Djemila Benhabib était de passage à l’émission Tout le monde en parle dimanche le 16 octobre 2011. Point de Bascule a reproduit les principaux extraits de son interview.
Djemila Benhabib était de passage à l’émission Tout le monde en parle dimanche le 16 octobre 2011. Point de Bascule a reproduit les principaux extraits de son interview.
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LES SOLDATS D’ALLAH
00:34
Les soldats d’Allah, ce sont des personnes qui veulent changer la configuration de nos structures sociales et politiques en Occident même. Ce sont des gens qui comprennent parfaitement la rhétorique des droits de la personne. Ce sont des gens qui, pour la plupart, sont nées en Occident et qui se sont mises au service de l’islam politique.
L’ISLAM POLITIQUE
01:23
(Ce que) je combats, c’est l’islam politique qui veut imposer une idéologie de la mort, une idéologie qui est basée sur la violence, qui est basée sur la discrimination et qui est basée sur la barbarie finalement.
ON EST EN TRAIN DE PERDRE LA BATAILLE CONTRE L’ISLAM POLITIQUE
00:57
C’est cette bataille-là qu’on est en train de perdre parce qu’on refuse d’accepter qu’il y en a une. Donc, on ne peut pas gagner lorsqu’on est dans le déni de la réalité.
LES FRÈRES MUSULMANS
01:36
Une confrérie qui est née en Égypte en 1928 et qui avait pour mandat de propager l’idéologie de l’islam politique en Orient principalement (Égypte, Syrie, Maghreb). En 1960, celui qui a hérité de la confrérie (Saïd Ramadan) s’est installé en Occident, en Suisse, et pour lui, le mandat c’était de propager cette idéologie-là en Europe principalement et, petit à petit, c’est ce qu’il a fait. Il a réussi à créer des centres communautaires islamistes jusqu’en Amérique du Nord.
TARIQ RAMADAN
02:52
Tariq Ramadan nous dit que c’est un moderniste mais, en parallèle il est, par exemple, pour un moratoire sur la lapidation.
LA GAUCHE COLLABORE À L’ESSOR DE L’ISLAM POLITIQUE
03:17
La gauche québécoise participe malheureusement à banaliser et à dépolitiser certains problèmes comme par exemple le problème sur le voile islamique. Le voile islamique, c’est un symbole politique. Or, la gauche, essentiellement la Fédération des Femmes du Québec (FFQ) et Québec Solidaire nous disent que c’est un vêtement comme tous les autres vêtements. (…) Dans le Moyen-Orient, ce vêtement-là il est imposé aux femmes. Donc, on ne peut pas le considérer comme un simple vêtement. Il est le symbole d’une idéologie. C’est pour ça que Khomeini l’a imposé aux femmes de son pays. Je pense que c’est un élément dont il faut tenir compte dans toutes analyses.
LES MENACES QUI PÈSENT SUR DJEMILA BENHABIB
06:46
Ne nous racontons pas d’histoire. S’il y a aussi peu de personnes qui viennent de cette culture qui prennent la parole pour mettre le doigt sur certaines anomalies, c’est pour des raisons bien précises. Il est évident que depuis 1989, c’est-à-dire que depuis la condamnation à mort de Salman Rushdie, tous les écrivains savent les risques qu’ils encourent. Je sais ce que je risque mais ce n’est pas pour autant que je me tairai. (…) Je ne veux surtout pas que les erreurs du passé qui se sont faites ailleurs, en Algérie bien sûr mais aussi en Europe, ne se produisent au Québec.
07:40
N’ATTENDONS PAS D’ÊTRE AU FOND DU GOUFFRE POUR DIRE : HA! BIEN OUI, C’EST VRAI IL Y A UN GOUFFRE.
LE CRIME D’HONNEUR
08:04
C’est un crime qui est commis par un membre de la famille en concertation avec d’autres membres, qui est prémédité, sur un autre membre dont on juge le comportement déviant. (…) Le crime d’honneur ne vise pas exclusivement la femme. On peut tuer aussi bien la femme que son compagnon. On peut tuer également des personnes parce qu’elles sont homosexuelles. (…) La différence entre un crime passionnel tel qu’il est commis en Occident et un crime d’honneur tel qu’il est commis dans les pays arabes et musulmans, c’est que la communauté endosse le crime d’honneur. La communauté se tait. La communauté ne parle pas. Le bourreau n’est jamais inquiété pour ce qu’il fait.
LES CRIMES D’HONNEUR AU CANADA
09:20
Il y a des crimes d’honneur au Canada et c’est ça qui doit nous inquiéter. Il y a des jeunes filles, il y a des femmes dans notre société qui vivent comme si elles vivaient dans une société tribale, recluse, du Pakistan et de l’Afghanistan et malheureusement, je n’ai pas vu notre État prendre au sérieux ces crimes d’honneur. Il y a le cas de la famille Shafia, il y a également eu le cas de la petite Guinéenne qui a été également battue par son père et qui est morte. Il y a également le cas d’Aqsa Parvez. N’attendons pas qu’il y en ait plus. Réagissons parce que l’assassinat, c’est l’acte ultime mais avant ça, il y a tout le calvaire que vivent les filles et vivent les femmes. C’est-à-dire un contrôle, un contrôle perpétuel des allers et venues, de leurs vêtements, de leur sexualité, de leurs téléphones, de leurs amours. Donc, c’est vraiment un calvaire que vivent les filles. Nous avons la responsabilité de les protéger. Alors, protégeons-les.
DJEMILA BENHABIB REND HOMMAGE À SON PÈRE ALGÉRIEN
10:32
Ma mère est grecque et mon père arabe féministe, parce que ça existe. Aujourd’hui, je tiens à rendre hommage à mon père parce que, je le dis souvent, je n’ai pas été élevé par un papa suédois, mais par un papa algérien qui lui, a été élevé par des parents traditionnalistes, mais qui m’a tout donné et qui m’a appris à me tenir debout, qui a mis dans ma bouche le mot de liberté. (…) Pour moi, la liberté, c’est quelque chose d’absolument sacré, c’est une valeur à défendre.
Références supplémentaires :
Point de Bascule : « Ça devrait être nous, avec notre compréhension de l’islam, avec nos principes qui colonisons les États-Unis d’Amérique. » – Tariq Ramadan, Dallas, 27 juillet 2011
Point de Bascule : Procès des Shafia : Rappel sur les crimes d’honneur 12 octobre 2011
Point de Bascule : Jihad juridique : une réponse à Patrick Lagacé 26 Septembre 2011
Point de Bascule : Djemila Benhabib chez Dumont : Les soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident 20 Septembre 2011
