Note de la rédaction:
Vous pourrez lire la lettre de protestation de Daniel Weinstock à la suite de cette chronique avec des extraits audio et vidéo des conférences qu’il a donné dont un extrait déclarant clairement sont support à l’instauration de la charia tel que recommandé par le rapport ontarien de Marion Boyd.
Le manifeste de la Vérité
Chronique par Richard Martineau
Publié dans le Journal de Montréal et le Journal de Québec
Le 13 février 2010
Avez-vous lu la lettre que le philosophe Daniel Weinstock, l’instigateur du Manifeste pour un Québec pluraliste, m’a adressée, hier? Si vous n’avez pas eu cette chance, essayez de mettre la main sur une copie du Journal, ça en vaut la peine.
Comme mauvaise foi, on ne fait guère mieux.
TOUS DANS LE CHAMP
Jeudi, je soulignais le fait que monsieur Weinstock, ex-conseiller de la Commission Bouchard-Taylor, avait déjà vanté les mérites d’un rapport qui ouvrait la porte à l’application de la charia au Canada.
Pas fort, disais-je.
D’un côté, le bonhomme défend le pluralisme, de l’autre, il appuie un rapport qui, s’il avait été appliqué, aurait refermé une communauté sur elle-même. Or, devinez quoi? C’est moi qui suis dans le champ.
C’est ce qu’a écrit monsieur Weinstock dans sa lettre: le rapport Boyd était un excellent rapport et je n’ai rien compris.
Le Congrès musulman canadien, le Conseil canadien des femmes musulmanes, La Gazette des femmes, le premier ministre de l’Ontario, la Progressive Muslim Union of North America, l’organisme Femmes sous lois musulmanes, l’association féministe Regards de femmes, les milliers de gens qui ont participé à la campagne internationale contre le rapport Boyd, toutes ces personnes étaient dans le champ.
Il y a juste Daniel Weinstock qui marchait du bon pas.
Ben coudonc
MA GANG DE MALADES
Remarquez, cette arrogance ne me surprend pas. C’est le ton qu’adoptent plusieurs universitaires: «Nous savons, vous ne savez pas, taisez-vous et écoutez.»
Prenez le Manifeste pour un Québec pluraliste. Le document a beau prôner la tolérance et l’ouverture, le ton est fermé et intolérant. Pour Weinstock et ses amis, il n’y a qu’une seule pensée valable: la leur. On pense comme eux, ou l’on ne pense pas du tout.
Vous êtes mal à l’aise avec la présence de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique? Vous êtes raciste et xénophobe. Toute critique des accommodements est perçue comme un repli identitaire frileux, passéiste et réactionnaire qui mérite d’être soigné.
Et après ça, ça se dit ouvert au dialogue… Comment voulez-vous discuter avec des intellectuels qui sont convaincus que les gens qui pensent différemment d’eux sont malades?
L’INTER-QUOI?
Pour les auteurs du Manifeste pour un Québec pluraliste, LA solution au malaise qui règne actuellement au Québec est l’interculturalisme.
Qu’est-ce que l’interculturalisme, me demandez-vous? Franchement, aucune idée.
Ça fait trois ans que j’entends des intellectuels parler de ce concept, et je ne l’ai jamais compris.
L’autre jour, j’ai demandé à une ténor du PQ si elle savait ce qu’était l’interculturalisme. «Pas la moindre idée, m’a-t-elle répondu. Selon moi, c’est du multiculturalisme déguisé. Les gens savent que le mot multiculturalisme passe mal au Québec, alors ils appellent ça de l’interculturalisme. Mais c’est la même chose.»
Je croyais que c’était une boutade lancée par une souverainiste paranoïaque. Or, savez-vous quoi? C’est vrai.
Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Daniel Weinstock lui-même.
LE CHAT SORT DU SAC
Voici ce que Weinstock a lancé lors d’une conférence qu’il a prononcée à Paris en 2007 :
Extrait audio de la conférence en question: «Au Québec, nous ne faisons pas dans le multiculturalisme, mais dans l’interculturalisme. Il s’agit de deux mots différents, mais les pratiques ne le sont pas tellement…»
On ne peut être plus clair.
Merci, monsieur le philosophe, d’avoir éclairé notre lanterne…
Pour mieux comprendre cette chronique de Richard Martineau veuillez lire:
Weinstock et son Bouchard-Taylor « nouveau »? Par Richard Martineau
Daniel Weinstock favorable à la charia. Mohamed P. Hilout le remet à sa place
La réplique à Richard Martineau
Par Daniel Weinstock
Le 11 févrirer 1010
Le Journal de Montréal
Dans la chronique qu’il consacre au Manifeste pour un Québec Pluraliste, Richard Martineau nous livre un très bel exemple de sa “méthode”. Il ne cite en effet pour en discuter aucune des idées que l’on y trouve. Il se livre plutôt à une attaque personnelle contre moi, justifiée de manière assez légère par l’affirmation que pour comprendre le Manifeste, il ne faut pas le lire, mais plutôt comprendre d’où «viennent» ses auteurs.
Il déterre donc une conférence que j’ai prononcée à Paris en 2007, où je disais du bien du rapport Boyd. Ce rapport a été commandé par le Gouvernment de l’Ontario pour faire face à l’épineux problème des mécanismes de médiation et d’arbitrage religieux qui ont surgi suite à une loi votée par ce même Gouvernement en 1991 afin de désengorger ses tribunaux, et qui encourageaient les citoyens à trouver des mécanismes alternatifs de résolution de conflits. Elle ne proposait pas de créer un nouveau droit à l’arbitrage religieux, comme le laisse entendre M. Martineau, mais bien plutôt comment gérer les mécanismes d’arbitrage auxquels la loi ontarienne avait elle-même donné lieu. La différence est fondamentale.
Aucune idée de ce rapport n’est évoquée. On ne fait que citer ce que d’autres en ont dit. Si ceux que l’on aime en disent du mal, c’est que le rapport doit être mauvais de part en part. Nul besoin de le lire, ni de partager avec ses lecteurs des idées qui s’y trouveraient réellement! Le lecteur émerge donc de la chronique de M. Martineau ne sachant ni dans quel contexte ce rapport a vu le jour, ni quels sont les principaux arguments et les principales conclusions qui s’en dégagent.
Pour le coup, il ne saurait pas non plus quelle est ma propre position sur ce rapport. Car si on dit du bien de quelque chose, c’est qu’on est forcément d’accord sur toute la ligne. La nuance ne semble pas faire partie de l’univers intellectuel de M. Martineau.
Je mets en fait quiconque au défi d’essayer de tirer de la chronique de M. Martineau une seule idée qui se trouve dans le Manifeste ou dans le rapport Boyd. Ce serait un effort vain. À la place d’idées, on y trouve, des procès d’intention, des railleries faciles, des imputations de crime par association, bref, tout ce à quoi Richard Martineau nous a habitué dans sa chronique depuis des années.
Je suis disposé à discuter d’idées avec n’importe qui, n’importe où et n’importe quand. Encore faut-il avoir devant soi un interlocuteur qui sait faire la différence entre une idée et une attaque personnelle.
Une idée principale du Manifeste est que nous avons tous intérêt au Québec (quelles que soient nos convictions sur ces questions) à ce que le débat sur l’identité se fasse moins dans l’invective et l’attaque personnelle, et à ce que ses protagonistes fassent preuve les uns par rapport aux autres du respect mutuel minimal qui consiste à en rester au niveau des idées.
Je remercie M. Martineau de nous avoir livré une si belle preuve que nous n’avions pas tort de penser que ce rappel était nécessaire!
– Daniel Weinstock,
publié dans le Journal de Montréal sous le titre: La réplique à Richard Martineau le 11 février 2010
Extraits audio/vidéo des conférences données par Daniel Weinstock:
À propos du rapport Boyd recommandant que l’Ontario adopte les tribunaux islamique fondés sur la charia:
« THIS SEEMS TO BE TO ME, THE PLAUSIBLE WAY TO GO and it’s a way that is pointed out in the Boyd commission report WHICH BEING POLITICS BEING POLITICS was published debated for a few weeks and “literally” thrown into the shredder by the Premier of Ontario Dalton Mcguity at the time WHICH SEEMS TO “ME” A GREAT SHAME ! »
Extrait audio de la conférence (4min54sec)
« Girls subjected to rather « amateurish » forms of female cirumcision…. »
( Extrait audio 1min 51sec)
Islamic Norms in Secular Public Spheres Conference: political problems, legal issues, and social practices
UC Berkeley, May 7th-8th 2009 Panel 3 How Western courts concretely dealt with cases involving Islam Chair:
– Henry Brady, UC Berkeley
– Daniel Weinstock, University of Montreal
– Asifa Quraishi Wisconsin University Law School
– Denise Helly, INRS
– Moussa Abou Ramadan, Birzeit University
Co-sponsors: The Robert Schuman Centre, The Carnegie Corporation, The Graduate Theological Union, The Institute of Slavic, Eastern European and Eurasian Studies, Chaire de recherche du Canada en etude du pluralisme religieux et de l’ethnicite (CRSH/Universite de Montreal)
Daniel Weinstock est le premier panéliste: