi que Maclean’s devrait être libre de publier ce que bon lui semble.
Mais c’est bien plus que cela. La question en jeu est de savoir si nous sommes vraiment une société laïque, et ce que nous pensons que cela signifie.
Cette cause concernait la religion ou, plus précisément, la critique de la religion. Oui, la religion est l’un des critères qui cerne les groupes qui sont protégés contre la discrimination. Mais en cours de route, une importante distinction est devenue floue, ou purement et simplement effacée.
Il y a un monde de différence entre «les catholiques ne sont pas admis», et «Le catholicisme est cinglé». Dans un récent rapport, le groupe pro-laïque Center for Inquiryrésume succinctement la question: «Les croyants méritent d’être protégés. Les croyances, elles, n’ont droit à aucune protection».
Si nous ne pouvons plus faire cette distinction, toute critique de toute religion est alors interdite. Cela devient de facto une loi sur le blasphème.
Je ne suis pas sûr de ce qui est le plus alarmant: que le Tribunal ait eu le pouvoir d’entendre cette cause, ou qu’il ait omis de prendre acte de cette distinction.
Dans sa décision, le panel de trois membres se dit d’accord avec les experts du CIC – Dr Andrew Rippin et Dr Mustafa Mahmoud Ayoub – que l’article contenait «des inexactitudes factuelles, historiques et religieuses sur l’islam».
Ces experts devraient plutôt consacrer leurs efforts à convaincre les fanatiques et les fondamentalistes que c’est eux qui se «trompent» au sujet de l’islam.
À titre d’exemple: l’un des passages controversés dans l’article de Steyn se lit comme suit: «L’islam a cependant de sérieuses ambitions mondiales, et la plupart des musulmans font de l’islam la base de leur identité».
Comparez maintenant les paroles de Steyn à cette citation qui parle certainement des ambitions mondiales, et du fondement de l’identité: «Les musulmans doivent agir de concert et unir leurs efforts sous un leadership unique – celui de l’avant-garde du mouvement islamique, l’Iran islamique – et œuvrer à l’atteinte des objectifs communs de la Oumma ».
Ce sont les paroles de Zafar Bangash, directeur de l’Institut de la pensée islamique contemporaine et président de l’Association islamique de la région de York.
Bangash est-il dans l’«erreur» au sujet de sa religion?
Il est également intéressant de noter que Bangash a travaillé en étroite collaboration avec le CIC. Il y a quelques mois seulement, il a été conférencier invité lors d’un dîner bénéfice du CIC.
Il est curieux que les écrits de Steyn soient si répugnants pour le CIC alors qu’un personnage comme Bangash est considéré par le CIC comme un pilier de la communauté.
Pour élaborer davantage sur cette question, notons que lors de son contre-interrogatoire à l’audience du Tribunal, Rippin a admis qu’une version fondamentaliste de l’islam a été revitalisée au 20e siècle par le religieux saoudien Ibn Baz. Baz serait-il dans l’«erreur» au sujet de l’islam?
Le point ici est que la «vérité» sur une religion ne peut pas être cernée à partir du témoignage de deux experts, et encore moins par trois membres d’un Tribunal des droits de la personne. Mais en « acquittant » Maclean’s, le Tribunal semble consacrer certaines «vérités» au sujet de l’islam.
Est-ce que d’autres religions doivent désormais être autorisées à présenter les témoins qui sont favorables à leurs propres vues, de manière à ce que leurs propres «vérités» soient consacrées? Est-ce que les opinions religieuses et les personnalités religieuses doivent désormais être traitées uniquement avec la plus grande déférence?
Exiger le respect des opinions religieuses est une étape vers l’imposition d’opinions sur la religion. Le respect doit se gagner à travers un processus de libre expression et de libre examen.
Le système a peut-être absous Maclean’s, mais le jury doit encore se prononcer sur la question de savoir si le système est prêt à défendre les valeurs laïques.