Profaner le coran, ça ne pardonne pas…
KABOUL-Nul ne sait qui a introduit le livre à la mosquée, ou du moins personne n’ose le dire. À ce jour, six hommes ont déjà été incarcérés dans les prisons d’Afghanistan à cause de la traduction d’une version en format de poche du coran. Deux autres ont supplié les juges d’épargner leur vie. Ils sont accusés d’avoir modifié le Coran et la cour pourrait arrêter leur sort dimanche.
Le procès illustre ce que les critiques appellent l’influence excessive des religieux radicaux en Afghanistan, ce qui est un problème majeur dans ce pays qui tente d’établir un état de droit dans un contexte de guerre et de violence par des extrémistes.
Le livre est apparu parmi des cadeaux offerts au religieux d’une grande mosquée de Kaboul après la prière du vendredi en septembre 2007. C’était une traduction du Coran dans une des langues de l’Afghanistan, avec une note donnant la permission de reproduire le texte dans la mesure où il était distribué gratuitement.
Certains des hommes de la mosquée ont déclaré que le livre serait utile aux Afghans qui ne connaissaient pas l’arabe, alors ils en ont pris plusieurs exemplaires pour reproduction. Le religieux de la mosquée a demandé à Ahmad Ghaws Zalmai, un ami de longue date, de reproduire le texte. Mais lorsque quelques-uns des 1000 exemplaires se sont retrouvés entre les mains de religieux musulmans conservateurs à Kaboul, une rumeur a commencé à se répandre, se transformant en tollé.
De nombreux religieux ont rejeté le livre car il ne comprenait pas la version originale en arabe à côté de la traduction. C’est un détail particulièrement sensible pour les musulmans, qui considèrent le Coran arabe comme dicté directement par Allah. Une traduction n’est pas considérée comme le Coran lui-même, et une erreur de traduction pourrait déformer la parole d’Allah.
Les religieux ont déclaré que Zalmai, 54 ans, un porte-parole du procureur général, tentait de se proclamer prophète. Ils ont dit que son livre tentait de remplacer le Coran par une simple traduction. Des éditions traduites du Coran abondent dans les marchés de Kaboul, mais une version en arabe y est insérée.
Voir aussi:
Afghanistan – Peine de mort réclamée pour un journaliste ayant distribué une traduction du coran
Afghanistan – Un professeur est tué après un discours condamnant les attentats-suicide
Afghanistan – Le journaliste condamné à mort pour blasphème crie son innocence