Diane de Courcy : «La présence d’intégristes musulmans nous irrite presque tous.»

Adresse originale : http://m.journaldemontreal.com/2013/09/19/des-regles-claires-pour-un-quebec-metisse-serre

Auteure : Diane de Courcy, Ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles et ministre responsable de la Charte de la langue française

Référence : Canoe.ca, 19 septembre 2013

La lettre de la ministre a également été publiée dans le Journal de Montréal du 20 septembre 2013.

Titre original : Des règles claires pour un Québec métissé serré

Au Québec, la différence n’est pas considérée comme une richesse à préserver, mais plutôt comme le point de départ d’un métissage culturel enrichissant. Le projet de Charte des valeurs québécoises s’inscrit dans cette volonté.

Avec le temps, les Québécois ont bien compris les effets pervers du «chacun chez soi». L’adoption de la Charte de la langue française, en 1977, a fait en sorte que les nouveaux arrivants s’intègrent davantage au Québec français. L’impact de politiques d’immigration favorisant l’immigration francophone a aussi compté pour beaucoup, mais les réseaux scolaires parallèles ont perduré trop longtemps. Ce n’est qu’en 1998, alors que Mme Pauline Marois était ministre de l’Éducation, qu’ont enfin été mises en place des commissions scolaires linguistiques, permettant aux enfants de différentes religions de fréquenter les mêmes écoles.

Comme de nombreux peuples dans le monde, les Québécoises et Québécois savent, pour l’avoir vécu, que la présence de la religion au cœur de l’État peut être un élément qui nous éloigne les uns des autres. La vaste majorité d’entre nous, immigrants ou non, relègue donc sa religion à la sphère privée. Mais des irritants demeurent.

Des balises nécessaires

J’ai connu certains de ces irritants comme présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Par exemple, lorsque s’est posée la question des congés pour des motifs religieux pour le personnel, le bon sens aurait voulu que nous fassions preuve de souplesse, mais sans donner de congés supplémentaires. Cela était impossible, en raison d’un jugement de la cour ainsi que des clauses de conventions collectives découlant de la jurisprudence. C’était inacceptable, et l’adoption de la Charte des valeurs québécoises mettrait fin à cette situation.

Notre gouvernement croit aussi que la neutralité de l’État doit impliquer l’absence de signes religieux ostentatoires pour le personnel des services publics.

En accord avec les valeurs québécoises

Les personnes immigrantes sélectionnées par le Québec doivent signer un engagement à respecter les valeurs québécoises, ainsi synthétisées par le gouvernement précédent :

• Une société libre et démocratique;
• Une société riche de sa diversité;
• Une société reposant sur la primauté du droit;
• Les pouvoirs politique et religieux sont séparés;
• Les femmes et les hommes ont les mêmes droits;
• L’exercice des droits et libertés de la personne se fait dans le respect de ceux d’autrui et du bien-être général.

La vaste majorité des personnes qui ont signé cet engagement l’ont fait de bonne foi. D’ailleurs, plusieurs personnes immigrantes ont notamment choisi le Québec pour que leurs filles puissent grandir dans une société où l’égalité entre les femmes et les hommes a préséance sur les prescriptions religieuses. La présence d’intégristes musulmans nous irrite presque tous, mais il est important de nous souvenir que la majorité des personnes qui ont choisi le Québec adhère sincèrement à ces valeurs.

Une écoute sincère

Qu’il s’agisse de nos propositions de balises au sujet des accommodements religieux ou de moyens de garantir la neutralité de l’État, nous nous engageons à écouter ce que les Québécois ont à nous dire, toutes couleurs, toutes origines et toutes croyances confondues. Notre proposition de départ est ferme et notre écoute est sincère.

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