«Momin Khawaja a été condamné à dix ans et demi de prison pour terrorisme. La peine semble courte pour ce passionné d’extermination des infidèles, mais elle répond aux normes actuelles du droit pénal. Dans cinq ans, l’homme de 29 ans qui n’a exprimé aucun repentir, pourra demander sa libération conditionnelle totale. En prison, il prêche et forme des recrues. Notre système est-il adapté à la menace terroriste moderne ? Avons-nous à cœur notre protection et celle de nos proches ? La réponse, à ce jour, devrait nous faire profondément honte».
Momim Khawaja, un consultant en logiciels pour le ministère des Affaires étrangères, a été reconnu coupable de complot en vue d’attentats en Grande-Bretagne et contre ses compatriotes déployés en Afghanistan. Pour Khawaja, les infidèles sont des «traîtres», et il travaillait en vue d’en exterminer le plus grand nombre dans une guerre «sainte». Me Harris commente la peine qui lui a été imposée.
David B. Harris est un avocat et le directeur du International and Terrorist Intelligence Program INSIGNIS Strategic Research Inc., et un ancien directeur de la planification stratégique au Service canadien du renseignement de sécurité. Il a agi comme avocat pour un organisme intervenant devant deux commissions d’enquête sur le terrorisme, soit la commission sur Air India et la commission Iacobucci. Il a assisté au procès Khawaja et à l’audience sur la détermination de sa peine.
Traduction de: No model prisoner
, par David B. Harris, Ottawa Citizen, 13 mars 2009
La peine imposée jeudi à Momin Khawaja qui a été condamné sur de multiples chefs d’accusation de terrorisme semble courte: 10 ans et demi en sus des cinq années déjà purgées, pour un amateur de massacres de masse sans repentir. Dans cinq ans, l’homme de 29 ans pourra demander à la Commission nationale des libérations conditionnelles sa libération conditionnelle totale. Il est peu probable qu’il sera libéré à ce moment-là, mais qui sait?
Cela ne veut pas dire que la peine imposée à Khawaja soit scandaleuse du point de vue des normes du droit pénal. Le résultat est crédible sur la base des rares précédents. Mais elle soulève de sérieux doutes sur l’adaptation du droit pénal actuel et des pratiques de détermination de la peine à la menace terroriste moderne.
Khawaja représente un mouvement en pleine croissance d’extrémistes islamiques canadiens dont la libération dans la société pourrait avoir des répercussions d’un type généralement inconnu dans des contextes criminels plus classiques.
La plupart des gens connaissent maintenant la passion de Khawaja pour l’électronique, les détonateurs, la religion de haut niveau et l’extermination massive des infidèles. Mais à sa manière, la « performance » remarquable de M. Khawaja tout au long de son procès – selon les mots d’un observateur – raconte peut-être une histoire plus vaste. Cela n’a rien à voir avec ce que l’accusé a dit. Après tout, il a refusé de témoigner pour sa propre défense et n’a démontré aucun remord.
Il se tenait immobile, sérieux, d’une beauté sans âme, rigide, ne révélant rien, son élégante chevelure huilée soigneusement séparée au milieu. L’image qu’il projetait est la quintessence de la discipline militaire, la dignité d’une cause juste face à un ennemi déterminé, mais avili – un tribunal dont il n’a pas fondamentalement daigné reconnaître la compétence. Un prisonnier de guerre temporairement bloqué en territoire ennemi et déterminé à revenir au combat. En somme, ce n’est pas un portrait de remords, ni une perspective de réhabilitation. Il est donc susceptible d’être une menace en raison de la haine qu’il propagera dans les prisons et, éventuellement, des dangers plus meurtriers qu’il pourrait déchaîner sur la société. Pourtant, il sera parmi nous dans une décennie tout au plus.
Une autre indication qu’une amélioration personnelle n’est pas dans ses cartes est l’inquiétude exprimée par des personnes en contact avec le personnel du Centre de détention régional à Ottawa où Khawaja a résidé au cours des cinq dernières années. Cette inquiétude découle du secret de polichinelle que Khawaja trônait au milieu du Centre, prêchant et propageant sa foi, sans doute la version qui appuie ses crimes.
Pour autant qu’on puisse en juger, Khawaja est le cadeau empoisonné maintenant offert au système carcéral, une concoction dont le degré de létalité ne peut que s’aggraver par l’adulation de détenus réceptifs. Alors, attendez-vous à davantage de poison dans l’institution carcérale, et à plus de diplômés de ses « leçons » de l’école pénitentiaire.
Pendant ce temps, si le système juridique n’est pas prêt pour ce que Khawaja représente, nous devons nous demander si le système de détention est vraiment à la hauteur. Prenez la citation par le juge Douglas Rutherford du plaidoyer en faveur de Khawaja par le directeur du Centre islamique d’Ottawa, un homme qui connaîtrait le terroriste depuis 11 ans.
Selon le rapport pré-sentenciel cité par Rutherford, il y a l’inévitable déblatérage sur la manière dont celui que le religieux a pris en charge est «devenu une nouvelle personne», disant qu’« il parle beaucoup plus et communique efficacement avec les autres» – des propos plus inquiétants qu’encourageants vu le discours conspirationniste pathologiquement haineux que tenait Khawaja lorsqu’il « parlait » dans le passé.
Mais: le directeur « a noté que M. Khawaja a une influence positive sur les autres détenus en les aidant à s’adapter à l’institution et il a été choisi par l’aumônier du Centre régional de détention d’Ottawa comme représentant pour la “prestation de services spirituels et religieux de toutes les confessions“. »
Ceux qui ne connaissent pas les subtilités du droit et des aumôneries, mais qui sont familiers avec les éléments de preuve et les personnages de type shaheed (ndlr: martyr) dans une salle d’audience, seront pardonnés de se demander si nous avons perdu la raison. Ils n’aimeront pas envisager qu’on octroie à un aspirant-meurtrier-chanteur-de-psaumes la légitimité, le statut et l’influence d’un travailleur social religieux agréé par l’administration pour recruter et s’occuper de ses ouailles hautement vulnérables. Imaginez un Charles Manson aux cheveux huilés avec des ornements sacerdotaux.
Enfin, pensez aux millions et millions de dollars que les Canadiens dépenseront pour assurer la surveillance de M. Khawaja sa vie durant une fois qu’il sera libéré de prison et de retour parmi nous. Un petit nombre de cas semblables suffira à lourdement grever notre budget et notre personnel de sécurité. On peut parler à juste titre d’un djihad économique, à coût pratiquement nul pour l’ennemi. Le personnel de notre gouvernement, déjà dépassé par la marée d’immigrants impossibles à filtrer et les jeunes qui sont radicalisés au pays, pourrait s’avérer trop occupé pour stopper d’autres Khawajas et prévenir une catastrophe.
Dans ce contexte, et vu les signes croissants d’une infiltration islamiste dans notre société et nos institutions, la question se pose avec une mortelle urgence: avons-nous vraiment à cœur notre protection et celle de nos proches? La réponse, à ce jour, devrait nous faire profondément honte.
Voir aussi:
Canada – Le terroriste Momin Khawaja est condamné à 10 ans et demi de prison
Procès Khawaja – L’ennemi intérieur, par David Harris
Canada – Khawaja déclaré coupable de complot de terrorisme
Un ministère des affaires islamiques à l’intérieur du ministère des affaires étrangères du Canada ?
Des lobbies musulmans façonnent la politique étrangère canadienne