Steyn se penche sur la multiplication des incidents antisémites depuis le début des opérations militaires dans la bande de Gaza, et conclut que les vieux réflexes judéophobes sont toujours vivaces, en particulier en Europe où la classe politique et les médias contribuent à les entretenir.
Au Québec et ailleurs au Canada, nous avons assisté à des manifestations d’une hargne et d’une agressivité jusqu’ici inconnues. Une judéophobie ouvertement exprimée, principalement d’origine musulmane, de concert avec une certaine gauche politique, syndicale et associative. Nos politiciens et leaders doivent dénoncer haut et fort ces dérives, en particulier la glorification d’organisations fascistes, liberticides et mortifères comme le Hamas et le Hezbollah, et la propagande niant la légitimité de l’État d’Israël. Autrement, nous laisserons à nos enfants un véritable enfer importé du Moyen-Orient, y compris l’aberrante culture de la mort qui détruit ces sociétés.
Nous en appelons aussi au professionnalisme des médias, qui devraient chercher à demeurer objectifs dans la couverture des événements à Gaza.
Texte repris de UPJF. Article original: A spreading sickness, par Mark Steyn, Washington Times, le 12 janvier 2009.
De Gaza à la Floride, la plus vieille haine du monde est toujours vivante (traduction française: Jean Szlamowicz)
A Toronto, des manifestants anti-Israël hurlent :
« vous êtes les frères des porcs ! »,
et l’un des contestataires se plaint au journaliste qui l’interviewe que
« Hitler a mal fait son travail ».
A Fort Lauderdale, des partisans de la cause palestinienne ricanent en disant aux Juifs :
« Ce qu’il vous faudrait, c’est un bon gros four ».
A Amsterdam, la foule entonne :
« Hamas, Hamas ! Les Juifs, à la chambre à gaz ! ».
A Paris, la télévision d’état, sur sa chaîne France 2 diffuse une vidéo montrant des dizaines de Palestiniens tués par un raid aérien mené par Israël le jour de l’an. La chaîne a dû admettre que ces images ne dataient en fait pas du 1er janvier 2009, mais de 2005, et si les corps sont bien ceux de civils palestiniens, ils avaient été tués par l’explosion prématurée d’un camion d’explosifs du Hamas partant du camp de réfugiés de Jabaliya – un de ces accidents du travail si tristement fréquents à Gaza. Reconnaissant que les Palestiniens soi-disant tués par Israël avaient été, hélas, tués par le Hamas, France 2 a déclaré que ces images avaient été diffusées « accidentellement ».
– A Toulouse, une synagogue est incendiée.
– A Bordeaux, deux boucheries cachères sont attaquées.
– A la station de RER Auber, un Juif est sauvagement agressé par 20 jeunes aux cris de « La Palestine tuera les Juifs ».
– A Villiers-le-Bel, une écolière juive a été tabassée par une bande hurlant : « Les Juifs doivent mourir ! ».
– A Helsingborg, en Suède, la congrégation assemblée dans une synagogue a dû se mettre à l’abri quand on a brisé une vitre pour lancer à l’intérieur des chiffons enflammés.
– A Odense, le directeur d’une école, Olav Nielsen, a annoncé qu’il n’admettrait plus d’enfants juifs après qu’un Danois d’origine libanaise a abattu deux hommes travaillant dans un centre commercial au magasin Produits de la Mer Morte.
– A Bruxelles, un cocktail a été lancé dans une synagogue.
– A Anvers, on a introduit des chiffons enflammés par la boîte aux lettres d’une famille juive.
– En Grande-Bretagne, des « jeunes » ont tenté de mettre le feu à la synagogue de Brondesbury Park.
– A Londres, la police conseille aux Juifs britanniques de revoir à la hausse leurs mesures de sécurité du fait de possibles actes de rétorsion.
Selon le Sun, « on craint » que des « extrémistes islamiques » ne soient en train de préparer une liste de « contrats à exécuter » portant sur des Juifs célèbres, dont le ministre des affaires étrangères, le producteur de la chanteuse Amy Winehouse et l’avocat du divorce de la défunte princesse de Galles.
Le Guardian rapporte que des islamistes non extrémistes (sic) comme ceux du British Muslim Forum, de l’Islamic Foundation et autres organisations impeccablement respectables et modérées, ont prévenu le gouvernement que « l’usage disproportionné de la force » par les Israéliens risquaient d’enflammer les musulmans britanniques, de « raviver les forces extrémistes » et de provoquer « des attentats terroristes en Grande-Bretagne », non pas envers le producteur d’Amy Winehouse et autres sinistres membres de la conspiration juive internationale, mais contre des cibles, disons, euh, « d’intérêt général ».
Oublions un instant Gaza. Oublions l’idée que la population palestinienne soit la plus totalement naufragée au monde. Depuis soixante ans, cette population s’est vue confiée aux mains des Nations Unies, de la Ligue Arabe, de l’OLP, du Hamas et de la fameuse « communauté internationale » — le résultat a-t-il quoi que ce soit d’étonnant ?
Il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas pleurer à la vue des cadavres d’enfants palestiniens, mais il faudrait songer à préserver une once d’indignation à l’endroit des responsables du Hamas ayant choisi d’utiliser des écoles primaires comme rampes de lancement pour les roquettes dirigées vers Israël, et de l’agence de l’ONU pour les réfugiés, qui regarde ailleurs pendant que ça se passe. Et même si on ne croit pas nécessaire de condamner le Fatah et le Hamas pour avoir fait mariner leurs plus jeunes enfants dans le jus nauséabond du culte de la mort – selon lequel le martyre obtenu par l’assassinat de Juifs est le plus grand des destins auxquels un citoyen puisse aspirer -, n’importe quel visiteur de bonne foi ayant constaté l’état de la Cisjordanie depuis une quinzaine d’années que « l’Autorité Palestinienne » y exerce sa souveraineté dans des conditions équivalentes à celles de L’État libre d’Irlande en 1922, sera forcé de reconnaître que le « mouvement nationaliste » palestinien connaît une grave pénurie de nationalistes qui s’intéressent à la nation, ou qui soient d’ailleurs capables de s’en occuper. Les responsabilités sont certes partagées, et Israël n’a guère d’options valables sur le long terme. Mais s’il s’agissait d’une querelle conventionnelle de nature ethnico-nationale, cela fait longtemps qu’elle aurait pris fin.
Donc, comme je vous l’ai demandé, oublions un instant Gaza et réfléchissons un peu aux réactions que cela suscite en Scandinavie, en France, en Grande-Bretagne, au Canada et même, mon Dieu, en Floride. Face à ces métastases – qui témoignent de la délégitimation de l’Etat d’Israël, on nous assure que la critique d’Israël n’a rien à voir avec l’antisémitisme. On surenchérit en nous assurant que l’anti-sionisme n’a rien à voir avec l’antisémitisme, ce qui est déjà un petit peu plus tiré par les cheveux.
Israël est le seul Etat qui attire un mouvement aussi intellectuellement respectable à remettre en question son existence même. A des fins de comparaison, prenons un Etat qui est né à peu près en même temps que «l’entité sioniste» et qui a entraîné des déplacements de population autrement plus sanglants. La création du Pakistan est, selon moi, le plus grand échec de la politique impériale britannique de l’après-guerre. Mais le fait est que le Pakistan existe, et si je voulais lancer un mouvement anti-Pakistanais, il n’irait pas très loin.
Mais, même sans cela, quel lien entre une écolière de Villiers-le-Bel et la politique du gouvernement israélien ?
Il y a quelques semaines, des terroristes ont attaqué Bombay, pris des otages, les ont torturés, puis assassinés avant de mutiler leurs cadavres. Les conversations téléphoniques entre les terroristes et leur autorité de contrôle, qui furent interceptées par la police sont d’une lecture passionnante :
– Appel du Pakistan 1 : Tuez les otages à part les deux musulmans. Laissez votre téléphone allumé pour qu’on puisse entendre les coups de feu.
– Terroriste de Bombay 2 : Nous avons trois étrangers, dont des femmes. Ils viennent de Singapour et de Chine.
– Appel du Pakistan 1 : Tuez-les.
On entend les voix des assassins diriger les otages, leur dire de se mettre en ligne et aux deux musulmans de se pousser. On entend les coups de feu et des voix exulter.
« Tuez tous les otages à part les deux musulmans. » Pas de chance pour les femmes de Singapour. Et ce n’est pas pour autant que l’on a attaqué des mosquées à Singapour. L’importante population hindoue de Londres, Toronto et Fort Lauderdale, n’a pas crié des slogans comme « les musulmans doivent mourir ! », ni incendié des boucheries halal, ou attaqué des écolières en hijab. Les sempiternels radotages de CAIR et d’autres groupes de pression musulmans stigmatisant une prétendue islamophobie sont inversement proportionnels à la réalité. Pendant ce temps-là, à Londres, des musulmans « modérés » préviennent le gouvernement : « moi, je suis du genre calme, mais j’ai plein d’amis un peu excités. Vous qui avez une gentille petite démocratie occidentale bien civilisée modèle G7, ça serait dommage qu’il lui arrive quelque chose, non ? ».
Mais pourquoi s’inquiéter des musulmans européens ? La classe politique et médiatique européenne partage, pour la plus grande part, la même vision des choses – au point où la télévision d’Etat peut diffuser de faux crimes de guerre israéliens…
Comme je le dis souvent, la plus vieille haine du monde ne serait pas ce qu’elle est si elle n’avait pas su s’adapter. Avant, dans la vieille Europe, on haïssait les Juifs parce qu’on les voyait comme un peuple cosmopolite et apatride sans loyauté nationale. Ils sont alors devenus un Etat-nation comme les autres, et maintenant, c’est pour cette raison-là qu’on les hait. Si le Hamas parvient à ses fins et détruit l’Etat juif, les quelques survivants se feront haïr pour de nouvelles raisons encore inédites. C’est ainsi.
Mais la judéophobie n’est pas sans conséquence pour le judéophobe lui-même. Il y a quelques années, le poète Nizar Qabbani écrivit une ode à l’Intifada :
Ô folle population de Gaza
Que les fous soient mille fois salués
L’âge de raison politique
Est depuis longtemps évanoui
Alors enseigne-nous la folie.
On comprend à peu près comment la vie à Gaza peut vous enseigner la folie. L’adoption enthousiaste des mêmes comportements pathologiques par l’Europe la plus conventionnelle relève d’une folie plus marquée encore. Et nul doute qu’elle finira par avoir les mêmes résultats autodestructeurs.
Voir aussi:
Sid Ryan et le SCFP-Ontario : les nouvelles chemises noires, par Michael Coren