Dans une entrevue exclusive à la BBC, le Président du Soudan Omar el-Beshir a nié que ses forces armées ont ciblé des civils au Darfour.
« Je mets au défi quiconque de m’apporter des preuves que les forces armées soudanaises ont attaqué et tué des citoyens au Darfour », a-t-il dit à HARDtalk (BBC).
Dans sa première interview télévisée depuis son inculpation pour crimes de guerre, il a écarté la notion de crimes, disant que c’était de la propagande.
M. Beshir a été inculpé par la cour pénale le 4 mars.
Il a exprimé du mépris pour la mise en accusation par la Cour pénale internationale (CPI), la première à être délivrée par le tribunal de La Haye contre un président en exercice.
«La lutte contre les rebelles»
Dans la capitale soudanaise, Khartoum, M. Beshir a dit à HARDtalkt: « Ce qui a été rapporté comme des faits survenus au Darfour ne s’est pas produit du tout.
«Nous n’avons jamais combattu nos citoyens, nous n’avons pas tué nos citoyens».
« Ce qui s’est passé au Darfour était une insurrection. L’État a la responsabilité de combattre les rebelles. »
Il a ajouté: « Nous n’avons pas combattu nos citoyens, nous n’avons pas tué nos citoyens. »
La CPI a accusé le Président Beshir de deux chefs de crimes de guerre ; avoir intentionnellement dirigé des attaques contre des civils, et pillages. Il est aussi accusé de cinq chefs de crimes contre l’humanité, y compris le meurtre, le viol et la torture.
HARDtalk a interrogé M. Bechir sur les allégations que les forces armées soudanaises ont utilisé une force excessive.
La force conjointe de maintien de la paix ONU-Union africaine (MINUAD) a soulevé des préoccupations quant à l’attaque d’un camp de réfugiés à Kalma au Sud Darfour en août 2008, qui a fait 38 morts.
«Boucliers humains»
Le président soudanais a déclaré que les forces gouvernementales étaient à la recherche d’armes qui avaient utilisées pour abattre un avion de la MINUAD à partir du camp, et que les rebelles ont alors ouvert le feu.
« Nos citoyens ont été utilisés comme boucliers humains par les rebelles », a-t-il dit. « Il était donc naturel que nos forces exécutent leurs obligations opérationnelles ».
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« Les tirs ont commencé à l’intérieur du camp, les soldats ont riposté, et oui, il y a eu des victimes. La question a été réglée avec les citoyens concernés. »
L’ONU estime que 300.000 personnes sont mortes durant les six années du conflit au Darfour, et des millions d’autres ont été déplacées.
Mais le président Beshir a dit que le nombre de victimes au Darfour est « le dixième de ce qui a été rapporté ».
« Toute mention de crimes commis au Darfour est une campagne de propagande hostile et organisée par les médias pour ternir la réputation du gouvernement, et fait partie de la guerre déclarée contre notre gouvernement», a-t-il ajouté.
M. Beshir a dénoncé le mandat d’arrestation de la CPI comme un complot occidental néo-colonial pour prendre le contrôle du Soudan.
Le conflit du Darfour a commencé au début de 2003 lorsque le gouvernement et les milices arabes ont lancé une campagne contre les groupes rebelles noirs africains.
Source: BBC
Voir aussi:
ONU – Le gouvernement du Soudan impliqué dans des violences sexuelles massives au Darfour
“Massacrés par les leurs”, discours de Tarek Fatah à Genève